Le Temps-Agences- Les états-majors de la gauche française ont aplani les dernières difficultés en vue d'une alliance pour le deuxième tour des élections régionales, aboutissant à un accord partout sauf dans trois régions. Les négociations ont achoppé en Bretagne, où Europe Ecologie se maintiendra dimanche, en Limousin et en Picardie, où la mésentente entre Parti socialiste et Front de gauche provoque deux triangulaires. "C'est une carte de France avec une gauche politiquement rassemblée moins trois petits problèmes", a déclaré Claude Bartolone, membre de la troïka socialiste chargée de négocier le rapprochement après le premier tour. Le PS a remporté dimanche 29,38% des voix, loin devant l'UMP (26,18%), les écologistes et le Front de gauche séduisant respectivement 12,54% et 5,84% des électeurs. Après 36 heures de discussions, critiquées par la droite pour qui la gauche se perdait en "combinazione", l'urgence semblait être à repartir en campagne le plus vite possible. Le premier secrétaire du PS, Martine Aubry, a tenu hier soir un meeting en Franche-Comté, où la gauche rassemblée paraît en mesure de battre le secrétaire d'Etat à la Coopération, Alain Joyandet, arrivé en tête au premier tour mais disposant de très peu de réserves de voix. L'alliance scellée en Ile-de-France, le président PS sortant Jean-Paul Huchon, la dirigeante des Verts Cécile Duflot et la tête de liste du Front de gauche Pierre Laurent ont tenu une réunion en banlieue parisienne hier après-midi pour un déplacement de terrain avant un meeting commun, jeudi soir, au Zénith, à Paris. "Il faut mobiliser (...) pour obtenir une très très belle victoire (...) et faire barrage à la politique catastrophique" de Nicolas Sarkozy, a déclaré Pierre Laurent. Chacun défendait hier un "très bon accord", réfutant les tensions de dernière minute, que la majorité présidentielle tente d'exacerber depuis dimanche. L'alliance "va nous permettre de faire mentir les pronostics de la division et d'amplifier l'espoir qui est né le 14 mars", s'est félicité Christophe Borgel, négociateur socialiste. Même l'annonce, dès lundi soir par le PS, d'un accord national, était balayée d'un revers de main par les écologistes, qui ne cachaient pourtant pas leur colère la veille devant une "stratégie du fait établi" prouvant à leurs yeux que le PS n'avait pas rompu avec sa tentation hégémonique. "Comme tout accord, c'était complexe, mais les gens ont fait preuve de responsabilité", a salué Cécile Duflot, qui sera tête de liste en Val-de-Marne. En Ile-de-France, si la gauche l'emporte dimanche face à la ministre de l'Enseignement supérieur Valérie Pécresse, les écologistes détiendront cinq vice-présidences au sein du futur conseil régional contre deux pour le Front de gauche et huit pour les socialistes. Jean-Paul Huchon ne voit "aucun inconvénient" à ce qu'Europe Ecologie s'occupe des transports et il promet que le "Pass navigo à tarification unique", pierre de touche du programme écologiste, sera mis en place "à mi-mandat". Partout en France, "on a travaillé en bonne intelligence sauf en Bretagne où le président (socialiste Jean-Yves Le Drian) a refusé tout dialogue", a déploré Cécile Duflot, précisant avoir appris son refus d'alliance "par l'imprimerie" chargée de fournir les nouveaux bulletins de vote. Le Front de gauche a fait état de son côté de "vrais soucis" en Picardie et Limousin, où le président socialiste aurait refusé de prendre sur sa liste le candidat du Nouveau parti anticapitaliste. Pour Eric Coquerel, négociateur du Front de gauche, les socialistes ont tout intérêt à faire alliance car "on est largement capables de ramener des abstentionnistes des classes populaires pour renforcer la victoire de la gauche".