Comme chaque année, la ville de Kairouan s'est préparée comme il se doit pour accueillir ce mois béni. Dans les marchés comme dans les grandes surfaces, tout est alléchant et tout est matière à sous. Même les produits du terroir sont inabordables. « Mes moyens financiers ne me permettent pas d'acheter la viande d'agneau dont le kg a dépassé les 18 Dinars ni les pêches vendues à 2.500 Dinars le kg et qui sont pourtant des produits du terroir. Je me contente de la viande de poulet, de pastèques et de figues de barbarie » Raconte Khalifa. B ; un ouvrier agricole qui gagne 10 Dinars pas jour et qui risque d'emprunter de l'argent pour faire face aux dépenses liées à l'Aïd. Contrairement à Fatima qui vient de remplir d'achats la malle de sa voiture qui rétorque en souriant « L'argent ce n'est pas mon problème, c'est mon bonhomme qui s'en occupe ».
Taieb.H. la quarantaine, très heureux de se retrouver à Kairouan pendant le ramadan a avoué de son côté. « Je travaille à Tunis mais je reviens chaque année à Kairouan pour y passer le mois sacré. Je pense qu'il n'y a pas une ville plus belle que Kairouan notamment en ce mois béni. Quant aux prix des produits alimentaires exposés ; ils sont très chers» Son épouse licenciée en lettres ayant opté malgré elle pour le foyer, continue avec fierté « Etant native de Kairouan j'aime bien passer ce mois dans le quartier de mon enfance où les traditions ont résisté à l'air du temps. J'aime savourer des plats préparés par les mains expertes de ma mère. Quant à la chaleur ; les climatiseurs sont là pour nous rafraîchir » A-t-elle ajouté. Saadia, une femme au foyer également ; a signalé quant à elle: « Je me suis préparée comme il se doit pour passer sans problème ce mois sacré en commençant par El Mermez ( préparation à base de graines d'orge) jusqu'aux aux épices, sans oublier bien sur les ‘Hlalems' et le sorgho ; les légumes, les viandes,les poissons et les fruits dont les prix flambent d'un jour à l'autre c'est l'apanage de mon mari».
Des moments de prières de méditation et de solidarité : Ce mois sacré n'est pas seulement celui des achats et des dépenses excessives mais également celui de la méditation, de la solidarité et de la tolérance. Les jeûneurs en profitent pour passer de longs moments de prière et de méditation dans les mosquées ; à l'occasion ravalées et bien entretenues. C'est là où ils assisteront à des conférences théologiques, à des causeries religieuses et à des tables rondes consacrées à la narration du Hadith.
Parallèlement et dans le cadre de l'élan de solidarité plus de dix mille familles nécessiteuses à travers le gouvernorat ont bénéficié à l'occasion de denrées alimentaires en plus des soixante quinze dinars du ministère des affaires sociales sans compter les initiatives individuelles
D'autre part un restaurant de coeur a depuis le premier jour du ramadan ouvert ses portes pour accueillir 140 jeûneurs issus des familles démunies.
Au rythme des festivals
Volet culturel l'arrivée de ce mois a coïncidé avec le début du festival estival de Kairouan qui a donné une plus grande animation à la ville avec notamment des soirées musicales, des représentations théâtrales et d'autres activités culturelles.
A partir du 10 Août prochain : la ville abritera le festival international des chants soufis. Il s'agit d'une manifestation de grande envergure qui verra la participation de troupes liturgiques en provenance de plusieurs pays islamiques
Cafés et parcs de loisirs archicombles
Les Kairouannais s'offrent à l'occasion des sorties en nocturne. Certains investissent les terrasses des Cafés pour passer leurs soirées entre thé à la menthe, café turc et narguilé. D'autres se rendent aux parcs de loisirs à El Gatranié ou à Dhraa Tammar à quelques encablures de la ville de Kairouan pour se rafraîchir et ce malgré les prix exorbitants des boissons.