Le Temps-Agences- Une soixantaine de salariés sans papiers épaulés par des militants CGT ont lancé hier l'occupation d'un chantier à Paris, afin de réclamer leur régularisation. Ils ont fait irruption dans un groupe d'immeubles situé entre le 32 et 38 rue Blanche, dans le 9e arrondissement de Paris. Ces immeubles de quatre étages sont rénovés par Bouygues et abritaient notamment, selon la CGT, d'anciens entrepôts des Galeries Lafayette. Parmi les manifestants, il y a 62 salariés sans titre de séjour, pour la plupart employés de la société de démolition Adec, basée à Courbevoie et sous-traitant de Bouygues sur ce chantier, ainsi que sur celui de la Tour First à La Défense, de l'OCDE et de l'ambassade des Etats-Unis, autant de lieux officiels qui ont été rénovés par des salariés sans papiers, selon la CGT. "Il faut que Bouygues fasse comme les autres, arrête l'hypocrisie et de tourner autour du pot. Nous sommes engagés dans une démarche avec d'autres employeurs, il faut qu'eux-aussi s'assoient à une table et que la question des formulaires Cerfa (demande de régularisation en préfecture, ndlr) pour les salariés de l'Adec avance", a déclaré Raymond Chauveau (CGT Essone). "Nous sommes du Mali, du Sénégal et de la Mauritanie. On travaille à la démolition à la main, au chalumeau, etc", ont indiqué deux d'entre eux, Ibrahima, 42 ans et Moussa, 38 ans, arrivés respectivement en France en 2000 et 2004. Auparavant, ils travaillaient à la démolition sur un chantier de rénovation d'hôtel dans le XVIe arrondissement, dont ils ont été évacués en janvier. Les salariés sans papiers, soutenus par des militants de la CGT d'Ile-de-France, ont scandé le slogan: "on bosse ici, on vit ici, on reste ici". Interrogé, le responsable des travaux n'a pas souhaité faire de commentaire, tout en rappelant que l'accès du chantier était "interdit au public". Après un premier mouvement de grève dans toute l'Ile-de-France en 2008, plus de 6.000 salariés sans papiers se sont à nouveau mis en grève en octobre 2009 pour exiger des critères clairs de régularisation par le travail, multipliant les occupations de sites, avec le soutien de onze syndicats (CFDT, CGT, FSU, SUD, Unsa) et associations qui demandent à rencontrer le ministre du Travail.