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Mohsen Hassen: Quel bilan économique du gouvernement Youssef Chahed? Que faire pour surmonter cette crise qui n'en finit pas?
Publié dans Leaders le 30 - 10 - 2019

Trois ans et deux mois se sont déjà écoulés depuis que le gouvernement Youssef Chahed, a succédé à celui de Habib Essid. Que s'est-il passé depuis, sur le strict plan économique ?
Arrivé avec de fortes ambitions, comme tous les gouvernements qui s'installent, celui de Youssef Chahed a dû, trois ans, se rendre compte que la réalité est beaucoup plus complexe qu'on ne pouvait l'imaginer.
La croissance ne fut pas au rendez-vous, et les créations d'emplois à leur plus bas niveau
En termes de croissance, Il faut reconnaître que le résultat est généralement modeste, Ce faible niveau de performances est le résultat de plusieurs facteurs endogènes et exogènes parfois difficilement maîtrisables.
Il y a lieu de rappeler que la croissance est remontée à 2,5 % en glissement annuel en 2018, contre 2 % en 2017, grâce à l'agriculture, aux services et aux industries électrique et mécanique.
Elle s'établirait à 1.4 % en 2019 selon le FMI contre des estimations initiales de 3.1%.
En effet, et en dépit de la hausse de la récolte céréalière pour la campagne 2018-2019 et la consolidation des indicateurs de l'activité touristique, le taux de croissance de l'année en cours sera autour de 1.4 % au plus, reflétant notamment la faible demande extérieure, la performance décevante de l'industrie dans les derniers mois, le fléchissement de la production de l'énergie et la baisse de la récolte de l'huile d'olive.
La dégradation de l'activité économique chez les pays partenaires, s'est transmise avec un décalage via deux principaux canaux, à savoir la demande étrangère adressée à la Tunisie et les investissements directs étrangers (IDE)
Cette croissance timide est freinée aussi par la baisse de l'investissement et de la consommation des ménages qui évoluent à un rythme semblable.
L'investissement, considéré comme le moteur de croissance par excellence, est orienté à la baisse depuis le début des années 2000, une baisse qui s'est accélérée à partir de 2011. La formation brute de capital fixe s'établissait à 18,4% en 2018 contre 20 % du PIB en 2016, en dessous de la moyenne OCDE et du niveau observé dans la majorité des économies émergentes.
L'épargne intérieure équivalait à 9.4% du PIB à fin 2018 contre 11% en 2015 et 21% en 2010. Ce ratio devrait poursuivre sa baisse cette année. Le gap de financement entre l'investissement et l'épargne s'est élargi pour atteindre 9,4% du PIB et 11,1% compte tenu de la variation des stocks.
L'insuffisance de l'épargne intérieure conduit à faire davantage appel aux capitaux étrangers. Le besoin de financement de l'économie s'est aggravé 2011.
Pour les gains de productivité, ils ont été plutôt faibles sur la période 2000-10 et ont même été négatifs sur la période 2016-18 en ligne avec la baisse du taux d'investissement.
Notre pays est, ainsi, en récession puisque son PIB se replie pendant quatre trimestres consécutifs ce qui signifie « une baisse significative répandue dans l'ensemble de l'économie qui dure plus que quelques mois et qui affecte à la fois le PIB, les revenus, la production industrielle, l'emploi, les revenus et le commerce de gros et de détail ».
Création d'emplois: faiblesse record
Aujourd'hui, le point de croissance s'est beaucoup appauvri en terme de création d'emplois.
Sans doute, est-ce là une des causes de la rigidité à la baisse du chômage, qui stagne autour de 15.5% depuis 2016 années ? En 2018 déjà, l'économie nationale n'a pu créer que 28000 emplois pour 60000 nouveaux arrivés sur le marché, ce qui était, et demeure toujours, un record absolu dans ce domaine.
En 2018, le taux de chômage s'élevait à 15.5 % de la population active alors qu'en moyenne dans la zone OCDE il n'était que de 6.3 % et s'élevait à 11.1 % dans les pays MENA (Banque mondiale, Indicateurs de développement mondial).
Certains groupes sont particulièrement touchés notamment les femmes, les jeunes et les habitants des régions intérieures Le taux de chômage est élevé surtout chez les jeunes et demeure l'un des problèmes majeurs de la Tunisie.
Les principales causes du chômage des jeunes sont attribuées à plusieurs facteurs dont, le système éducatif qui ne permet pas à ses étudiants de développer des compétences utiles pour le pays.
Le manque d'investissements et d'accompagnement des entreprises tunisiennes est un frein à l'emploi.
