Le Temps-Agences- Le comité Nobel a tenté d'apaiser le courroux de Pékin hier après une nouvelle volée de critiques en provenance de la Chine qui ne décolère pas depuis l'attribution du prix Nobel de la paix au dissident chinois Liu Xiaobo. "Ce n'est pas un prix contre la Chine. C'est un prix qui honore la population chinoise", a déclaré le président du comité, Thorbjoern Jagland, au cours d'une conférence de presse à la veille de remise --symbolique-- de la récompense à l'opposant, toujours emprisonné dans son pays. Deux mois après l'attribution du Nobel, la fureur de Pékin n'est pas encore retombée: après avoir traité les membres du comité de "clowns", les autorités chinoises se sont de nouveau targuées hier du soutien de "l'écrasante majorité des gens dans le monde". "Ces gens du comité Nobel doivent admettre qu'ils sont minoritaires", a affirmé la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Mme Jiang Yu. Condamné fin décembre 2009 à 11 ans de prison pour "subversion du pouvoir de l'Etat" après avoir corédigé la "Charte 08", un texte qui réclame une démocratisation de la Chine, Liu Xiaobo, 54 ans, ne pourra pas venir à Oslo recevoir son prix. En coulisses, le géant asiatique a essayé de limiter l'impact de la cérémonie: il a demandé aux autres pays de boycotter l'événement et menacé de "conséquences" les Etats qui soutiendraient Liu Xiaobo. En Chine, où l'attribution du Nobel avait été passée sous silence en octobre, les sites internet de plusieurs médias étrangers, comme la BBC ou CNN, étaient de nouveau bloqués hier. Après le Nobel, les autorités ont durci leur attitude vis-à-vis des dissidents et tout fait pour les empêcher de se rendre à Oslo. "Sur le court terme, on voit que la situation pour les défenseurs des droits de l'Homme a empiré mais sur le long terme, je pense que (le prix) aura l'effet inverse", a estimé M. Jagland. Hier, en réponse à l'appel d'Amnesty International, une centaine de personnes ont manifesté devant l'ambassade de Chine à Oslo pour réclamer la libération de Liu Xiaobo et tenter de remettre une pétition de soutien qui a reçu près de 100.000 signatures selon l'ONG.