L'odeur agréable de l'encens. La senteur que dégagent des couffins placés les uns à côté des autres, pleins d'épices de différentes couleurs. Les épiceries débordant de marchandises pleines à craquer de chalands. Les marchés de légumes et des fruits grouillant de monde. Les centaines de voitures provoquant d'incessants embouteillages rendant la circulation difficile. Tout ce beau monde qui se précipite pour s'approvisionner dans les grandes surfaces...C'est l'ambiance du mois de ramadan dans une ville mythique qui s'est habillée depuis des semaines aux couleurs de ce mois saint. Une ambiance faite de cris et de tumulte où les marchands ambulants exposent légumes et fruits à des prix avantageux sous les regards exaspérants de ceux en place depuis des années......Dans les marchés, les légumes et les fruits en abondance sont exposés à la vente à des prix prohibitifs. Même les prix des produits du terroir à l'instar des tomates ont grimpé, sans parler des figues, des raisins ; intouchables. " J'ai fait le tour du marché. J'ai remarqué que les prix de la plupart des produits exposés sont inabordables. Je me suis alors contenté de quelques légumes .De retour à la maison, j'achèterai un melon ou des figues de Barbarie des camionnettes installées non loin de ce marché " disait Salah S, un ouvrier journalier. " J'organise mes dépenses en fonction des priorités. Pour ce mois saint j'use du système D pour répondre aux besoins alimentaires nécessaires, acheter les vêtements de l'Aïd pour les enfants et parvenir à répondre aux exigences de la rentrée scolaire " rétorque Larbi A, mécanicien de profession ; contrairement à Abdelmajid J, cadre enseignant dans un centre de formation professionnelle " Etant trop dépensier, c'est mon épouse qui gère les achats au cours de ce mois " murmure-t-il. Quant à Fatma ; une fonctionnaire qui prépare sa retraite, elle habitait l'ancienne médina non loin du marché nous a-t-elle confié. " Je suis frugale tout comme mon époux et mes trois filles. Pour ce mois saint, je n'ai rien préparé de spécial .Je continuerai à faire le marché une fois par semaine et à préparer les mêmes plats en introduisant les briques aux œufs et la soupe à base d'orge. Pour le dessert, les pastèques, les melons et les figues de Barbarie feront l'affaire. Ils sont exposés partout dans la ville et à des prix abordables " affirme-t-elle en souriant.
Le sultan des fruits C'est vers seize heures que les camionnettes chargées de figues de Barbarie s'installent sur les trottoirs près des ronds points pour vendre le sultan des fruits à des prix abordables aux consommateurs. Ali H ; négociant en bétail qui se déplace quotidiennement d'un marché hebdomadaire à un autre a quant à lui pris toutes les mesures pour passer un ramadan sans problèmes. Il a, en effet, rempli son congélateur de légumes, de fruits et de poissons. " Ce n'est pas tout, j'ai acheté une vingtaine de poules, deux dindons, cinq lapins et un chevreau pour l'égorger la nuit du 27 Ramadan " renchéri-t-il. Malgré la présence d'un grand nombre de bouchers dans la ville beaucoup de consommateurs se rendent dans la localité d'El Baten ou de Rakkada pour acheter de la viande fraîche " Elle est plus délicieuse même si elle est vendue un peu plus chère ici " signale SLAH, ingénieur dans une usine de confection. De son côté la brigade de contrôle économique relevant de la direction régionale du Commerce et de l'Artisanat a mobilisé tous ses moyens pour lutter contre la spéculation et la fraude. Tout comme la brigade d'hygiène qui veille à la qualité du produit exposé à la vente.
Ruée sur le pain traditionnel La rocade nord de la ville devient à l'occasion l'endroit prisé d'un grand nombre de jeûneurs qui viennent quotidiennement pour acheter du pain traditionnel (tabouna) préparé par les mains expertes des habitantes de ces quartiers périphériques de la ville " J'ai acheté du pain de la boulangerie pour mon épouse et mes enfants. Quant à moi je préfère le pain (tabouna), il est plus délicieux " disait Abdelhamid, habitant à Houmet Ejjamàa près d'une boulangerie célèbre. Accompagnée de ses deux filles, une habitante de ce quartier disait à propos de ce commerce florissant " Je vends entre 100 et 150 pains par jour et je gagne net 40 Dinars par jour de quoi subvenir aux besoins de ma famille composée d'un époux souvent malade et de deux filles poursuivant leurs études dans le lycée du quartier. Sa fille aînée ajoutait en ces termes " Longtemps j'ai eu honte de ce travail. C'est très fatiguant notamment en période estivale .Aujourd'hui j'en suis plutôt fière. C'est grâce à ce petit pain que nous achèterons la nourriture ; les vêtements ; les fournitures scolaires..." ajoute-t-elle.
Plus de10000 activités religieuses Au cours de ce mois saint, plus de 10000 activités religieuses seront organisées dans les différentes mosquées de la région à savoir des conférences théologiques, des causeries religieuses, des rondes pour la narration du Hadith et des concours de mémorisation et des psalmodies du Coran. D'autre part, et dans le cadre de l'élan de solidarité plus de quinze mille familles aux faibles revenus ont bénéficié d'aides présidentielles (Denrées alimentaires vêtements, fournitures scolaires). Quatre restaurants d'Iftar accueillent quotidiennement plus de 350 jeûneurs au moment de la rupture du jeûne. Volet culturel, la délégation régionale de la culture a élaboré un programme riche et varié pour animer la ville durant le mois de Ramadan.