Le Temps-Agences - La compagnie américaine Continental Airlines a été condamnée hier par le tribunal correctionnel de Pontoise à une amende de 200.000 euros et à verser à Air France 1 million de dommages et intérêts pour sa responsabilité dans le crash du Concorde en 2000. Son avocat, Me Olivier Metzner, a immédiatement annoncé son intention de faire appel, en dénonçant une décision "qui protège uniquement les intérêts français". Le tribunal a estimé que le crash, qui avait fait 113 morts et mis fin à l'aventure du supersonique, avait été provoqué par une lamelle perdue sur la piste à Roissy par un avion de Continental qui avait décollé quelques minutes avant le Concorde. La justice a également condamné à 15 mois de prison avec sursis l'un des employés de la compagnie américaine, John Taylor, 42 ans, pour avoir mal fabriqué et fixé cette lamelle. Le tribunal a en revanche relaxé son chef d'équipe, Stanley Ford, 71 ans, ainsi que les trois prévenus français, anciens responsables de l'aéronautique qui étaient poursuivis: Henri Perrier, 81 ans, ex-directeur du programme Concorde chez Aérospatiale, son collaborateur Jacques Hérubel, 75 ans, et Claude Frantzen, 73 ans, ex-cadre de la direction générale de l'aviation civile (DGAC). "Aucune faute caractérisée ne peut être reprochée" aux trois Français, a estimé le tribunal. Le parquet avait requis à l'encontre de Continental une amende de 175.000 euros, 18 mois de prison avec sursis contre les deux employés américains, et deux ans de prison avec sursis pour Henri Perrier. Il avait demandé la relaxe pour les deux autres Français. Au civil, la compagnie américaine a été condamnée à verser 1 million d'euros de dommages et intérêts à Air France, exploitante du Concorde: 500.000 euros pour "préjudice moral" et 500.000 pour "atteinte à l'image". Le tribunal n'a pas retenu le préjudice de "dénigrement". EADS France, "civilement responsable" de Henri Perrier et Jacques Hérubel, devra contribuer à hauteur de 30% au paiement de plusieurs dizaines de milliers d'euros de dommages et intérêts à diverses parties civiles, a également décidé le tribunal. Durant tout le procès, de février à mai, Continental Airlines avait réfuté la thèse selon laquelle l'accident aurait été provoqué par une simple lamelle d'une quarantaine de centimètres, qui avait fait éclater un pneu du supersonique. La défense de la compagnie américaine avait maintenu que l'avion avait pris feu avant même de rouler sur ce bout de ferraille. Pour le tribunal, "aucune des constatations matérielles effectuées ni témoignages ne permettent de corroborer" cette thèse. Le tribunal a en outre épinglé la "maintenance défectueuse" de la compagnie américaine.