En lançant une offensive d'ampleur contre les talibans afghans à Helmand, les Américains et leurs alliés comptent, cette fois s'attaquer à l'une des sources de financement de l'insurrection talibane : l'opium. L'argent étant le nerf de la guerre, les talibans utilisent les revenus de l'opium pour financer leur guerre. Situation pourtant paradoxale pour une formation qui se proclame de l'Islam, car l'opium est à la source illicite d'un point de vue religieux. Sachant qu'en politique, c'est la finalité qui prime, les talibans pourraient rétorquer par la règle de la Chariaâ telle qu'ils l'interprètent : " l'excuse se nécessite " ! Quant à la coalition internationale en Afghanistan, l'offensive est une sorte de " tarissement des sources " pour amadouer, un tant soit peu, des talibans coriaces et contre lesquels toutes les tentatives ont échoués. Dans un pays où la culture de l'opium est la principale source de revenus pour une grande partie de la population et pas seulement pour les talibans, cette offensive s'annonce déjà compliquée. L'alliance occidentale risque d'avoir la population sur le dos même si elle parviendra à réaliser les objectifs annoncés. Mais reste que s'attaquer à l'opium afghan démontre, en même temps, un retournement de situation révélateur. Du temps de la guerre contre les Soviétiques en Afghanistan, les Etats-Unis encourageaient l'usage par les " Moudjahidines " de l'opium pour financer leur guerre contre les communistes. Les Etats-Unis considéraient à cette époque ces Moudjahidines comme des " Freedom fightons " (combattants pour la liberté). On est devant la démonstration que l'ami d'hier pourrait être l'ennemi d'aujourd'hui, et vice-versa, et qu'en politique internationale il n'y a qu'une seule constante, l'intérêt immédiat.