Quand le « Clan des divorcées » ramène sa fraise, il faut respirer un bon coup. Car il n'est pas sûr qu'à force de se tenir les côtes, en se tordant de rire, sans discontinuer, l'on puisse encore avoir le réflexe, de s'arrêter un temps, histoire d'attendre qu'un ange passe. Parce qu'il est fort à parier qu'il ne passera pas, préférant s'inviter lui aussi, sur la pointe des pieds, afin de se fendre la pêche. Et il aura raison. Au Théâtre Municipal, hier et aujourd'hui, « Le Clan des divorcées », la pièce à très grand succès de Alil Vardar, se joue à guichets fermés. Tout comme à chacun de ses passages en France, où elle tourne, depuis six ans, comme touchée par la grâce. Ce n'est pas pour rien que Paris lui a ouvert ses bras, et ne la lâche plus. Programmée dans le cadre de la deuxième édition de « Tunis fait sa comédie » (Yalil Productions), la pièce, qui clora l'année en beauté, -pour les bienheureux qui auront la chance d'y être-, opère à une incursion, pour le moins déjantée, dans l'univers de trois femmes divorcées. Trois femmes, qu'un même destin unit, pour un temps, et qui n'ont a priori, rien à faire ensemble. Et ne peuvent que se regarder en « chiens de faïence », parce qu'il n'est pas jusqu'à leurs niveaux de langage, qui divergent. Il n'empêche, sous la plume acerbe, drôle et caustique de Alil Vardar, tout cela ne peut que prendre une tournure, pour le moins désopilante. Elles sont donc trois : Stéphanie d'Humily de Malanpry, une bourgeoise « coincée », Mary Bybowl, une british décalée, qui n'en n'est pas à sa première expérience, question rupture, et enfin Brigitte la rurale, interprétée (pour la dernière fois hélas car il est appelé à jouer ailleurs), par Alil Vavdar lui-même. Tout ce beau monde se retrouve donc au devant de la scène, au propre comme au figuré, pour tenter d'en découdre avec une situation, qui ne peut être gaie en soi, mais qui ici prête à rire, traitée sous le mode de la dérision. Une catharsis à peu de frais, en somme, où tout ce qui concerne la sacro-sainte institution du mariage, par ricochet, et celle du divorce, sont disséqués minutieusement, mine de rien, férocement, avec détachement, avec passion, et avec un humour truculent, par trois femmes en délire. Chacune à sa manière, essaie de vider son sac, pêle-mêle, en vrac ou par à-coups, offrant aux spectateurs, le temps d'une heure et demie que durera le spectacle, des tranches de vie, des réminiscences, et beaucoup de bonheur. Un thème fédérateur le divorce ? Certes oui nous expliqueront en substance les deux comédiennes de la pièce (la bourgeoise et la british), puisqu'un couple sur trois divorce aujourd'hui en France. Mais pas seulement en France puisque ça fait partie de la vie. On se marie, on s'aime, on se déchire à belles dents, et vogue le navire… Mais avec ce Clan-là, on en redemande… !