• La troïka attire le plus l'attention • Négligence et marginalisation des femmes politiciennes Les résultats de la quatrième phase du monitoring des médias en période de transition, plus particulièrement du 25 octobre jusqu'au 25 novembre, ont été présentés, hier, lors d'une conférence de presse assurée entre autres, par Mme Sana Ben Achour, coordinatrice de l'Observatoire des médias. Le bilan du mois démontre que les médias, écrits, et audio-visuels n'ont pas été neutres dans la plupart des cas. C'est dans le secteur télévisuel que l'on soulève le plus ce point. « De manière générale, le ton manque à 27,6 % de neutralité dans le secteur, plus particulièrement, dans les deux chaînes privées, où il atteint les 42 % dans une chaîne », déclare Mme Ben Achour. Par ailleurs, le rapport révèle que la troïka (le Mouvement Ennahdha, le CPR et Ettakatol) a bénéficié de plus de la moitié de la couverture alors qu'elle était moins servie précédemment. Un vent de liberté a soufflé sur la presse tunisienne après le 14 Janvier. Ce constat a été confirmé par plusieurs observateurs notamment, la coalition des ONG tunisiennes pour la transition démocratique réunissant, l'ATFD, l'AFTURD, la LTDH, le CNLT, le SNJ, et l'OLPEC qui assurent le monitoring des médias tunisiens depuis juillet 2011. Cependant, un autre constat a été relevé suite au travail d'observation. En fait, nos médias, toutes les spécialités confondues, sont encore loin du professionnalisme, autrement dit de la neutralité. Le monitoring des médias a démontré que durant un mois, (du 25 octobre jusqu'au 25 novembre, la presse écrite n'était pas neutre dans 18,47 % des cas. Si le chiffre semble assez élevé, il reste tout de même en dessous des autres supports à savoir ; les radios et les chaînes télévisées. En effet, le quatrième rapport démontre que les chaînes TV ont été les moins neutres durant la période postélectorale, avec 27,6 %. Pour ce qui est des radios, elles ont été à 19,63 % peu respectueuses de la neutralité en adoptant à 12, 93 % un ton positif et à 6,7 % un ton négatif », déclare Mme Ben Achour. Marginalisation du genre Par ailleurs, la coordinatrice de l'Observatoire a déclaré que « les activités et les relations entre les partis ont occupé 82 % de l'espace des supports écrits durant cette période et ce, contrairement aux questions relatives au genre qui sont en baisse continue ». Le concept genre n'a été évoqué que dans 0,34 % de l'espace des journaux étudiés. Le monitoring de la presse écrite a dévoilé que plus de la moitié de l'espace a été réservé aux partis de la coalition majoritaire alors que ce chiffre était de l'ordre de 17, 38 %, d'où l'absence de l'objectivité et de l'équité. Mais, là où le bât blesse, c'est la négligence des actrices politique. L'espace réservé à cette frange de la société est de 3,47 % seulement contre 2,02 % septembre. « Ces taux sont significatifs du déni de réalité et de l'occultation du rôle des femmes dans la transition démocratique ». Emission débats Toujours dans le même contexte, et parlant des radios, Mme Ben Achour a signalé que les émissions-débats occupent la première position dans la grille des programmes radiophoniques. Ces émissions sont même, en hausse avec 38, 90 % contre 21 % lors de la campagne électorale. Pour ce qui est des émissions infos, elles occupent la deuxième position. La coordinatrice de l'Observatoire a signalé que les activités et les relations partisanes ont occupé plus de la moitié du temps de diffusion, soit sept fois de plus qu'auparavant. Les thèmes sur le genre et les actrices femmes sont toujours en bas de l'échelle. Ils sont carrément marginalisés selon la coordinatrice. On ne parle des femmes actrices ou du genre que dans 5 % des cas. Les programmes télévisés ont accordé, eux aussi, plus d'attention aux émissions débats, ce qui représente un espace beaucoup plus important que celui de la période précédente. Ce sont par ailleurs, les thèmes relatifs aux activités et aux relations entre les partis qui ont été traités le plus, soit 71 %. C'est la troïka qui attire l'attention. Elle a occupé plus de la moitié de la couverture alors qu'elle n'a représenté que 8, 29 % auparavant. Certes, ce monitoring permet de donner une idée sur le travail des médias tunisiens. Mais, l'Observatoire ne se limitera pas seulement à cette tâche. Il mettra l'accent sur l'advocay après la présentation de son rapport final lors de la première semaine du mois de janvier 2012. Sana FARHAT