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" La défense de l'Islam ne se fait pas en créant le chaos dans le Monde musulman "
Exclusif: Le poète Tahar Bekri, au Temps
Publié dans Le Temps le 21 - 02 - 2012

De notre correspondant permanent à Paris :Zine Elabidine Hamda - Poète tunisien de renommée internationale, né à Gabès, universitaire à Paris, parole engagée pour les libertés depuis les années 1970, il a connu la prison, l'exil et les combats par les mots. Tahar Bekri excelle en arabe et en français, dans les deux langues de sa culture. Parmi ses œuvres majeures : Le Chant du roi errant, le Cœur rompu aux océans, les Chapelets d'attache, Si la musique doit mourir, Les dits du fleuve, Salam Gaza, Je te nomme Tunisie.
Je l'ai rencontré au milieu des livres et des lecteurs, amoureux des œuvres en papier, à la recherche d'une parole nouvelle. Il était là, calme, retenu, comme à son habitude, le regard profond, méditant le silence dans le tumulte de la foule. Par-delà l'image sereine que Tahar Bekri dégage, on devine le bouillonnement intérieur d'une conscience éveillée. Vous avez là la trace de l'échange que nous avons eu.
Le Temps : Tahar Bekri, le poète, a vécu l'exil avant le retour au pays natal. Il a vécu aussi la révolution de 2011 en Tunisie, à partir de la France, au rythme de la poésie d'Aboul Kacem Chebbi scandée par un peuple révolté. Comment expliquez-vous cette rencontre entre le fait révolutionnaire et le dit poétique ?
Tahar Bekri : L'acte poétique est un chant profond que le créateur qui se respecte porte en lui dans la permanence de l'Histoire, sans opportunisme, fût-il révolutionnaire. Le chemin de la liberté n'est pas extérieur à la poésie, c'est aussi son combat. Il s'agit d'un sacrifice de soi, en exil ou en présence des événements, c'est la parole haute et exigeante qui rend le poème œuvre respectable et crédible. La Tunisie m'habite où que je sois, mon poème habite l'utopie, car tout pays en a besoin, le poète-citoyen que je suis essaie d'écrire du côté de la vie, contre la volonté de mort. Il rêve de Cité idéale où l'humain est libre et digne. La révolte du poème est nécessaire pour réaliser ce rêve. Mais il s'agit d'être modeste devant ceux qui se sont sacrifiés et ont dédié leur vie pour écrire les lettres de noblesse de notre pays.
Un an après la révolution, qu'en reste-t-il selon vous ?
Beaucoup de fierté et quelques craintes à la fois. Au nom de la liberté, des tendances intransigeantes menacent la liberté. Terrible paradoxe qui a emporté des milliers de citoyens en Algérie, par exemple, où il y a eu plus de 200 000 morts. Cela doit nous dissuader de prendre ces courants à la légère. Je ne souhaite pas cela à mon pays dont la révolution a été citée en exemple, mondialement. Quand on agresse des journalistes et des artistes, quand on prend en otage l'université, quand on intimide les intellectuels, quand des membres d'Al Qaida introduisent des armes pour des actions de l'ombre, cela est grave pour la stabilité de notre pays qui a besoin, non de violence, mais de paix civile, pour construire l'immense l'œuvre sociale et économique qui nous attend. Nulle part le radicalisme religieux n'a apporté le bien-être dans un pays musulman.
Votre dernier recueil Je te nomme Tunisie a été entamé avant la révolution. Comment l'irruption de la révolution a-t-elle modulé votre parole poétique ?
En 2009, j'avais commencé ces chants pour la Tunisie. Je me trouvais en face de L'île de Groix, dans le sud de la Bretagne. C'est là que Bourguiba avait été exilé en 1954. L'autonomie interne sous Mendès France a été négociée dans cet exil. Où que je sois, la terre natale est en moi. Puis survint l'immolation par le feu du jeune Bouazizi. La douleur était trop forte pour ne pas écrire l'indicible et dénoncer l'insoutenable. Le recueil devint vite un ensemble d'émotions et de sentiments qui rendent hommage à la terre tunisienne et son peuple. Nommer c'est donner une existence à un être cher.
