Par Youssef SEDDIK - J'aime beaucoup les correcteurs dans les journaux, surtout dans les quotidiens. A part leur familiarité avec les mots et les ponctuations, les apostrophes et les traits d'union qui fait qu'ils ont un rapport quasi physique avec les graphes, ils restent les derniers gardiens de la sagesse et de l'orthodoxie graphique, responsables d'une lecture sereine du journal devant le café du matin, « prière de l'homme moderne » disait Hegel ou provocateur de la colère de celui qui laisse tomber ce culte laïc dès qu'il en a assez des coquilles. Que dire quand le lecteur est lui-même l'auteur ? On me l'a fait la semaine dernière, j'ai bel et bien gravé dans mon article le nom de « Delacroix » en citant longuement son célèbre la Liberté guidant le peuple. Messieurs les redresseurs des dysgraphies m'ont « corrigé » pour inscrire « de la croix ». J'avais tellement honte des passants dont je pouvais espérer deux ou trois lecteurs, que j'ai failli me convertir en niqab. Correcteurs, chères consœurs et chers lecteurs, à vos dictionnaires !, il y en a de tous les genres et épargnez-moi le supplice du voile au masculin.