« De quelles malversations parle-t-on ? », s'interroge Hichem Snoussi Les démissions de Rachida Enneïfer et de Riadh Ferjani, survenues le 27 avril 2015, de la Haica (Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle) ont été finalement acceptées par l'instance et une correspondance a été envoyée au gouvernement pour information et afin qu'il prenne toutes les dispositions afin de combler les quatre postes vacants si l'on ajoute les deux démissions antérieures de Mohsen Riahi et Raja Chaouachi. Or, justement, qu'en sera-t-il de l'avenir de la Haica d'autant que suite aux deux dernières démissions, le Syndicat tunisien des dirigeants des médias (Stdm) s'est empressé d'exiger l'ouverture d'une enquête «sur les malversations déduites du communiqué de démission rendu public par Rachida Enneïfer et Riadh Ferjani». Lesquels ont essentiellement reproché à la Haica «les dérives répétées dans l'octroi des licences qui soumettent les médias aux pouvoirs financier, politique et sportif». «Mieux», le Stdm a annoncé, dans un communiqué rendu public le 28 avril, «sa décision de ne plus collaborer avec la Haica car elle n'est plus en mesure de prendre des décisions faute de quorum et que toute décision émanant de l'instance sera rejetée, appelant, par ailleurs, l'ARP à la création d'une commission spéciale chargée d'enquêter sur les activités de la Haica en prenant compte les accusations des membres démissionnaires». A toutes ces accusations, Hichem Snoussi répond en les balayant d'un revers de main : «Tout ça n'est que manipulation de la part du Stdm. De quelles malversations parle-t-on ? Comment imaginer qu'avec toutes les conditions des cahiers des charges, il puisse y avoir des pressions ou des malversations. Quand les cahiers des charges interdisent la collusion entre les pouvoirs politique, financier et les médias ainsi que la publicité politique, cela sans compter la transparence des mesures organisant et régulant le secteur loin, justement, de l'hégémonie des pouvoirs financier, politique et sportif, peut-on parler encore de pressions en tous genres ? Tout ce que nous avons entrepris et réalisé, depuis la mise en place de la Haica en mai 2013, démontre que nous sommes honnêtes, objectifs et que nous ne craignons personne. Nous n'avons rien à nous reprocher. Tout c'est fait par consensus ou par vote». L'important c'est de réguler le secteur «Franchement, je vais vous dire, ajoute Hichem Snoussi, l'important c'est que la Haica continue à réguler le secteur des médias audiovisuels, c'est ce qui m'importe et ce choix doit être préservé afin de ne pas revenir en arrière en laissant la voie libre au désordre et au chaos». Voyez vous-mêmes, suite à ces deux démissions, certains directeurs de chaîne refusent la régulation, d'ailleurs ils n'ont jamais voulu collaborer avec la Haica. De quelle collaboration parlent-ils ? Il ne viennent pas aux réunions auxquelles ils sont conviés et refusent toute consultation. Maintenant une question se pose : existe-t-il une réelle volonté politique d'empêcher le chaos dans le secteur audiovisuel? Car déjà des chaînes qui étaient interdites de diffusion en attendant les décisions de la Haica ont subitement repris la diffusion de leurs programmes. Hichem Snoussi cite les radios «MFM» et «Nour», et les chaînes de télé «Al Inssen» et «Tunisna», «alors que, ajoute-t-il, seulement les chaînes «Al Qoraan Al Karim» et «Ezzitouna» avaient un statut illégal. Nous étions dans la dernière ligne droite et avions pratiquement fini avec le piratage. 53 chaînes de radio et de télé publiques et privées ont eu leur licence de diffusion constituant, ainsi, un paysage audiovisuel diversifié pluriel et pluraliste. Nous avons accordé toutes ces autorisations en accord commun et dans le consensus sauf si l'on excepte quelques différences de points de vue et c'est le vote qui a fait la différence». En tout cas, s'il existe une réelle volonté politique de voir la Haica poursuivre sa mission de régulation du secteur, la vacance des postes doit être comblée. Et c'est la meilleure option pour éviter la loi de la jungle. Ainsi le Syndicat national des journalistes tunisiens, l'Association des magistrats tunisiens et l'Assemblée des représentants du peuple devront, chacun de leur côté, désigner leurs candidats respectifs, sinon la Haica, faute de quorum, ne pourra plus prendre aucune décision, son rôle se limiterait, ainsi, à la gestion des affaires courantes jusqu'à la mise en place de la nouvelle instance permanente. Mais la crainte c'est de voir cette nouvelle instance constitutionnelle se transformer en un «conseil supérieur de l'information» dont la vocation serait uniquement consultative. Le gouvernement devrait afficher clairement sa position et agir rapidement afin d'empêcher justement toute hégémonie des pouvoirs financier et politique et éviter, ainsi, l'anarchie qui en découlerait.