D'aucuns se demanderaient sur le choix du 8 mars pour célébrer la journée internationale de la femme et sa signification. Interrogation on ne peut plus légitime dans la mesure où même parmi les femmes d'aujourd'hui nombreuses sont celles qui ignorent les origines ayant mené à sa naissance. Cela remonte il est vrai à un siècle, mais il est du devoir de tous de faire sa petite recherche pour situer l'événement dans son cadre historique. En effet c'est le 8 mars 1910 et à l'occasion de la seconde conférence internationale des femmes socialistes que l'idée d'une journée pour la femme est née. L'objectif était d'interpeller les esprits sur la condition féminine dans le monde pour que la moitié de l'humanité - laissée pour compte - prenne la place qui lui revient de droit. La lutte pour l'égalité des sexes menée par des féministes convaincues dût bien sûr se heurter à l'hostilité farouche des sociétés foncièrement patriarcales, d'autant qu'à l'orée du Xxe siècle peu de femmes étaient conscientes et instruites sur leur statut d'infériorité et ne se posaient même pas la question sur de possibles changements pour bousculer cet état de choses même dans les pays occidentaux qui avaient déjà pris des longueurs d'avance sur ceux d'Afrique, d'Asie ou d'Amérique Latine au niveau des législations et des acquis sociaux. Et l'on peut dire et en dépit de la naissance de nombreux mouvements appelant à l'égalité des sexes que le véritable tournant fut la deuxième guerre mondiale qui bouleversa les mœurs et ouvrit les yeux sur une anomalie dont souffrait toute la société. L'accès à l'école donna l'impulsion qui jusque-là avait fait défaut pour que les femmes se fassent entendre et s'imposer comme partenaires égales à la gent masculine qui dut battre en retraite pour finalement admettre que les temps ont réellement changé. En France et à titre d'exemple le droit de vote aux femmes ne fut légiféré qu'après la libération, pourtant c'est le pays de la révolution de 1789 dont la constitution inspira la déclaration universelle des droits de l'Homme ! En Suisse il a fallu attendre le début des années 1970 pour que les femmes se voient accorder le droit d'élire. Cela prouve si besoin est que les acquis dont jouissent les femmes un siècle après le mouvement qui fût à l'origine de la naissance de cette journée symbole qu'est le 8 mars, ont mis du temps pour avoir leur forme actuelle qui demeure malgré son importance incomplète, tant qu'elle ne touche pas toutes les femmes du monde, surtout dans des pays où les obscurantistes font la loi. En Tunisie les esprits éclairés tant du côté des hommes politiques que du côté des religieux avaient dès les premières années de l'indépendance ouvert la brèche vers une égalité aujourd'hui affirmée entre hommes et femmes. Le code du statut personnel demeure l'un des acquis les plus marquants de la Tunisie indépendante et qui n'a d'égal que ceux des pays les plus développés. Un acquis qui fut enrichi et consolidé par les différentes mesures prises après le Changement du 7 Novembre qui donna à la femme tunisienne cette place que lui envient ses homologues des pays arabes et musulmans. La femme tunisienne n'a plus rien à envier à celles des pays occidentaux. Elle est partout dans les sphères les plus hautes du pouvoir et de l'administration, comme dans les professions libérales. Toutes les chaînes qui l'accablaient ont sauté l'une après l'autre pour qu'elle devienne une vraie partenaire de l'homme. Et si la Tunisie célèbre aujourd'hui cette journée libérée de tous les carcans d'un passé qui faisait d'elle un être inférieur, elle doit le faire tout en demeurant vigilante pour défendre ses acquis et les consolider face aux obscurantistes qui ne désarment pas. La face de la Tunisie a changé avec la législation avant-gardiste qui fait de la femme l'égale de l'homme. Celle du monde a changé aussi mais bien du chemin reste à faire dans plusieurs contrées pour le bien de l'humanité.