Du 13 au 17 mai, un départ vers la planète musique entre Tunis et Le Kef avec des artistes de la scène alternative : Amazigh Kateb, Dgiz, Mounir Troudi, Imen Smaoui, Alia Sallemi, Katybon, Hichem Khadhiri, Jihed Khmiri, Mehdi Haddab, Skander Besbes, Naïssam Jalal, Mehdi Chaïb, Vippa, Anis Chouchen, Peter Corser, Blaise Merlin... «La Tunisie post-révolution est un grand chantier et à partir de ce constat nous avons choisi non seulement le nom de notre événement mais aussi la vocation et la démarche», affirme Bakhta Ben Tara, directrice du festival El Chanti et sa codirectrice artistique, lors de la conférence de presse qui s'est tenue lundi matin. En fait, El Chanti est une version tunisienne de La Voix est Libre, une aventure qui a commencé il y a une dizaine d'années d'abord en France et qui, depuis 2013, s'est transformée en une plateforme d'échanges avec des pays du Maghreb et du Proche-Orient. La Voix est Libre, d'abord à Beyrouth, puis au Caire et à Alexandrie (en partenariat avec les festivals D-CAF et Irtijal), se posera pour la première, à partir de ce soir, pour quatre soirées à Tunis et une clôture le 17 mai au Kef. C'est en fait la première grande manifestation transdisciplinaire née au lendemain de la révolution. Cette première édition, préparée en partenariat avec l'association Chantier Libre, onde et sybèle et l'Institut Français, sera riche en rencontre, improvisation et création de nouveaux projets entre artistes-arpenteurs venus de tous horizons, rendant tous les dialogues possibles entre danse, musique, poésie, cirque... mettant en avant des pratiques et traditions musicales interdites ou réduites au rang de folklore par des années de dictature : stambali, mezoued, rap, poésie soufie, performance, improvisation libre... Beaucoup plus que des soirées ou des concerts, c'est une invitation au dialogue jubilatoire entre les cultures par l'art de la rencontre, ouvrant la voix/e à l'humain dans toute sa richesse. En fusion avec la scène artistique tunisienne qui ne cesse de fleurir, et qui vit une véritable renaissance malgré le manque de ressources et d'infrastructures dédiées. Et malgré le contexte houleux que nous vivons, la magie opère toujours. Et c'est de cette synergie-là qu'est né El Chanti, un grand chantier artistique qui évolue au gré des sensibilités et de l'inspiration du moment. Dans ce contexte, El Chanti se déploie sous forme de résidences créatives qui se sont mises en place, en amont, autour du mezoued, du slam, de la musique soufie et du stambali et qui donneront peut-être suite à d'autres formes de collaboration. Les spectacles seront donnés chaque soir entre Le What ever Saloon (café El louh), Le petit Carnot et le 4ème art, des petites formes y seront présentées, et on finira en apothéose à la Basilique et à la Kasbah du Kef pour une soirée de clôture qui réunira tous les artistes sur une même scène. La première soirée, celle de l'ouverture, est intitulée «Dodécadanse», qui ouvrira la voie de la liberté de créer en conciliant liberté et spiritualité, elle ouvre la voix/e à toutes les rencontres possibles, à toutes les «poétiques de la relation» qui peuvent naître d'un dialogue fertile entre les genres, les cultures et les générations. Suivra le duo Imen Smaoui (danse)-Violaine Lochu (voix, accordéon), encore une rencontre atypique dans la voie que s'est choisie Imen Smaoui depuis déjà quelques années. Elle reçoit l'énergie, saisit le moment, l'instant et le transforme en création. De même, la voix d'Alia Sallemi rencontrera celle de Médéric Collignon et sa trompette. Un véritable acrobate du souffle, capable d'embrasser tous les styles musicaux ; son alliance avec Alia Sallemi, qui vogue de l'improvisation libre aux chants traditionnels, en passant par le lyrique et le jazz, promet de donner lieu à une «vocalchimie» haute en couleur. Et l'on continue sur la même lancée, de surprise en surprise, des rencontres qui peuvent nous paraître atypiques, voire contre nature mais qui, au final, couleront de source. L'électro mezoued-r'boukh sera révélé sous un autre jour à travers les sensibilités d'artistes comme Jihed Khmiri (percussions), Mehdi Haddab (oud électrique), Skander Besbes (DJ électro), Pasco Teillet (basse), Katybon, Vippa (rap) et Mounir Troudi (chant soufi). Le slam sera un mix entre Dgiz (slam, contrebasse), Naïssam Jalal (flûte traversière), Mehdi Chaïb (saxophone, darbouka, krakeb), Vippa (rap), Peter Corser (saxophone) et Blaise Merlin (violon). La dernière soirée de la capitale portera les couleurs de la création stambali avec Amazigh Kateb (voix, texte, gumbri), Cheikh Chedli Bidali (chant, gumbri), Mehdi Chaïb (saxophone, darbouka, krakeb), Naïssam Jalal (Liban/flûte traversière), Dgiz (contrebasse), Philippe Gleizes (batterie). Le programme Chanti se révèle au public à moitié, l'essentiel reste à découvrir au fur et à mesure des rencontres en des instants magiques et éphémères avant de lever le voile, destination Le Kef, sa Kasbah et sa basilique pour un finish en apothéose et une méga-scène qui réunira le meilleur de ce grand Chanti.