Pauvreté et inégalité économique entre personnes et régions
Selon le Centre d'Etudes et de Recherches Economiques et Sociales (CERES) la pauvreté a augmenté en Tunisie de 30% lors des quatre dernières années, suite à la disparition de la classe moyenne, à cause, notamment, de la hausse faramineuse du coût de la vie.
Pour l'Institut national de la statistique (INS), la pauvreté touche désormais 1,7 million de Tunisiens, dont 300 mille qui vivent sous le seuil de pauvreté.
La région du Nord-Ouest est la plus touchée par ce phénomène, avec 28,4%, dont 6,4% qui vivent sous le seuil de pauvreté. Quant au Grand-Tunis, la pauvreté a affecté 5,3% de la population, dont 0,3% vivant sous le seuil de pauvreté.
Selon la Banque Mondiale, le taux de pauvreté devrait rester en deçà de 3% fin 2019, sur la base du seuil de 3.2 dollars en PPA par jour.
Selon les projections établies par la même institution, dans son rapport sur « Le suivi de la situation économique» « La proportion des personnes vivant au seuil de pauvreté des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure (3,2 dollars en PPA de 2011) est passée de 9,09 % en 2010 à 3,21 % en 2015 »
Inflation: la question clé
Depuis 2017, l'inflation s'est considérablement accélérée et le pouvoir d'achat des ménages s'est dégradé. L'année 2018 s'est clôturé avec un taux d'inflation de 7,5%, contre 6,4% en 2017et 4,2% en 2016 selon l'année de base 2010.
Au 30 septembre de l'année en cours, le taux d'inflation s'est stabilisé à 6,7 % en glissement annuel suite à « une certaine détente des prix des produits alimentaires et des services. L'inflation sous-jacente a également poursuivi sa baisse durant le même mois pour revenir à 6.7% contre 7 % en aout 2019 »selon le dernier communiqué de la BCT du 28 octobre 2019.
L'augmentation de la BCT de son taux directeur à quatre relèvements qui est passé de 4,25 à 6,75 % a contribué à la stabilisation du taux d'inflation et la régression du déficit courant.
Comment réduire le déficit budgétaire ?
S'il fallait à tout prix émettre une observation sur le sujet, ce serait pour dire que la Tunisie, compte tenu du fait qu'il est importateur net d'énergie, ne pouvait pas ne pas s'attaquer à ce dossier. D'une manière ou d'une autre. Le déficit budgétaire est tombé, ainsi, à 4,8 % du PIB en 2018, contre 5,9 % en 2017 suite à une meilleure évolution que prévu des recettes et des économies au niveau du budget d'investissement.
Pour l'année 2019, le déficit budgétaire devrait atteindre 5.6% du PIB selon la Banque Mondiale contre des estimations initiales fixées par la loi de finance à 3.9%.Cette aggravation est expliquée par la hausse des salaires de la fonction publique et du service de la dette. La baisse de la croissance économique par rapport aux prévisions initiales explique aussi cette hausse du déficit budgétaire.
La réforme fiscale devrait être orientée vers un allégement des charges
Pour réduire son déficit public, la Tunisie a opté pour l'augmentation de la pression fiscale et des recettes fiscales sans lutter réellement contre le marché parallèle et la contrebande qui accapare plus que 50% du PIB. C'est d'autant plus aisé qu'a priori une hausse des impôts se traduit quasi-instantanément par un accroissement des recettes fiscales. Dès lors, si l'Etat n'augmente pas ses dépenses, le supplément de recettes peut venir combler une partie du déficit.
Mais ce raisonnement n'est en fait valable qu'à court terme. Or, il faut également prendre en compte les répercussions à moyen et long terme d'une telle politique. Les entreprises et les ménages ne sont pas indifférents aux hausses d'impôts. Ils adaptent leurs comportements en conséquence, ce qui n'est pas sans effet sur les recettes fiscales. Il en résulterait un découragement général des agents économiques – ceux-ci n'ayant plus de motivation pour travailler ou investir davantage en raison de la trop forte imposition du supplément de revenus procuré. Une telle situation aurait des répercussions négatives sur la productivité et la croissance et, par-là même, affecterait à long terme le niveau des recettes de l'Etat.
On pense à la fameuse formule que l'on associe ordinairement aux travaux de l'économiste Arthur Laffer : «trop d'impôts tue l'impôt!».
Le déficit courant se réduit mais demeure préoccupant
Passant à 11,2 % en 2018 contre 10,6 % en 2017 du Produit Intérieur Brut (PIB), le déficit courant a régressé durant les neuf premiers mois de l'année en cours, pour atteindre 6.4% du PIB contre 8% une année auparavant.
