Ayons le courage de revoir le système qui régit notre sport. Dans un précédent article sur le sujet, nous avons axé sur l'intérêt que la tutelle devrait accorder à la jeunesse qui souffre cruellement du manque de sollicitude, en centres urbains comme dans la campagne. Jeunesse et sports sont intimement liés de par l'activité elle-même qui est essentiellement jeune. Ainsi, il y a lieu de réhabiliter le sport scolaire complètement tombé en désuétude depuis des décennies du fait du manque d'infrastructure dans les écoles et les lycées notamment. Certes, le sport figure en tant que matière scolaire, mais fortement négligée par les élèves d'une part et en raison d'un cadre qui n'encourage nullement la pratique d'une telle activité qui exige aires et salles de jeu et des vestiaires pour se changer et se doucher. Dans sa conférence de presse, le ministre de la Jeunesse et des Sports a parlé de l'infrastructure à laquelle son département va accorder un surcroît d'intérêt pour en doter les régions du pays qui en manquent. On ne peut que saluer un tel souci, mais encore faut-il que cela soit élargi au milieu scolaire pour permettre aux élèves de meubler leur temps libre, les vendredi, samedi après-midi surtout. A ce niveau, une coordination entre le civil et le scolaire est plus que nécessaire, d'autant que ce dernier pourrait servir de vivier pour le premier. Et ce n'est nullement une trouvaille dans la mesure où, durant des décennies, le scolaire avait enfanté de grands talents qui avaient fait le bonheur des clubs, comme il avait constitué une pépinière pour les sports individuels (athlétisme et gymnastique notamment). D'une pierre deux coups ! On aura ainsi gagné sur deux tableaux : donner à nos jeunes scolarisés les moyens de meubler positivement leur temps libre et s'épanouir physiquement et aussi leur ouvrir des horizons vers le civil pour embrasser des carrières professionnelles au sein des clubs qui en seront à leur tour gagnants. Pour cela, le champ d'action du ministère de la Jeunesse et des Sports devra inéluctablement s'ouvrir sur cette tranche d'âge de la population et ne pas demeurer enchaîné sur une vision restrictive de l'activité sportive où tout l'intérêt est porté aux associations et clubs. Ces derniers, il faut le dire, ont failli à leur mission d'encadrement et n'ont de soucis que les résultats. Des résultats où la performance n'est que rarement au rendez-vous à l'échelle continentale et internationale, cela va sans dire. Nos clubs — pas tous bien sûr — dépensent des dizaines de milliards, voire des centaines avec les salaires faramineux qu'ils accordent à leurs joueurs et qui dépassent tout entendement pour un pays comme le nôtre aux moyens limités. Et ils n'ont de cesse de réclamer davantage de subventions de la part des autorités locales, régionales et centrales ! L'argent qu'ils dépensent, qu'on se le dise clairement, est celui de la communauté nationale avec les dégrèvements sur l'impôt que doivent payer au fisc ceux qui se présentent en mécènes. Mais le dépensent-ils avec la rigueur requise ? Assurément que non, dans la mesure où la rivalité qui anime les dirigeants sportifs entre eux et les ambitions — parfois politiques— de certains, font qu'ils ne lésinent pas sur les moyens pour laisser, à leur départ, des dettes difficiles à éponger, hypothéquant ainsi l'avenir de leurs clubs. Cette situation ne peut plus continuer et c'est au département de tutelle d'imaginer des scénarios qui mettront fin à ce gâchis. La gestion sportive, telle que pratiquée par les dirigeants des clubs, ne mène qu'au désastre financier sans que cela ne donne la moindre satisfaction, ni du côté des équipes ni non plus au niveau des sélections, incapables de se hisser à un palier qui leur permet de rivaliser avec leurs homologues du continent dans les joutes africaines, sans parler de leurs participations (rares) aux grands rendez-vous internationaux. Dépenser tant d'argent pour récolter des miettes, cela relève de l'inconséquence, de l'irresponsabilité, pour ne pas dire de la mauvaise gestion. Le département des sports devra mettre ceci sur la table, ainsi que la manière dont sont dirigées nos instances sportives (fédérations et ligues). Là aussi, il y a beaucoup à faire pour arrêter cette glissade vers une sorte de corporatisme qu'on observe au sein de ces instances qui agissent en vase clos et où on ne voit que les mêmes têtes en dépit de leurs échecs et de certaines pratiques douteuses qu'on fait tout pour étouffer. Un sport dirigé de la sorte n'évoluera jamais. Et tant que des mesures d'assainissement ne sont pas prises, on ne devra pas parler d'un nouvel élan sportif car le ver est dans le fruit. Commençons par assainir, d'abord, pour ensuite jeter les bases pour un sport vrai. Moraliser ce secteur, c'est lui donner les moyens de s'émanciper de cette chape de plomb qui l'accable depuis longtemps.