Il est souvent difficile pour les parents de savoir à qui confier leur enfant. On souhaite toujours le meilleur pour son enfant, et c'est légitime. Certains parents optent pour un accueil familial en recourant aux grands-parents ou aux proches parents pour leur confier la garde de leurs bébés ou leurs enfants encore en bas âge. Mais pour d'autres, cette solution n'est pas toujours possible ; ils sont alors obligés de recourir aux différents centres d'accueil (crèches, jardins d'enfants, garderies...) pour trouver un lieu sûr et rassurant qui procure à leurs chérubins paix, protection, soins et propreté en leur absence. Les garder à domicile en engageant une baby-sitter ou une employée est encore une solution. Tous ces choix présentent leurs avantages et leurs inconvénients et il semble que la majorité des parents ne soient pas toujours satisfaits des services des uns et des autres pour diverses raisons et ils ne sont pas toujours sûrs que leurs enfants soient entre de bonnes mains. A qui donc confier son enfant?
Expériences vécues par des parents Nous avons interrogé plusieurs parents sur leur degré de satisfaction en confiant leurs enfants à ces centres d'accueil. D'après leurs témoignages, nous en sommes arrivés à la conclusion que la perfection n'existe pas et que les vœux de ces parents ne sont pas toujours exaucés, sachant que les services fournis par ces centres d'accueil ne sont pas toujours satisfaisants. C'est qu'il y a toujours des défectuosités tant au niveau de l'hygiène et de la propreté des lieux ; qu'au niveau du personnel chargé de la garde et de la protection des enfants, surtout concernant les compétences humaines et pédagogiques des personnes appelées à veiller sur ces petits enfants (niveau instructif, personnalité, aptitudes à communiquer avec les petits, psychologie de l'enfant...) Mongi, père de deux gosses, 2 ans et 4 ans, préfère les garder dans un jardin d'enfants tout près de son domicile : « Ma femme et moi, travaillons du matin au soir. Nous avons jugé bon de confier nos deux enfants à ce jardin d'enfants. Nous les déposons tous les matins à 7 heures avant d'aller travailler. On ne sait pas ce qui se passe exactement pendant notre absence, mais apparemment et d'après les équipements existants, les enfants sont bien encadrés. Les parents ont le droit à contrôler les lieux à tout moment, mais on ne le fait jamais, car il n'y a pas assez de temps pour le faire. Nous aurons donc toujours confiance en l'administration de ce jardin, tant qu'il n'est rien arrivé de mal à nos deux enfants ! » Quant à Olfa, elle semble plus exigeante, plus méticuleuse quant au choix d'un lieu pour la garde de son enfant unique âgé de 3 ans : «Franchement, je n'hésite pas à faire de temps en temps une visite dans la crèche à qui j'ai confié mon fils depuis l'âge de six mois. Cela fait maintenant trois ans qu'il y est. Je n'arrive pas à concevoir comment un parent livre son enfant à d'autres personnes sans prospecter au préalable les lieux, s'assurer des conditions d'hygiène et de propreté, voir quelles activités mon enfant va entreprendre, la qualité des gens qui vont se charger de son éducation et de sa protection, s'enquérir des moyens de sécurité assurés pour l'enfant en cas d'accident ou de maladie. Pas mal de parents ne sont pas assez exigeants sur ces détails, l'essentiel pour eux étant de trouver un lieu pour la garde de leurs enfants ! » En effet, les parents sont appelés à être attentifs à certains aspects du centre d'accueil avant d'y livrer leur (s) enfant(s), notamment les aspects relevant de la salubrité des lieux, les aspects relationnels et pédagogiques. Madame H.S., directrice d'un jardin d'enfants insiste sur le fait que l'enfant n'est pas dépaysé en arrivant pour la première fois dans ces lieux d'accueil : « Certains enfants peuvent révéler des changements de comportement lorsqu'ils sont livrés à des centres d'accueil où ils peuvent manifester une sorte d'inadaptabilité au nouveau lieu qu'ils trouvent souvent très différent du foyer parental de tous les points de vue. Les plus jeunes peuvent pleurer, faire la tête, refuser de quitter la maison pour le lieu d'accueil, ou manifester d'autres formes de mécontentement. Notre rôle est de faire intégrer ces enfants récalcitrants peu à peu dans le groupe en leur fournissant tout le nécessaire. Ainsi, ce comportement disparaîtra après quelques jours ou quelques semaines si l'enfant reçoit un accueil de qualité. Petit à petit, l'enfant fait confiance aux gens qui l'ont accueilli. »
La quantité aux dépens de la qualité En Tunisie, le nombre des jardins d'enfants est en croissance constante : on compte plus de 3262 jardins d'enfants, dont 27 appartenant aux ministères, 327 aux associations et 2848 privés ; alors qu'en 1986, ils étaient seulement 463. Quant au nombre d'enfants inscrits, il avoisine les 140.000 et celui des éducateurs a dépassé les 8000. Cependant, on trouve pas mal d'établissements d'accueil qui ne répondent pas aux conditions requises par la réglementation en vigueur ; ils sont dirigés par des personnes n'ayant pas le profil idoine, n'ayant aucune formation ou n'ayant jamais travaillé dans le domaine de la petite enfance. De plus, le personnel chargé de l'éducation des petits enfants n'a parfois ni les titres d'éducateurs ou de puériculteurs. Et de surcroît, les règles de sécurité et d'hygiène ne sont pas toujours respectées. Pourtant ces centres d'accueil sont régis par des réglementations rigoureuses et leur ouverture doit respecter toutes les modalités fixées dans le cahier des charges. Pas mal de propriétaires de ces établissements promettent aux parents monts et merveilles lors de l'inscription de leurs enfants. Mais ces derniers sont aussitôt déçus par les services fournis à leurs enfants. On accuse même le personnel de ces établissements de mensonges : dire à un parent que son enfant a très bien mangé alors que celui-ci n'a que peu ou rien mangé ou qu'il ait bien dormi alors que c'est faux ! Ce qui peut engendrer toutes sortes de problèmes entre les parents et le personnel responsable. Beaucoup d'efforts sont effectués par l'Etat et des mesures substantielles ont été prises en vue de mettre plus d'ordre dans ce secteur très sensible. Mais des incorrections et des dysfonctionnements continuent malheureusement à sévir dans un bon nombre d'établissements d'accueil. Par exemple, dans certains jardins d'enfants ou garderies scolaires, surtout dans les quartiers populaires, la surface de 1,5 m2 pour chaque enfant n'est pas toujours respectée, ce qui provoque des classes surchargées et un manque de confort chez les enfants, sans parler des conditions lamentables où ces derniers sont accueillis. Les autorités compétentes organisent des visites de contrôle dans ces établissements afin d'endiguer les irrégularités et les dépassements illégaux. Des circulaires sont régulièrement adressées aux directeurs des jardins d'enfants et des garderies en vue de les exhorter à obéir aux règlements et à veiller au respect des conditions susceptibles de fournir le cadre favorable à l'équilibre psychologique et la sécurité des enfants. Mais le grand nombre de ces espaces qui poussent comme des champignons ne cesse d'augmenter, surtout depuis que les investisseurs dans ce secteur sont depuis quelque temps autorisés à cumuler les postes de directeurs de jardins d'enfants et de garderies scolaires, étant donné que les jardins d'enfants risquent d'être désormais moins rentables, vu la baisse du taux de la croissance démographique qui est de 2,1% seulement. Nous assistons actuellement à une prolifération démesurée de garderies scolaires. Mais on a peur que la quantité de ces structures soit responsable d'une qualité médiocre