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S'inscrire, oui...mais pour quelle Tunisie?!!
Publié dans Leaders le 18 - 08 - 2014

Depuis que l'échéance électorale a été annoncée, qui selon toute vraisemblance (enfin on l'espère !!!), nous sortira de l'Etat «transitoire» et de ses chefs provisoires, on n'entend plus qu'un seul son de cloche en « SOS Majeur » joué en chœur par les «frères» et les ennemis : «Inscrivez-vous…Inscrivez-vous».
C'est touchant…très touchant. On a même envie de verser une larme pour cet élan civique, témoignage poignant de l'émancipation précoce de la pratique démocratique depuis que le jasmin a fait sa révolte.
Evidemment, il est important de s'inscrire et d'aller voter. C'est presque élémentaire. Comme il est élémentaire aussi le fait que les élections doivent se faire dans la transparence et le respect scrupuleux des lois. Or, depuis que le processus a été mis en place, il frappant de constater que ces évidences sont loin d'être partagées par tout le monde et je dois avouer à juste titre. Le nombre des inscrits reste en deçà des espérances, du moins celles de l'ISIE et si ce n'est les extensions successives, le corps électoral ne dépassera pas 60% de ceux en condition d'élire.
Je dis à juste titre, car les élections n'ont jamais été une question de «est ce qu'il faut voter ?» mais surtout de «pour qui voter ?». Elémentaire encore me diriez-vous. Eh ben non, surtout pour ceux qui depuis trois ans suivent les prouesses de nos illustres politiciens et ce n'est pas le fait que Madame Ben Toumia n'ait pas été investie que cela va nous faire changer d'avis sur la capacité de nos chers hommes et femmes à nous emmener au « شط الأمان » (pour reprendre une expression chère à certains!!!)
L'abandon du pouvoir
En Tunisie, il y a un sérieux problème d'offre politique. Ce n'est pas moi qui le dit, mais les déclarations, les discours, les affirmations, les infirmations, les alliances, les contre-alliances, les coups de poignard dans le dos, les changements de camps, le retournement des vestes, les diffamations, les procès, les assassinats…Bref, le palmarès parle de lui-même d'une classe politique inconsciente, incompétente et désarmée..
Quelques semaines après le 14 janvier, le rideau s'est levé sur un spectacle désolant dont nous politiciens ont joué les premiers rôles. Une faillite complète que ce soit au niveau de leur approche de l'intérêt commun, de leur efficacité dans la gestion de la chose publique, de leur respect des engagements pris et surtout de leur pratique du dialogue et du respect de l'autre. Cela a été, évidemment, l'ouvre de femmes et d'hommes qui ne peuvent trouver excuse dans l'apprentissage douloureux ou dans les contraintes de la transition. Conséquence de ce «tropisme» nous avons fini avec un gouvernement de «technocrates» pour diriger le pays, ce qui est en soi est totalement absurde, car lorsqu'on nous donne l'occasion de faire de la politique en toute liberté, la première chose à ne pas faire est justement de donner les clés de la maison aux « apolitiques».
En fait, outre le fait d'abandonner le pouvoir, là où nos politiciens ont surtout échoué est dans leur incapacité de nous détourner de la gestion technique et pragmatique du pays. Un pays n'est pas une entreprise. C'est une entité qui doit faire des choix qui ne peuvent être que politique. Economie de marché ou keynésianisme ? Ouverture ou repli sur soi ? Liberté ou conservatisme ? etc. Le fonctionnaire ne peut pas, mais surtout, ne doit pas répondre à ces questions. Ce n'est pas son boulot.
Nous devons tous abandonner l'idée de cette « main invisible » qui gère les affaires de l'Etat qui trouve son origine dans trois raisons. D'abord, l'absence historique d'un projet idéologique. Hormis les quelques mois du gouvernement collectiviste de Ahmed Ben Salah, l'Etat tunisien n'a jamais été porté par une idéologie politique ou sociale. Ensuite, la tradition jacobine de la gestion des affaires de l'Etat héritage de trois quarts de siècle de colonisation française et enfin, depuis la venue de Ben Ali, le remplacement de politiciens qui jadis formaient le gouvernement de Bourguiba tels que les Mzali, Sayah, Ben Achour, etc. par des profils de technocrates sortis directement des prestigieuses écoles tunisiennes et françaises.
Rétrospectivement, quand on voit l'héritage de Ben Ali, on a le droit de questionner sur les conséquences du rôle de ces «techniciens» dont la pratique politique se limite à satisfaire les «plaisirs du prince».
