La popularité de Rim Banna en Tunisie n'est pas à démontrer. Le public nombreux qui a assisté jeudi dernier (11 août) à son concert donné au Théâtre Municipal, en est la preuve. Rim Banna, artiste palestinienne aux chansons engagées et aux idées libres et révolutionnaires, a sympathisé avec la révolution tunisienne dès la première étincelle qui avait jailli à partir du bassin minier de Gafsa et elle a soutenu en 2009 les étudiants tunisiens qui ont fait pendant deux mois la grève de la faim. Elle a également enregistré une vidéo clip de solidarité qu'elle a dédiée aux mineurs insurgés et envoyée à travers ses amis au siège de l'Union Générale des Etudiants Tunisiens. Elle fut ainsi la première artiste arabe à avoir exprimé son admiration et son appui pour la Révolution tunisienne. Les chansons de Rim Banna puisent leur inspiration dans les traditions, l'histoire et la civilisation du peuple palestinien. Son répertoire comprend des chansons populaires auxquelles elle et son mari Leonid Alexienko, un guitariste ukrainien, apportent de nouveaux arrangements, mais aussi des textes qu'ils mettent en musique. Elle a été nommée « ambassadrice pour la paix » en Italie en 1984 et a obtenu le Prix de la Palestine pour le chant en l'an 2000. Ce soir-là, elle s'est produite sur la scène de la bonbonnière en costume traditionnel palestinien et pieds nus comme pour révéler sa communion avec la nature, la vraie nature des hommes ou pour confirmer son contact direct avec la terre, sa terre natale. Elle était accompagnée de trois instrumentistes jouant respectivement d'une guitare électrique, d'une basse et d'une batterie. C'était fort suffisant pour créer une ambiance très survoltée grâce aux mélodies rythmées émanant de ces trois instruments et à la voix forte de l'artiste qui avait interprété un florilège de chansons populaires palestiniennes dont la plupart sont connues du public. Elle chanta la Palestine, la Révolution, la Liberté et l'espoir de voir un jour son peuple libre et indépendant et enflamma tous les assistants par la beauté de sa voix, le style de sa musique et la profondeur des paroles. Elle interpréta « Safer w khothni maâk », « Fouk Al Jabel », « Ben El Gamar », « maraya Rouhi » et d'autres chansons issues d'évènements réels survenus en Palestine, comme « Sarah », cette petite fille de trois ans tuée par un snipper israélien alors qu'il ciblait son père. Il y avait aussi « Malik », ce jeune palestinien, martyr à 14 ans, qui a osé affronter un tank israélien ayant pour seule arme une pierre. La chanson « Mich'âl » racontait l'histoire populaire d'un très beau garçon palestinien qui a déserté un jour l'armée ottomane pour regagner son village où toutes les filles, amoureuses de lui, l'attendaient avec impatience. D'autres chansons qui émanent du vécu quotidien du peuple palestinien et de sa lutte pour la liberté. La chanteuse a poussé à plusieurs reprises quelques youyous à la manière palestinienne et exécuté quelques mouvements de danse de son pays qui furent très appréciés par le public.