La 33ème édition du Festival International du Film francophone de Namur a baissé ses rideaux, le 05 octobre 2018, par la remise des Bayard, suivie de la projection en avant- première, du film « les invisibles » de Louis Julien Petit. La soirée d'ouverture (28 septembre) s'est attachée à mettre à l'honneur, le cinéma belge, avec « Nos batailles » de Guillaume Senez. Le festival a présenté plusieurs films en avant- première, tels que : « La chute de l'empire américain » de Denys Arcand (Québec), « Voyez comme on danse » de Michel Blanc (France), ou encore, « Léopold, roi des Belges » de Matthieu Collard et Cédric Vandresse (Belgique). La programmation du festival réunissait quelque 159 films des quatre coins de la Francophonie, tels que : le Cambodge, « Les tombeaux sans noms » de Rithy Panh ; le Québec « Genèse » de Philippe Lesage ; Le Rwanda « The mercy of the jungle » « de Joel Karekezi ; la Belgique « Mitra » de Jorge Leon ; le Vietnam « The Third wife » de Ash Mayfair ; la Roumanie « Un homme à sa place » de Hadrian Marcu… La participation arabe Invités fidèles du festival, les réalisateurs des pays arabes attirent depuis toujours, le public namurois qui vient nombreux assister à leurs films. L'Algérie et le Maroc étaient présents cette année, dans la section (Compétition 1ère œuvre), avec respectivement : « Jusqu'à la fin des temps », (Ila Akher Ezzamen), une comédie dramatique et romantique, écrite et réalisée par Yasmine Chouikh. Un procès sur le conservatisme rigide et l'intolérance dans une société en proie aux croyances et pratiques rétrogrades, et un rapprochement émotionnel, entre deux septuagénaires réunis dans ces lieux sinistres, (cimetière), où la mort et l'amour trouvent un espace commun d'expression. « Sofia » de la marocaine, Meryem Ben M'Barek, présenté dans la section « Un Certain Regard », au festival de Cannes 2018, est l'histoire d'une ado qui accouche sans être mariée et dont la famille tente de sauver les apparences. Une dénonciation féroce d'un monde où les femmes sont complètement désarmées. La Tunisie, nous l'avons déjà annoncé, était en compétition officielle avec « Weldi » (Mon fils) de Mohamed Ben Attia qui n'a obtenu aucun prix au FIFF, mais qui concourra pour le Tanit d'Or, aux prochaines Journées cinématographiques de Carthage, (novembre 2018). Enfin, le coup de cœur du FIFF cette année, était l'acteur français, Lambert Wilson qui a présenté trois œuvres de sa filmographie, dont son nouvel opus « Au bout des doigts » de Ludovic Bernard. « M » de Yolande Zauberman Le Bayard d'Or du meilleur film a été attribué à un documentaire français de Yolande Zauberman . Un film poignant qui dérange, bouleverse et fascine en même temps. En pénétrant dans la ville orthodoxe de Bnei Brak, « la ville des hommes en noir », près d'Al Qods occupée, où Menahem Lang a grandi, la réalisatrice traque sa vérité ; une vérité terrible et impitoyable, celle de ces enfants qui, comme lui, ont été violés par plusieurs hommes, sous couvert d'un silence religieux et complice. « M » est un retour sur les lieux du crime, c'est aussi un retour sur les lieux tant aimés, à la quête d'une réconciliation. « Les tombeaux sans noms » de Rithy Panh Le Prix spécial du Jury a été décerné au film du Cambodgien, Rithy Panh, « Les tombeaux sans noms ». Une véritable descente aux enfers, à la recherche de l'identité, de l'enracinement, de la transmission et de la mémoire, tout en posant une question sur l'existence humaine avec autant de sensibilité, de délicatesse et de transparence. Avec « Les tombeaux sans noms », on est affrontés à une réalité d'une violence sans nom, celle d'un génocide commis au temps des Khmers rouges et dont les traces sévissent encore dans la mémoire d'une population meurtrie par les travaux forcés, la famine et les séparations. Un film sublime auquel on a attribué également, le Bayard de la meilleure photographie. Dans ce Palmarès, il est question aussi de « Mention spéciale du Jury », revenue au film français de Pierre Salvadori, «En liberté ». Le Bayard du meilleur scénario, à « Pupille », œuvre de Jeanne Herry et Gaëlle Macé, (France/Belgique), qui a également arraché, le Bayard de la meilleure comédienne, (Elodie Bouchez). Quant au Bayard du meilleur comédien, il a été accordé à Théodore Pellerin pour « Genèse », du Québécois Philippe Lesage. Enfin, le Bayard de la Première œuvre de fiction a récompensé, « Sauvage » de Camille Vidal-Naquet, (France), et le Prix Découverte, « Les chatouilles » de André Bescon et Eric Metayer, (France). Après 33 éditions, le FIFF qui est synonyme de rencontres humaines et culturelles, a su trouver une place de choix dans le paysage cinématographique international, pour aussi bien, la qualité de sa programmation que de son organisation.