L'administration postrévolutionnaire a changé, du moins au niveau du rapport entre l'agent et le citoyen. Il faut dire que ce dernier a gagné en respect et en considération. L'accueil dans nos administrations atteint une qualité inespérée, il y a quelques semaines. Le citoyen est chouchouté, accueilli avec le sourire, ses doléances prises au sérieux et même le vocabulaire est devenu irréprochable. Dans la rue, c'est kif-kif ! Le monde entier peut désormais nous envier nos agents de police. Ces derniers sont devenus moins flics que d'habitude. Ils nous parlent plus et sont moins hautains. Ils nous sourient plus souvent et on les aime chaque jour un peu plus. Y a plus ce rapport de force et cette suspicion automatique jusqu'à preuve d'innocence. Même le bakchich d'usage a disparu à ma connaissance et c'est la première condition pour que la police, elle aussi longtemps sous la botte de la dictature, retrouve sa dignité. Et ceci est valable pour tous les agents de l'administration qui ne marchaient normalement qu'en graissant les pattes du mammouth, comme dirait Claude Allègre. Mais est-ce suffisant ? Malheureusement, beaucoup de chemin reste à parcourir et surtout énormément de réformes seront nécessaires déjà pour bannir certaines mentalités et réflexes qui font de notre administration un frein à l'essor social et économique. Ainsi, nous avons constaté que quelques fonctionnaires mélangent liberté et discipline. Exemple, dans une administration de la place, une citoyenne a dû attendre plus d'une heure le retour du premier responsable de sa pause café. D'ailleurs, son cas était tellement urgent qu'un des employés a dû le rameuter en l'appelant sur son portable. C'est vrai qu'en retournant à son poste, il a été très « accueillant » mais il lui a fait perdre sa matinée et elle a dû reporter la suite de ses courses administratives nécessaires à la poursuite de ses activités professionnelles. Commentaire cynique de la dame : on a certes banni les pots-de-vin (« Kahwa » en dialectal) et nous sommes désormais otages des pauses café (« Kahwa » aussi en dialectal).