Il sera à Tunis du 12 au 14 mai courant, à l'invitation de l'Institut Français de Coopération, pour un double rendez-vous : théâtral, et cinématographique. Et l'artiste vaut le détour ! Sachant que chez lui, le cinéma n'est jamais loin du théâtre, et le théâtre, pas tout à fait étranger au cinéma. Question de talent. Et lui en a à en revendre ! Jacques Weber sera « Seul en scène », les 12 et 13 mai au Théâtre Municipal (à 19h30), pour proposer au public, une balade en amoureux à travers les grands textes des auteurs, qui nous auront fait rire et pleurer. Rêver aussi. Il paraît qu'en sa compagnie, le voyage pour le coup prend des allures de randonnée, champêtre, qui sait bifurquer malicieusement par des sentiers inconnus, se cachant dans des sous-bois, pour réapparaître, lors même qu'on ne s'y attend pas, ou qu'on ne l'attendait plus, dans une échappée de lumière qui se dore au soleil. Mais il faut savoir le suivre dans ces fragments de textes qui sont aussi fragments de vie. Car il distille la mélancolie, quand la joie installée au creux des mots tendres qui n'ont pas pris une ride, croit avoir pris ses quartiers pour l'été. Et juste au cœur d'une jeunesse qui explose sur la scène à grand renfort de drilles joyeuses, quelque chose d'humide glisse au coin des yeux, qui ne savent pas pourquoi d'un coup, un ciel s'est assombri quand il était si bleu. Ils ne le savent pas, jusqu'au moment où l'émotion, née de la beauté de textes ciselés comme un pur diamant, les réveille par un petit pincement ténu, qui fait lieu de lien, entre un public et un comédien, puissant et magnifique, qui n'oublie pas qu'on vit aussi avec ceux qui sont partis sans nous quitter, et que leurs mots, dont on s'empare sans coup férir, pour qu'ils prennent le rythme de notre respiration, seulement par amour, sont immortels. Et qu'ils constituent notre viatique. Jacques Weber les a fait siens, ces mots immortels, pour en tresser un collier de splendeur, à éblouir, sans modération. Avec « Seul en scène », spectacle qu'il a conçu et qu'il interprète, il rend hommage à sa manière, sans lourdeur ni contrainte, à des dramaturges, des poètes, des cinéastes…, qui ont nourri son inspiration, et sa verve, -car il n'en manque pas-, au point que pour se raconter, se réapproprier ces instants de grâce, avec son corps mouvant, et les accents de sa voix, qu'il sait porter au plus profond des choses, semble être, du coup, la chose la plus naturelle du monde. Prix d'excellence à l'unanimité au Conservatoire national supérieur dramatique en 1971, ayant dirigé, respectivement, entre 1979 et 2001, le Centre dramatique de Lyon et celui de Nice, Jacques Weber, qui a imprimé sa trace, autant dans le cinéma qu'au théâtre, mais aussi à la télévision, en tant que comédien, et en tant que metteur en scène et réalisateur, a également signé un livre : « Des petits coins de Paradis » (octobre 2009), où il se raconte, à voix voilée, à travers un récit, pudique et bruissant de mille et une vies, qu'il dédie à tous ceux, et celles qui ont compté dans sa vie, de près, comme une étreinte du cœur, ou de loin, comme une petite luciole qui brille dans la nuit, pour vous montrer le chemin les soirs d'égarement et de peine. « Des petits coins de Paradis » c'est aussi Serge, enterré à la première page, pour renaître, plus vivant que jamais dans toutes celles qui suivront, ou presque, par fidélité et comme une marque d'amitié et de fidélité. De celle que cimente le temps. Une séance de dédicace de l'ouvrage, aura lieu le 14 mai à la Médiathèque Charles de Gaulle, juste avant la projection du long-métrage de Jean-Paul Rappeneau : « Cyrano de Bergerac », qui sera présenté par le comédien. Pour autant, voir Jacques Weber « Seul en scène », en train de faire renaître ces voix magistrales qui ne peuvent que nous parler : celles de Duras, Molière, Beckett, Rimbaud, La Fontaine, Brasseur, Jouvet, Devos, Corneille, Maikovski, et Corneille, pour ne citer qu'eux, et l'écouter, dans un silence assourdissant, en fermant les yeux, c'est avoir accès à la beauté, quelques instants d'éternité. Avec du rire en cascades comme une écume des jours heureux.