Jeudi dernier, Rim Al Banna a donné, au Théâtre municipal, un concert de haute qualité en présence d'un public nombreux, venu découvrir les talents de cette chanteuse et compositeur palestinienne. Accompagnée de deux guitaristes, Jard Vidor et Gustavo Garcia, et du percussionniste Roberto Elbour, Rim a offert au public un récital qui fusionne la musique arabe classique et traditionnelle avec le style populaire occidental, ce qui donne une sorte de métissage artistique qui allie rythmes frénétiques de la guitare et sons particuliers des percussions. Au menu de la soirée, deux genres de chansons nous ont été présentés. Des titres légers, puisés dans le répertoire du patrimoine palestinien, et d'autres à la tonalité émouvante, qui décrivent la souffrance du peuple et les injustices qui le frappent. Sur un ton sensible et communicatif, la cantatrice palestinienne a entamé son spectacle avec une interprétation a cappella de El ghorba yamma, un morceau exquis qu'elle a mis en relief par sa voix expressive, grave et puissante, transmettant au public présent le sentiment de déchirure, de souffrance et même de désespoir d'un peuple qui lutte pour sa liberté. Sous un tonnerre d'applaudissements, la chanteuse a continué de nous enchanter avec un autre air, intitulé Amsa al massa, accompagnée cette fois-ci de ses musiciens. Puis, ce fut Maraya ar' rouh (Les miroirs de l'âme), une chanson au rythme saccadé et où la guitare prédomine, qui a été dédiée à la Tunisie, capitale des révolutions arabes, ainsi qu'à tous les otages, prisonniers et autres combattants de la Palestine spoliée. Au cours de la seconde partie du concert, Rim a continué sur la même lancée, nous offrant des chansons qui racontent la lutte d'un peuple et les horreurs dont il est victime. Avec les deux chansons Sarah et Farès Ouda, la chanteuse a plongé l'assistance dans une ambiance triste, voire tragique, en retraçant l'assassinat de ces deux enfants faits martyrs, tués par les Israéliens à l'âge, respectivement, de deux et de quatorze ans. A travers eux, rendant hommage ainsi à tous les Palestiniens, particulièrement aux habitants de Gaza, Rim Al Banna a ensuite changé de registre en nous interprétant des chansons du patrimoine palestinien, Tahlilett ya sitti, Sitti el ârja, Mechâal (Flambeau), qui ont détendu l'atmosphère et séduit le public, qui a chanté avec l'artiste Assawt, arraïha, ach'chakl (La voix, l'odeur, la forme), un morceau dédié aux jeunes de la Tunisie qui ont bien réussi leur révolution, aux Egyptiens, aux Syriens, et à tous les peuples arabes en révolution. La cantatrice devait clore son récital par la fameuse chanson de Marcel Khalifa Ounadikom wa achouddou âla ayadikom (Je vous appelle et je vous serre la main), interprétée avec beaucoup d'ardeur et de chaleur. Avec sa belle voix, sa remarquable présence sur scène, l'émotion et l'énergie qu'elle dégage, la talentueuse interprète-compositeur Rim Al Banna a plu, touché et convaincu. Personne n'a regretté le déplacement.