Suite à la publication sur notre journal de l'article intitulé "Dites nous docteur : maman, papa, j'ai du mal à lire et à écrire à l'école", nous avons reçu le courrier suivant de la part du Dr Anouar Jarraya psychiatre d'enfants et d'adultes : "j'ai lu avec intérêt l'article "dites-nous docteur" intitulé "Maman, papa, j'ai du mal à lire et à écrire à l'école" suivi de l'interview de Madame Ahlem Mahmoud Boufaïed, orthophnoiste et auteur d'un ouvrage portant ce même titre dans votre numéro du 28 octobre. Tout en saluant une telle initiative, en ses aspects positifs, car toutes les bonnes volontés et les contributions sont les bienvenues, je me permets de vous faire quelques remarques : 1-J'aurais apprécié la mention des coordonnées de l'ouvrage (éditeur, année) pour m'en faciliter l'obtention auprès d'un libraire, car la diffusion des publications et l'information des lecteurs potentiels, est un problème en Tunisie, (et j'en parle en connaissance de cause). 2-Je me permets de signaler que la Dyslalie (les troubles du langage oral dominés par le bégaiement) la dyslexie (divers troubles de la lecture), la dysgraphie pour les troubles de l'écriture (ou dysorthographie ce qui n'est pas tout à fait la même chose) auxquels on ajoutera la dyscalculie, et plus généralement "les syndromes en dys" comme l'on dit parfois ; ces troubles constituent des problèmes complexes qui nécessitent certes une rééducation orthophonique soigneuse, mais pas seulement. Souvent le problème est plus global en termes de santé mentale et de santé tout court : il y a entre autres et à titre d'exemple seulement, le lot des gauchers contrariés qui bégaient et ou qui sont dyslexiques. On voit encore des adultes cadres supérieurs parfois, fortement handicapés par le bégaiement faute d'une prise en charge appropriée et précoce. Une telle prise en charge chez l'enfant de préférence, après un bon dépistage inclut effectivement les éducateurs au sens le plus large de ce terme incluant donc les parents bien entendu (du moins quand ils y collaborent effectivement !) le tout coordonné par un spécialiste compétent pédopsychiatre ou neuro pédiatre formé aux problèmes psychologiques de l'enfant : le médecin spécialiste va jouer là le rôle de chef d'orchestre aiguillant conseillant guidant même si son intervention proprement spécialisée est plus limitée il a pour tâche essentielle de prévenir les dérives car les pièges du diagnostic sont nombreux et l'évaluation du chemin parcouru nécessaire. Dans le dépistage, outre le risque de rencontrer des problèmes sensoriels comme la surdité, signalés par la spécialiste interviewée, ou encore de la prononciation (frein de la langue trop bref par exemple). Il y a souvent d'autres problèmes, plus généraux (affectivité, rythme et psychomotricité) qui nécessitent une approche plus globale interdisciplinaire incluant le psychiatre d'enfants le psychologue et le psychomotri - cien (psycho - rééducateur en appellation officielle française) dont le rôle est majeur quand il s'agit de problèmes de rythme et de structuration du temps et de l'espace si importants pour la praxie de l'écriture, et du mouvement en général : je sais bien que les psychomotriciens ne sont pas très nombreux en notre pays et on peut le regretter, mais leur contribution est cruciale, j'en parle par expérience, soit dit sans vouloir en rien minimiser les rôles des autres spécialistes intervenants, les orthophonistes entre autres. Mais il me paraît bien imprudent de se priver de l'examen psychomoteur, de l'enfant, malgré les difficultés pratiques, sinon on risque de s'exposer à des dérives évitables. Il me reste à vous remercier d'avoir abordé un sujet important mais en partie méconnu, et à vous souhaiter bonne continuation.