Il devrait atteindre 10.4%, selon le FMI, à la fin de l'année 2019
Il apparait que le déficit structurel du compte courant de la Tunisie s'explique, essentiellement, par l'élargissement du différentiel commercial entre notre pays et le reste du monde. Selon l'INS, le déficit de la balance commerciale s'est encore aggravé au terme des neuf premiers mois de l'année 2019 pour atteindre 15 milliards de dinars contre 14.18 milliards de dinars à la même période de l'année passée.
Ce déséquilibre record du déficit commercial est expliqué également par le maintien des déficits de la balance énergétique et de la balance alimentaire à des niveaux élevés, soit respectivement 5646.9 MD (38% du déficit total) et 1.115 MDT (7.5% du déficit total)
Pour les recettes des transferts des Tunisiens résidents à l'étranger, elles ont atteint à la fin de l'année passée, 4.96 milliard de dinars enregistrant une légère baissé en euro mais en hausse en DT, par rapport à l'année 2017 grâce à un effet de change favorable.
Elles devraient suivre la même tendance en 2019.
Cependant, le constat est encourageant au niveau des recettes touristiques, elles ont totalisé 4400 MDT à fin septembre 2019, soit une hausse de 43.3% par rapport à la même période de 2018.
En devises, la hausse des recettes touristiques est moins importante, elles ne sont que 1.3 milliard d'euros, pour une progression de 31.6% et à 1.5 milliard de dollars pour une augmentation de 23.6%
En effet la hausse des recettes touristiques et des transferts des tunisiens résidents à l'étranger n'a pas pu compenser l'aggravation du déficit de la balance commerciale courant l'année2019.
Pour les flux des investissements directs étrangers (IDE), le solde des IDE a atteint 2.59 milliard de dinars au 31/12/2018, Durant le premier semestre de l'année en cours, la Tunisie a en attitré 1.3 milliard de dinars d'IDE contre 1.1 milliard durant la même période de l'année passée soit une hausse de 13.5%.
Malgré une baisse modeste du déficit courant ces derniers mois, il se maintient à un niveau extrêmement élevé et a eu des conséquences néfastes à plusieurs niveaux:
* Stimulation de l'inflation importée.
* Mobilisation de ressources d'endettement pour couvrir le déficit courant. L'encours de la dette s'est établi à 82,6 milliard de dinars au 30/6/ 2019 contre 72.4 milliard de dinars durant la même période de l'année 2018.
* Chute quasi-continue du dinar entre décembre 2016 et décembre 2018, depuis mars 2019, le dinar connait un mouvement de correction à la hausse, il s'est apprécié de 10% face à l'Euro et 7% face au Dollar entre mars et septembre de l'année en cours.
* Chute des ressources en devises entre décembre 2016 et décembre 2018, depuis janvier 2019, elles ont augmenté pour atteindre 18.506 milliard de dinars ou104 jours d'importation au 25 octobre 2019contre 13.974 milliard de dinars ou 84 jours au terme de l'année 2018
Comment surmonter cette crise qui n'en finit pas?
L'année 2020 doit être celle du redressement économique et des grandes réformes : Le tissu économique et social tunisien ne peut continuer avec une croissance économique fragile et un fort déséquilibre des grands comptes économiques. L'investissement doit aussi sortir de l'attentisme.
A notre avis, nous devrions nous focaliser sur quatre volets:
* Le premier, essentiel et incontournable, est celui de l'accélération du rythme des grandes réformes économiques et du rétablissement de nos grands équilibres macroéconomiques. Ceci passe par des politiques sectorielles performantes orientées vers l'export et une politique commerciale offensive qui permettrait de renflouer les recettes en devises pour désamorcer la crise de la dette et des réserves des changes.
* Le second concerne la conception des politiques sectorielles performantes et d'une véritable stratégie de développement industriel. Nous croyons qu'un angle d'attaque serait de formuler une nouvelle stratégie de transformation structurelle autour des secteurs porteurs qui se développent dans notre pays comme les services aux entreprises, l'industrie aéronautique sans pour autant occulter les secteurs classiques, à l'instar de l'agroalimentaire ou le textile.
D'un autre coté, la transition énergétique de la Tunisie doit être une priorité absolue en mettant l'accent sur les énergies renouvelables, la diversification du mix énergétique, la maitrise de l'énergie et la réactivation de l'exploration et de la production.
Concernant la révolution numérique, il faut noter que la généralisation de l'utilisation de l'outil numérique et le passage à l'économie numérique est un impératif, il faut développer une vision et concevoir une stratégie à mettre en place.