Entendons-nous bien, la faute nincombe pas aux «technocrates», mais aux politiciens qui n'arrivent pas à faire leur boulot, à savoir définir un projet et bâtir une vision pour la Tunisie et à en croire les évènements actuels, cela risque de ne pas changer.
L'absence de la vision
Un constat s'impose et il est catastrophique. Notre classe politique, tous horizons politiques confondus, n'a pas de projet pour ce pays.
Si on analyse les orientations politiques exprimées par les uns et les autres au lendemain du 14 janvier et jusqu'à aujourd'hui, on constatera que l'approche « négative » est celle qui a toujours prévalu. Chaque force présente sur l'échiquier politique, hormis Ennahdha pour un certain laps de temps, s'est défini et continue même de le faire, par rapport, et dans la négation de l'autre. Ainsi, le choix du 23 octobre 2011 était simple : Pour ou contre le projet d'un Etat islamiste, laissant ainsi les centaines de propositions et les dizaines de projet pondus aux «les boîtes d'archives» et aux armoires poussiéreuses…
Même Ennahdha s'est prise au jeu et a succombé à cette tentation négativiste, en troquant la vision islamiste par un nouveau fusil d'épaule, la sauvegarde de la révolution. Ainsi, après que les partis se définissaient par rapport à elle, le mouvement se positionne, désormais, par rapport à son nouvel adversaire, Nidée Tounes en l'occurrence. Ainsi, les sympathisants d'Ennahdha iront aux urnes n'ont pas pour mettre de la morale « islamiste » dans la gestion des affaires de l'Etat, mais pour défendre la révolution !!!
Il faut dire qu'Ennahdha s'est fait glisser en elle-même dans ce piège, car d'une idée théorique aux contours peu clairs, elle n'a pas réussi à fignoler son projet, car ses instances ont toujours refusé de répondre à la question : Islam oui, mais lequel ?!!!!
Ainsi, dans quelques semaines, les Tunisiens iront aux urnes ne savant pas pour quelle Tunisie ils vont voter. Quel projet social ? Quelles options économiques ? Quel système de santé ? Quelle éducation pour nos enfants ? Etc.
On n'a jamais débattu de ces questions. On est encore dans la politique du «doigt pointé» entre "Feloul" (« anciens caciques du pouvoir de Ben Ali » ou «Terroriste», nouvelle qualification des conservateurs. Les politiciens doivent comprendre que les Tunisiens ont d'autre préoccupations que leurs combats de coqs. Ils attendent des réponses sur l'inflation galopante, l'insécurité, le système éducatif en perdition, le chômage de leurs enfants, etc.
Au vu de la tournure des évènements, je suis dubitatif, d'autant plus que je ne vois pas par quelle magie ces mêmes hommes et femmes vont pouvoir évoluer en l'espace de quelques semaines pour nous donner un meilleur "rendement" (si je puis m'exprimer ainsi)?
Alors s'abstenir?
Certains disent que l'abstention est le mauvais choix. Peut-être, mais, honnêtement, le «faute de mieux» n'est pas non plus alléchant.
Je ne pense pas que le vote pour un camp fera que l'autre adversaire disparaitra. Tout le monde devra avoir sa place dans le cadre du respect mutuel et de la constitution que j'espère trouvera un président qui sache l'appliquer.
L'abstention n'est le bon choix pour les raisons qu'on connait, mais il l'est car la classe politique actuelle est incapable de l'écouter.
Chacun votera en son âme et conscience, mais je pense qu'il ne faut pas avoir peur de sortir de la logique majoritaire, car dans une démocratie, c'est le bulletin qui change le politicien. L'inverse est synonyme de dictature.
La classe politique, la presse et les citoyens doivent évoluer dans leur manière de faire de la politique. Certes, le laps est très court, mais ces trois ans ont été très riches en enseignement. Le prix était cher, excessif même et l'apprentissage douloureux. Le propre de la politique est d'attendre le pouvoir, mais cela demande un prix, celui de pouvoir faire avancer le pays et assure le bonheur de ces citoyens. Les politiciens doivent le comprendre. Leur victoire n'est pas de battre l'adversaire, mais d'exister car ils ont un projet pour leur pays.
Alors, oui, il faut s'inscrire et Oui, il faut aller voter. C'est la seule façon pour consacrer notre acquis de la démocratie et de faire bouger les choses, en espérant que ces élections soient porteuses d'autre chose de nouveau que la couleur de l'encre dans lequel on trempera nos doigts...


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