Quelles sont, pour le poète Tahar Bekri, les priorités que l'avènement de la révolution devrait consacrer dans les transformations nécessaires à venir ? Quelle lecture faites-vous des évènements post révolutionnaires en Tunisie ?
La priorité des priorités est de trouver des solutions urgentes aux problèmes de ceux qui avaient été laissés pour compte, ceux-là mêmes qui avaient été à l'origine de la révolution. Il ne faut pas qu'il y ait deux Tunisie mais un pays solidaire. Sans confiscation des richesses. Aussi, que chacun de nous soit à la place…qu'il mérite, sans népotisme ni favoritisme. Nous devons inscrire les propos d'Ibn Khaldoun dans tous les établissements publics : « La justice est le fondement de la société ». Sans justice, sans équité, notre pays n'est pas à l'abri de nouveaux soubresauts. L'Etat de droit doit veiller à ce que la démocratie ne soit pas confisquée ou déviée de son projet originel. Aussi, la révolution ne peut se passer de culture, cette dernière est le rempart contre le discours haineux et violent. Tout parti politique qui œuvre pour un développement sérieux de la Tunisie doit avoir une grande vue culturelle.
Sur le plan culturel que vous évoquez, que souhaitez-vous de concret pour changer, ou faire évoluer, le paysage culturel tunisien ?
Une de mes fiertés en tant que Tunisien était que, dès que la liberté a été arrachée, mes compatriotes se sont rués vers les librairies. Assoiffés comme ils étaient de ce qui leur a été interdit : la vérité. La culture est un acte de civilisation et il n'y a pas d'essor ou de développement de la construction démocratique sans la liberté de la culture et son épanouissement. La tentation d'embrigader la culture à des fins politiques est grave, quelles que soient les raisons invoquées. J'étais triste de constater qu'en 2011 la Foire du livre n'a pas eu lieu à Tunis. Nous devons avoir une grande ambition culturelle pour notre pays, qui doit être un Etat de la culture, non celui de la culture de l'Etat. La maturité de nos concitoyens n'est pas à prouver ni à être bridée ou brimée. Il faut augmenter le budget de la culture, dès que possible, l'inscrire dans la Constitution, multiplier la coopération et les échanges culturels publics et privés, respecter la diversité de notre pays, sa mosaïque géographique et humaine, faire émerger sa richesse, son patrimoine et sa création innovante. Etablir des liens entre les créateurs tunisiens qu'ils se trouvent à l'étranger ou à l'intérieur du pays. Est-il normal que les œuvres des Tunisiens publiées à l'étranger ne se trouvent pas toujours à la Bibliothèque Nationale ? Il faut repenser les sociétés d'auteur, protéger la propriété intellectuelle, archiver et préserver les biens culturels publics. Ce ne sont pas les talents qui manquent mais de vraies structures dignes (des musées, des résidences pour écrivains, des soutiens à l'édition et à sa diffusion nationale et internationale, etc.). J'ai confiance dans les créateurs tunisiens (théâtre, cinéma, littérature…) qui n'ont pas attendu la révolution pour affirmer leurs convictions depuis des décennies et porter haut la défense des valeurs de liberté. Ceux qui ont la charge de l'Etat doivent s'en souvenir.
La Palestine, que vous avez visitée, occupe une place particulière dans votre cœur et dans votre écriture. Salam Gaza est né de ce voyage. Pensez-vous que le « printemps arabe » soit un prolongement des idéaux de « la révolution palestinienne » ou qu'il en porte quelques stigmates ?
L'ouvrage « Salam Gaza » paru à Tunis chez Elyzad, et dont j'avais commencé l'écriture lors de la guerre contre Gaza, en décembre 2008, rassemble aussi mes carnets de voyage en Palestine en 2009. La visite des Territoires occupés, à Ramallah, Jérusalem-Est, Naplouse et Bir Zeit m'a convaincu qu'il n'y aura pas de « printemps arabe » sans un printemps palestinien. L'occupation de la Palestine est la blessure sur le corps arabe. Notre Histoire est la même et notre destinée est la même. Tout créateur arabe digne de ce nom ne peut faire l'autruche. Mais il serait de courte vue de limiter cela aux Arabes ou aux Musulmans, car il s'agit de l'Humanité entière et de notre combat pour les valeurs morales de l'Histoire. La souffrance humaine n'est pas spécifique ou réservée à un peuple. La cause des Palestiniens, qui ont droit à une vie libre et digne comme tous les peuples, est une cause universelle. J'ai essayé avec «Salam Gaza » de porter ma voix jusqu'à la surdité européenne ou occidentale. Comme poète, je suis persuadé que contribuer à révéler la vérité ne serait-ce que peu est un devoir éthique.