* Le troisième volet pour lequel nous devons œuvrer est le changement d'attitude de notre administration à l'égard du secteur privé. Il est impératif que la mécanique administrative se mette réellement au service du secteur privé et de son développement
* Le quatrième porte sur la reprise de l'investissement ; elle est fondamentale dans la mesure où elle relancera la croissance et l'emploi. C'est à l'Etat et aux investissements publics de rompre cet attentisme et de baliser le terrain en termes d'investissements productifs qui serviront de signaux aux acteurs économiques et d'accélérer la sortie du tunnel.
Relancer l'investissement, serait, le facteur de croissance le plus efficace, contrairement à la relance par la consommation qui a généré des effets inflationnistes néfastes sur l'économie du pays.
Pour ce faire, des mesures de redressement à court terme devraient être prises afin de rétablir la confiance des opérateurs économiques, relancer la croissance et mettre le pays sur la voie de la maitrise des grands équilibres.
Parmi ces mesures, on peut citer:
* Engager dans les plus brefs délais les stratégies et les mesures nécessaires pour rétablir les grands équilibres et maitriser la dette
* Engager des procédures urgentes pour maitriser les dépenses publiques par la refonte du système de compensation, et la réforme de la fonction publique
* Rééquilibrer le modèle de développement vers une croissance portée par la demande extérieure et l'investissement et mettre en place une vraie stratégie de conquête des marchés extérieurs
* Actualiser les stratégies industrielles déjà mises en place afin de développer les exportations et renforcer la compétitivité du produit tunisien
* Mettre en œuvre une véritable politique du développement de l'économie numérique
* Mettre en place une politique qui vise à assurer la transition énergétique
* Rechercher par tous les moyens la reprise rapide de l'investissement privé et notamment l'adoption d'une politique de financement sélective
* Mettre en œuvre un ensemble de mesures pour assurer une mobilisation sans précédent en faveur des PME-TPE
* Bien préparer la négociation de l'ALECA avec l'UE notamment en sollicitant la reformulation du soutien européen vers des programmes pertinents qui répondent de manière cohérente, aux exigences de la transition économique et politique
* Rétablir la politique de compensation industrielle et élargir ce processus aux franchises commerciales
* Accélérer les projets publics déjà entamés
* Engager la réalisation des projets d'infrastructure importants
* Accélérer le démarrage de projets urbains dans certaines grandes villes et réaliser ces projets dans le cadre du PPP
* Allouer à la Banque des Régions ,en cours de création, des fonds qui seraient utilisés pour soutenir la création de projets à travers l'institution de dotations remboursables
* Mettre en place le cadre juridique adéquat de l'économie sociale et solidaire et développer les capacités financières de la micro finance
* Mettre en place le cadre juridique de la méso- finance
Pour les grandes réformes, les principales recommandations en la matière consiste à :

* Créer une structure à caractère consultatif ayant pour mandat d'approfondir la réflexion sur les réformes et les mesures d'ordre économique et social à l'instar de l'ancien Conseil économique et social
* Mettre en place « l'agence Tunisie Trésor » pour assurer une gestion dynamique de la dette
* Créer une agence d'évaluation des politiques publiques
* Poursuivre la réforme de l'administration, notamment à travers une vaste opération de redéploiement des effectifs et leur allégement à travers l'incitation au départ volontaire
* Entamer la concrétisation du programme de restructuration des entreprises publiques, rappelons que les axes majeurs de cette réforme portent sur la restructuration financière, la réorganisation interne ainsi que l'adoption d'une nouvelle gouvernance en matière de gestion des ressources humaines et de transparence financière.
* Entamer la réforme des régimes de compensation, à travers la fixation d'un plafond qui ne peut être dépassé et l'adoption de mesures qui garantissent un ciblage des catégories à faible revenu
* Assurer l'indépendance de l'Institut National de la Statistique en lui accordant davantage de moyens et le statut d'Autorité Administrative Autonome
* Adopter une stratégie de développement régional fondée sur une nouvelle vision qui considère la Tunisie toute entière comme une bande côtière
* Améliorer les stratégies nationales dans les secteurs du tourisme, de l'industrie, de l'agriculture et adopter un programme de mise à niveau des outils de production dans ces secteurs
* Mettre à niveau et moderniser le dispositif de la formation professionnelle
* Approfondir la réforme du système bancaire et financier
* Entamer la réforme de la politique du taux de change
* Encourager l'introduction des entreprises en bourse et assurer le développement du marché obligataire
* Poursuivre la reforme fiscale pour combattre la fraude fiscale et l'économie parallèle et entamer le changement de billets de banque
Nous pensons que notre pays a le potentiel de devenir un pôle d'émergence économique dans la région MENA comme beaucoup d'autres pays de petite taille comme Singapour. Pour cela, nous devons disposer d'une vision et d'un projet économique et social clair, capable de mobiliser les forces économiques et sociales du pays.
Mohsen Hassen
Ancien ministre


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