En principe, la baignade est automatiquement interdite par les autorités compétentes en cas de pollution des eaux de la mer. Or, il y a des plages qui continuent d'être ouvertes aux estivants malgré la qualité des eaux de baignade qui laisse à désirer. Tel est l'état des plages remarqué sur le long du littoral de la banlieue sud. Le visiteur de ces plages n'a pas besoin de recourir aux différents instruments de mesure pour analyser le degré de pollution et les risques encourus par les baigneurs : tout est visible à l'œil nu (plages jonchées d'ordures et de résidus ménagers et mer insalubre du fait de la proximité des ports de la Goulette et de Radès et surtout à cause des brise-lames installés depuis des années le long du littoral en vue de stopper l'avancée de la mer sur les riverains. Et dire que les gens continuent de se baigner dans ces eaux polluées comme si de rien n'était et les responsables municipaux osent encore hisser le drapeau vert sur ces plages comme pour rassurer les estivants de la pureté et de la conformité de ces eaux de baignade. Souvenir, souvenir… Les adultes d'aujourd'hui se souviennent encore avec une pointe de nostalgie et, parfois, avec un grand pincement au cœur, de leurs vacances passées pendant leur jeunesse sur ces plages aux sables fins et aux eaux pures et transparentes et gardent encore en mémoire ces charmantes promenades effectuées le long de la corniche de ces plages qui enchantaient les poètes et les romanciers tels que Ali Douagi qui réserva une partie de son livre « Sahirtou Minhou Ellayali » à la plage d'Hammam-Lif. De même celle de Radès ou d'Ezzahra qui fut une source d'inspiration pour de nombreux poètes et peintres étrangers, comme Maurice Riguet et Paul Klee qui ont dans le passé élu domicile dans ces coins paradisiaques et ont fait respectivement écho dans leurs poésies et leurs peintures des plus belles promenades et baignades dans ces lieux côtiers de la banlieue sud. Aujourd'hui, la mer, naguère pure et propre, est devenue souillée. Il faut dire que les habitants originaires de cette banlieue ne quittaient jamais leurs domiciles en vacances d'été pour aller se baigner ailleurs. Aujourd'hui, ils sont obligés de déserter leurs plages pour aller prendre leurs baignades dans d'autres plages plus propres, parfois plusieurs kilomètres plus loin. Ceux qui n'ont pas les moyens sont obligés de prendre leur bain dans ces eaux polluées, comme cette femme qu'on a rencontrée accompagnée des ses trois gosses qui étaient en train de barboter dans des eaux presque noires : «On n'a pas le choix, nous a-t-elle confié, je leur ai beau dire que les eaux de cette mer ne sont pas bonnes pour la baignade, mais les enfants sont têtus et ne savent pas qu'ils peuvent attraper des maladies. Mais, tant qu'il n'y a pas de pancartes interdisant les gens de se baigner, c'est rassurant ! Et puis, on n'a pas les moyens pour aller dans d'autres plages où il n'y a pas de pollution. » D'autres gens, habitant depuis longtemps dans ces villes côtières de la banlieue sud, sont conscients que ni la plage ni la mer ne sont accessibles en les comparant à celles d'antan, mais s'obstinent à les fréquenter malgré tout : « On sait que depuis des années, la mer ici n'est plus propre comme dans le passé, on est conscient des risques, mais on ne peut pas abandonner notre ville, c'est ici que nous passons nos vacances depuis belle lurette ; on est amoureux de notre plage que nous ne quitterons jamais », nous a expliqué un jeune homme, assis sous un parasol, accompagné de sa femme. Le soir, des odeurs nauséabondes se dégagent de la mer et font fuir les promeneurs sur la corniche. Même les riverains sont atteints par cette odeur suffocante provenant des eaux stagnantes ou du cumul de plusieurs tonnes d'algues rejetées au bord de la mer par les vagues. On croit savoir qu'une commission d'experts a été chargée récemment par les autorités compétentes en vue de déterminer les causes de cette détérioration des eaux de mer et l'origine de ces odeurs insupportables et apporter les solutions adéquates. Le résultat se fait encore attendre. Eaux souillées Les plages de la banlieue sud sont, de l'avis de tous, de plus en plus dégradées et les eaux de baignade deviennent plus souillées d'année en année. Les efforts faits par les municipalités concernées qui consistent en un nettoyage annuel des lieux côtiers, demeurent insuffisants. Aussi faudrait-il chercher d'autres solutions plus radicales pour rendre à ces plages leurs charmes en se débarrassant des brise-lames qui sont à l'origine de la dégradation de la mer et les remplacer par de nouvelles techniques déjà utilisées dans plusieurs pays développés et en déviant les eaux usées vers des stations d'épuration avant de les déverser dans la mer. Certes ces travaux seront coûteux, mais il y va de la santé du citoyen et de l'image de la Tunisie où des millions de visiteurs étrangers viennent chaque année pour jouir de la beauté de nos plages !