Votre actualité s'appelle Si la musique doit mourir, un CD, sélectionné par Le Printemps des Poètes, contenant un de vos poèmes, lu en plusieurs langues, et accompagné d'une musique de Pol Huellou. Comment est survenue cette aventure artistique?
Cet album est une collaboration entre plusieurs artistes, comédiens, musiciens, traducteurs de différents pays. L'art peut être un acte fraternel, au-delà des frontières. Depuis quatre ans, au moins, nous travaillons à ce projet où, si les langues sont différentes, le langage humain est le même. Pol Huellou est un musicien qui croit à la mondialité de l'art, tout comme le poète antillais Edouard Glissant était convaincu du Tout-Monde. Je suis Tunisien mais je n'oublie pas que mon poème doit être porté au monde. Là où la politique établit des frontières souvent cyniques et arbitraires, l'art peut contribuer à éliminer les malentendus, à réaliser l'entente. Ce CD est né de ce besoin. C'est ce que j'appelle le devoir de beauté.
Ce CD-poème a un contenu subversif qui questionne les certitudes, qui met en cause les fantasmes et les idéologies. Quand vous dites : « Si la musique doit mourir / Si l'amour est œuvre de Satan / Si ton corps est ta prison / Si le fouet est ce que tu sais donner / Si ton cœur est ta barbe / Si ta vérité est ta voile / Si ton refrain est une balle/ Si ton chant est oraison funèbre/ Si ton faucon est un corbeau/ Si ton regard est frère de la poussière / Comment peux-tu aimer le soleil dans ta tanière ?/ , n'est-ce pas un contre-positionnement idéologique qui s'adresse aux intégristes ?
Le poème mis en musique est extrait de l'ouvrage éponyme, paru en 2006 : « Si la musique doit mourir », Ed. Al Manar. Qui contient aussi « Le tombeau de Mozart ». Il a été écrit après les événements du 11 septembre. Il est traduit dans plus de 15 langues. Nous n'avons pu en insérer que six pour le CD. La vision fanatique, violente, obscure de l'extrémisme religieux qui ne cesse de gangrener les sociétés, n'a rien à voir avec l'islam des lumières, celui du savoir, de la pensée, celui qui a contribué à enrichir la civilisation universelle. C'est tellement plus facile de détruire, d'interdire, d'utiliser la foi à des fins politiques. La défense de l'islam ne se fait pas en créant le chaos dans le Monde musulman. Regardez dans quel état il est. Où que vous tourniez la tête. Pas un pays musulman n'est tranquille et se consacre entièrement à son développement.
Dans votre œuvre, les thèmes récurrents (la blessure, l'incendie, le soleil, etc.) s'inscrivent dans une parole revendicatrice de lumière. Pensez-vous que la poésie se doit d'être une parole engagée dans son temps ?
Ces métaphores disent le besoin de lumière, en effet. Mon emprisonnement en Tunisie en 1975, après mon arrestation en 1972, mon départ en 1976 et mon exil qui a duré 13 ans ont scellé mon rapport à l'écriture, ma défense des valeurs fondamentales de l'humain : mon rejet de ce qui empêche la liberté, de ce qui crée l'injustice. Le poème est une quête et une défense des vérités profondes, une résistance aux raisons obscures. Quel que soit le poids de la Nuit, de son oppression, le poème doit enfanter le jour, fixer le soleil, marcher contre l'ombre violente. L'engagement poétique n'est pas un mot creux, encore moins une parole rhétorique gratuite, c'est la conscience aiguë que la parole humaine peut être une flamme dans un monde de cécité. Dire son temps ne signifie pas pour un poète de se transformer en voix de son maître, être historien ou idéologue mais libérer « ce qui bout dans la poitrine » comme disait Chabbi. Il s'agit de l'effervescence de l'être, de son éveil, de sa présence au monde, de son utopie pour la Cité.
