«Et donne au proche parent ce qui lui est dû ainsi qu'au pauvre et au voyageur (en détresse). Et ne gaspille pas indûment, car les gaspilleurs sont les frères des diables ; et le Diable est très ingrat envers son Seigneur. Si tu t'écartes d'eux à la recherche d'une miséricorde de Ton Seigneur, que tu espères; adresse-leur une parole bienveillante .
Ne porte pas ta main enchaînée à ton cou [par avarice], et ne l'étend pas non plus trop largement, sinon tu te trouveras blâmé et chagriné.
En vérité ton Seigneur étend Ses dons largement à qu'Il veut ou les accorde avec parcimonie. Il est, sur Ses serviteurs, Parfaitement Connaisseur et Clairvoyant» (Al Isra'- Versets 26 à 30)
La prodigalité est l'antinomie de l'avarice. Elle est aussi blâmée que celle-ci sinon plus, car elle est considérée comme une attitude irrespectueuse envers Dieu et une insulte envers ses semblables.
N'est-il pas énoncé que les gaspilleurs sont les frères du Diable ? car en réalité c'est une attitude désinvolte de la part de son auteur qui se soucie peu de son semblable, lequel peut être dans le besoin.
N'est-il pas plus utile d'aider quelqu'un qui a besoin de médicaments par exemple, que de mettre son argent dans des futilités ?
Un Hadith dans le recueil Al Boukhari, rapporte qu'un homme qui vivait à l'époque du ̈Prophète, ne pratiquait pas régulièrement la prière, et ne jeûnait pas toujours, mais il était au fond de lui-même un homme altruiste, qui n'hésitait pas à aider son prochain et préférait mettre son argent dans des actes de bienfaisance que de les dilapider dans les plaisirs de la vie d'ici-bas.
A sa mort on lui refusa d'abord le droit de sépulture selon les rites islamiques, car on considérait qu'il était un mécréant. Mais le Prophète a tenu qu'on lui accorde un enterrement selon les rites musulmans, en affirmant à ses Compagnons sidérés, que cet homme ira au Paradis, car a il s'est privé des plaisirs pour aider les démunis.
La prodigalité est donc une attitude doublement blâmable, pour ses effets nocifs aussi bien pour son auteur que pour les autres.
Le Cheikh Mohamed Al Khidhr Al Hussein, tunisien natif du Jérid, et éminent professeur à la mosquée Ezzeïtouna, et qui a par la suite, présidé l'université d'Al Azhar en Egypte, a écrit à propos de la prodigalité :
« La dignité d'une nation est consolidée, lorsque les caisses de l'Etat sont pleines.Or la prodigalité mène à la ruine.....Il y a ceux qui ont grandi dans des familles aisées, sans pour autant devenir férus de luxe, tels que le Calife Omar Ibn Abdelaziz ou Ahmed Ibn Hazm Al Andaloussi. »
Le premier était en effet parmi les Califes de l'Islam les plus épris de Justice.
Il était sobre voire austère et faisait la part des choses en veillant à bien gérer les biens de l'Etat en les distinguant de ses biens personnels. il vécut dans la sobriété et la modestie et n'acceptait aucunement de disposer des biens publics, conservé à la caisse de l'Etat « Beït Mel Al Muslimin » à l'époque.
Quant à Ibn Hazm, il vécut en Andalousie dans une famille de ministres et fut lui-même ministre. Mais il ne s'intéressa nullement à accumuler les biens, et n'avait aucunement le goût du lucre. Il s'intéressa au savoir et il se consacra à l'écriture par laquelle il put s'exprimer pour défendre les démunis.
Dans la législation musulmane le prodigue (Assafih) peut faire l'objet d'une procédure de la part de ses proches afin de lui interdire de disposer lui-même de ses biens. Les ayants droit sont à même d'engager une telle procédure, lorsqu'ils se sentent menacés par le comportement prodigue de leur père, qui peut mener toute la famille à la ruine.
Le Cheikh Al Khidhr Al Hussein conclut que l'économie est une valeur médiane entre les deux vices qui sont l'avarice et la prodigalité.
C'est le juste milieu qui est conforme aux enseignements du Coran et aux préceptes de l'Islam.
« Ceux qui dans leurs dépenses tiennent un juste milieu, de façon à n'être ni avares ni prodigues » (Al fourquan, Verset 67)
« Mangez et buvez, mais n'en abusez point, car Allah n'aime pas les prodigues »