Au départ on les appelait les arracheurs de dents. Depuis ce geste a acquis toutes ses noblesses et ils sont devenus des chirurgiens dentistes avec un diplôme délivré par la faculté de médecine leur permettant d'exercer leur art. Ils sont aujourd'hui 3000 à exercer en Tunisie, dont 1800 dans des cabinets privés. La faculté de chirurgie dentaire de Monastir injecte annuellement 180 nouveaux diplômés sur le marché de l'emploi. La dentisterie en Tunisie est bien entrée dans nos habitudes hygiéniques et ils sont nombreux les citoyennes et citoyens qui se rendent une fois l'an se faire examiner par un chirurgien dentiste. Presque de vraies dents La profession progresse scientifiquement à la vitesse grand V. Depuis une vingtaine d'années une nouvelle technique a vu le jour chez les dentistes. Aux classiques bridges et couronnes est venue s'ajouter l'implantologie. C'est une révolution. Les implants dentaires sont des dents de remplacement comparables en principe à de vraies dents. Leurs avantages sont nombreux : au plan de l'esthétique d'abord surtout pour les femmes, ensuite au plan du confort au quotidien. Très brièvement en quoi consiste l'opération ? Il s'agit, si l'état du patient le permet, de forer dans la gencive pour placer un ou plusieurs implants qui supporteront dans une phase ultérieure une ou plusieurs dents de remplacement. Voilà tout est dit. Mais cette opération a un coût et doit satisfaire à certaines normes. Où on est-on en Tunisie ? Disons le tout de suite l'état des lieux n'est pas satisfaisant ! En l'absence totale de textes régissant l'exercice de cette activité chaque praticien en fait à sa tête ! Sinon comment expliquer les écarts de prix que nous avons constaté : certains praticiens nous ont parlé de 2500 dinars pour une dent finie posée alors que d'autres avancent le prix de 1500 dinars pour la même opération ! Chacun avance des arguments défendables mais avouons que l'écart est énorme et que ça ne concerne qu'une seule dent alors que dire quand il s'agit de trois ou quatre dents comme c'est souvent le cas ? Pas un texte à se mettre sous la dent ! Lors de cette enquête nous croyons avoir saisi le maillon faible : les dérives se situeraient au niveau du prix réel de l'implant à son importation . Cette importation n'est pas codifiée et se fait souvent sous le manteau. J'ai vu dans certains cabinets des implants fort douteux quant à leur origine ! absence totale d'indication sur l'origine et sur la nature du matériau : pourtant c'est un matériau qui doit être classé médical et répondre aux normes auxquelles sont soumis les cathéters et autres appareils à usage unique ! C'est le moins qu'on puisse faire. Quant au prix il devrait être fixé par les autorités compétentes comme pour les médicaments ou autres masques qu'on a importés à l'occasion de la grippe AH1N1. Au cours de cette enquête on s'est laissé dire que le Conseil de l'ordre travaille actuellement sur l'assainissement de ce secteur en préparant une liste de recommandations à soumettre aux autorités compétentes. Si cela se confirmait ce serait tant mieux, et nous ajouterons l'octroi d' une autorisation spéciale pour exercer ce genre d'activités aussi bien pour les praticiens que pour les cabinets qui abriteront ces activités. S'il est une activité qui peut trouver sa place dans le tourisme médical c'est bien l'implantologie, aussi nous semble-t-il urgent de mettre de l'ordre , dans la demeure sachant que des millions d'implants dentaires sont posés tous les ans dans le monde entier pour rendre le sourire, le rire et le manger à ceux qui en ont besoin.