Votre poésie est, par certains aspects, une parole d'exil où la nostalgie, le souvenir, le retour sur soi et la mémoire de la terre occupent une place importante. Pensez-vous que c'est la séparation d'avec la terre natale qui fonde votre démarche ?
Je ne suis plus séparé de ma terre natale. Cela l'a été de 1976 à 1989, années où j'avais un statut de réfugié en France et je ne rentrais pas en Tunisie. L'exil marque mon écriture. Il est devenu un des thèmes récurrents mais il ne signifie pas toujours quelque chose de négatif. Il est aussi acte de liberté et de résistance. Il vaut mieux être étranger et libre que chien fidèle avec laisse. Ce thème est majeur dans la littérature mondiale, de l'antiquité gréco-latine jusqu'à nos jours ! Où que j'aille, à Berlin, Londres, Copenhague ou Bruxelles, sans oublier Paris, il y a des poètes arabes en exil. Dure réalité. De la douleur, nous devons faire émerger la force du mot contre le glaive, la plume contre le sabre, la vérité contre le mensonge…
Je voudrais revenir avec vous à Malek Haddad, auquel vous avez consacré votre thèse de doctorat. Pensez-vous que « la langue française est [votre] exil » comme le soutenait Malek Haddad, alors que vous créez dans les deux langues ?
Je suis venu à Malek Haddad d'abord par la traduction de son roman « Je t'offrirai une gazelle » faite par Salah Garmadi. C'est en lisant cette œuvre que j'ai pris conscience du drame de la langue en Algérie où la colonisation était un projet de défiguration identitaire. Malek Haddad a souffert de son impossibilité d'écrire en arabe et a ressenti cela comme un exil. Même si on sait aujourd'hui qu'il a continué à écrire dans cette langue sans publier. Ce n'est pas mon cas puisque j'enseigne l'arabe à l'université, j'écris et je publie dans les deux langues, il m'arrive de traduire ou de me traduire. J'ai toujours ressenti mon bilinguisme comme une chance. Cela dit, écrire dans les deux langues, ne signifie pas que la langue soit offerte à l'écrivain sur un plateau. La langue d'écriture est toujours un labeur, un effort singulier. Au fond, cela exige de moi une double volonté pour créer dans chaque langue.
Votre poésie a un rapport avec d'autres arts (peinture, musique). Vous avez eu des expériences, en ce sens, avec les peintres, Ali Fenjan, Mohamed Kacimi, Joël Leick, les calligraphes Hassan Massoudy, Abdallah Akar, etc. ou les musiciens, Jean-Pierre Arbon, Dominique Ottavi, Pol Huellou. En quoi cela peut-il être important dans votre démarche poétique et existentielle ?
D'abord permettez-moi de dire que j'ai offert une collection de mes livres d'art à la Bibliothèque Nationale de Tunisie. Le public tunisien peut les voir donc. J'espère, du moins. Je suis convaincu que nous devons constituer un fonds artistique où le livre retrouve son aura esthétique d'antan, même si les techniques changent. La peinture, la gravure, la lithographie, la linogravure, la calligraphie, la sculpture, la photographie, le verre, la céramique, sont des langages artistiques qui peuvent enrichir l'expression poétique et vice versa. De même, la musique. Le visuel, le sonore, le plastique révèlent au poème d'autres dimensions. Cela dit, je n'ai pas écrit de poésie pour les musiciens, ce sont les musiciens qui sont venus au poème. Pour la peinture, c'est un peu différent. La sensibilité à différents langages est toujours bénéfique à la création. Mon intérêt à la peinture date de mon adolescence, il est du à mon frère le peintre Abdelmajid El Bekri. Mon épouse est artiste-peintre aussi. L'art tient une place importante dans ce que j'écris. Il est source d'inspiration. Je le considère intellectuellement comme l'un des fondements essentiels de la civilisation.
Quels projets avez-vous pour l'avenir ?
Finir l'écriture d'un nouveau livre de poésie. Je prépare également une petite anthologie de poésie palestinienne.


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