La surdité est un état pathologique caractérisé par une perte partielle ou totale du sens de l'ouïe. Dans son acception générale, ce terme renvoie le plus souvent à une abolition complète de l'audition. 50% des cas de surdité et des déficiences auditives sont évitables par la prévention, le diagnostic et la prise en charge. Environ un bébé sur 800 naît sourd, souvent à cause de facteurs génétiques. D'où la nécessité d'un bon diagnostic et d'une prise en charge des enfants sourds. Dès le début de la vie, il est possible que l'absence d'audition handicape lourdement l'enfant. Dans l'intimité des relations avec l'adulte, le fait de ne pas entendre élimine tous les messages auditifs. « Le bébé sourd commence à 2 ou 3 mois à émettre des sons mais il ne s'entend pas, n'entend pas les imitations et commentaires de l'adulte. Il n'entend pas des modèles du langage et ne pourra donc pas apprendre à parler tout seul », souligne Ahlem Mahmoud Boufaied orthophoniste. Le rôle des parents est primordial de diagnostiquer très tôt la surdité afin d'éviter l'apparition de retards ou de déficits permanents. On diagnostique habituellement les enfants profondément sourds vers l'âge de deux ans. Le plus grand obstacle au diagnostic précoce est le retard de consultation d'un spécialiste, en général quand les signes de surdité passent inaperçus ou parce que les parents n'ont pas accès à des tests de dépistage de la surdité infantile appropriés. « Il est vrai, ajoute Mme Boufaied, l'enfant sourd n'entend pas les modèles de la langue parlée autour de lui. Il ne peut pas organiser un langage spontanément. L'enfant sourd ne parle pas dans les délais normaux ou très rarement. L'acquisition n'est pas spontanée. Elle se situe au-delà de l'âge optimal, ce qui constitue en soi un handicap. La langue orale doit faire l'objet d'un apprentissage. Tout doit être appris, non seulement les mots et leur agencement, mais les usages et les habitudes linguistiques ».
Pour une mise en place d'un bon appareillage auditif L'appareillage auditif doit être mis en place très tôt dès que le diagnostic de surdité est révélé. « Les débuts de l'appareillage coïncident avec l'âge 6 à 8 mois », estime Mme Boufaied. « Certains bébés, dit-elle, sont instables et agités. Ils arrachent leur appareil. Il est préférable alors d'attendre et de reprendre quelques semaines ou quelques mois plus tard. Pour un enfant appareillé jeune et sans incident, l'appareil individuel est comme un complément de l'oreille. La fonction auditive est restaurée. Grâce à une rééducation orthophoniste, la fonction vocale est développée. En cas de surdité profonde voire totale, la mise en place précoce des implants cochléaires permettra de franchir la barrière de la surdité profonde et d'amener au cerveau des très jeunes enfants sourds profonds les informations sonores dont ils ont besoin pour structurer leur langage oral. »
L'enfant sourd peut-il suivre une scolarité normale ? Le principe de l'intégration ne s'applique pas uniquement aux sourds. Il entre dans le cadre d'une politique globale, celle de l'intégration dans la société des individus handicapés. Depuis 2003, l'intégration a pris une tournure officielle en Tunisie. Elle prévoit la fréquentation par des enfants handicapés d'écoles ordinaires qui bénéficient par ailleurs d'un soutien personnalisé. « L'enfant sourd, nous dit Mme Boufaied, peut ainsi partager les activités et les jeux des enfants de son âge et ne vit pas uniquement au milieu des sourds. Mais seuls, les enfants sourds qui ont un niveau de langue orale et une compréhension confortable du langage parlé à 6 ou 7 ans peuvent en profiter. Ils sont aidés par un orthophoniste et des pédagogues. Un sourd qui a très peu de langage à six ans, a peu de chances de réussir dans une classe d'entendants ». Bref, il faut individualiser la prise en charge des enfants sourds et tenir compte des spécificités liées au développement de chaque enfant. L'implication des parents est importante. Un encadrement personnalisé permet souvent d'améliorer ce handicap chez l'enfant.