Leur 8e de finale du Mondial-2010 cet après-midi démentira les stéréotypes: l'Angleterre s'appuiera sur son expérience et son organisation, pendant que l'Allemagne jouera sur la jeunesse et la vivacité. --Les entraîneurs. Avec près de 29 ans de moyenne d'âge, l'Angleterre n'est jamais venue à un Mondial avec une équipe aussi âgée. Le sélectionneur Fabio Capello est là pour gagner, pas pour préparer l'avenir. --Joachim Löw a fait confiance à la plus jeune sélection allemande depuis 1934, grâce à laquelle il entend imposer sa philosophie d'un jeu rapide et technique. Cela ne sourira peut-être pas cette fois, mais l'Allemagne a un avenir. --Les gardiens. A 24 ans, Manuel Neuer fêtera sa 9e sélection, quand David James aura 40 ans en août... Choisi après le forfait de Rene Adler, le gardien de Schalke 04 est régulier sans être transcendant. Il n'a pas rassuré contre la Serbie et il peut parfois sortir à l'aventure. James a cru devoir encore se contenter d'un rôle de doublure. Mais la bourde de Robert Green contre les Etats-Unis lui a offert ses débuts dans un Mondial. Il s'est montré autoritaire contre les Algériens et les Slovènes. Mais ses compatriotes craindront le retour de "Calamity" James. --Charnières. Au terme d'une saison cauchemardesque avec le Hertha Berlin, Arne Friedrich s'est imposé comme le roc de la charnière, excellent contre le Ghana, quand Per Mertesacker déçoit. Ils pourraient souffrir face à la vivacité de Wayne Rooney et de Jermain Defoe. Après les blessures de Rio Ferdinand et de Ledley King, et la suspension de Jamie Carragher, le 4e choix, Matthew Upson, a été le bon contre la Slovénie. John Terry, après avoir semé le trouble en critiquant Capello, a livré une performance de haute volée. --Les créateurs. Mesut Özil, 21 ans, a brillé contre l'Australie, puis a baissé de ton malgré un but splendide contre le Ghana. Un parcours typique de celui que son entraîneur chez les Espoirs, Horst Hrubesch, décrit comme le "Messi allemand". Talentueux, il est aussi inconstant, comme l'a démontré sa saison au Werder Brême. Steven Gerrard a souffert avec Liverpool. Mais il monte en puissance et le brassard de capitaine le motive pour enrichir un palmarès insuffisant pour un joueur doté d'un tel talent. Sami Khedira, la révélation allemande -- Le milieu axial. Son rôle ingrat le met moins en évidence qu'Özil, mais Sami Khedira, 23 ans, est LA révélation allemande. Costaud, constant, excellent dans les airs, il pourrait voir son importance encore accrue en cas d'absence de Bastian Schweinsteiger, incertain. Il devra notamment maîtriser les velléités offensives de Frank Lampard, 32 ans. L'Anglais n'est pas encore vraiment entré dans son tournoi et peut être pris en défaut dans le travail défensif, mais ses 22 buts en Premier League incitent à la méfiance. --L'attaque. Après une saison éblouissante, Wayne Rooney souffre, tandis que Lukas Podolski, désespérant avec Cologne, revit sous le maillot national. Très bon contre l'Australie, Podolski a ensuite moins convaincu, ratant un penalty contre la Serbie. Quant à Rooney, toute l'Angleterre attend son réveil. ------------------ Histoire de tirs au but : Spécialité allemande; traumatisme anglais Si le huitième de finale de la Coupe du Monde de la FIFA 2010 devait se décider aux tirs au but cet après-midi, l'histoire plaide pour l'Allemagne aux dépens de l'Angleterre. Mais à en croire quelques signes, la tradition pourrait être démentie. Cadors allemands, fébriles anglais L'Allemagne n'a jamais perdu une séance de tirs au but lors d'une Coupe du Monde ou d'un Euro. La France (1982), le Mexique (1986), l'Angleterre (1990 et 1996) et l'Argentine (2006) en ont fait les frais. Mieux encore, depuis Uli Stielike contre la France, aucun Allemand n'a raté un tir au but... "Prendre le ballon, rester calme, se concentrer uniquement sur le tir et rien d'autre", voilà la recette d'Andreas Brehme, tireur en 1990. Est-ce étonnant quand on sait que les tirs au but sont une invention d'un arbitre allemand, Karl Wald, pour départager deux équipes dans un championnat régional en 1970, et adoptée en 1976 par la FIFA ? A l'inverse, l'Angleterre a été éliminée via cet exercice de cinq de ses huit derniers tournois : Mondiaux 1990, 1998 et 2006 et Euros 1996 et 2004. Deux fois, leurs bourreaux ont été Allemands. L'ancien défenseur Gareth Southgate a eu le malheur de rater son tir au but dans le temple du football anglais, Wembley, en demi-finale de l'Euro 96 : "Oh non, pas les penalties!", supplie-t-il. "L'Angleterre doit ignorer ces petites voix dans la tête ou elle risque de prolonger un bilan catastrophique". "Et si je ratais ? Cette seule pensée, qu'avec un peu de préparation j'aurais pu éliminer, se frayait un passage dans mon subconscient. Avec le recul, je sais que c'est la source de mon échec", se souvient Southgate. La malédiction est-elle éternelle ? "La chance n'a rien à voir là-dedans, comme je l'entends ici et là. Il s'agit de préparation", insiste le gardien anglais David James. C'est un secteur crucial, puisqu'à l'exception de 2002, toutes les finales depuis 1982 ont accueilli au moins une équipe sortie victorieuse de l'exercice. Le sélectionneur "Fabio Capello ne laisse rien au hasard. Il a analysé ce dont nous avions besoin. On a fait le nécessaire. Et si la campagne doit se décider aux tirs au but, elle sera formidable...", affirme James. Un psychologue, Christian Lattanzio, accompagne les Anglais et a travaillé ce point : "Il est important de beaucoup s'entraîner. Cela permet d'être plus solide mentalement, de se sentir en contrôle." Pour ne rien gâter, James est un spécialiste de l'exercice, comme pouvaient l'être les gardiens allemands Harald Schumacher, Oliver Kahn et Jens Lehmann. Leur successeur Manuel Neuer affiche son optimisme, malgré sa relative inexpérience (24 ans, 8 sélections) : "On espère bien sûr avoir fait la décision avant les tirs au but, mais on va bien sûr se préparer à ce scénario (...). J'ai confiance en moi sur les penalties". La jeune génération ne semble toutefois pas avoir les nerfs d'aciers des anciens : contre la Serbie, Lukas Podolski a raté un penalty. Ce n'était que le deuxième échec dans le jeu dans un Mondial pour les Allemands. Le premier depuis Uli Hoeness en 1974...