Combattre les apostats fut une dure épreuve pour Aboubakr qui avait essayé d'appliquer les enseignements de l'Islam, dictés par le Prophète Mohamed, à travers la Sainte Parole de Dieu. Il fut d'une manière générale satisfait de son attitude sincère, malgré quelques réactions pour l'emprise de la colère et de l'emportement qu'il regretta tout de même par la suite.
Certains historiens arabes ont évoqué son attitude avec un certain Al Fouja', un apostat hypocrite qui se présenta à lui en feignant vouloir combattre au sein de l'armée musulmane.
Il lui avait pour cela demandé des chevaux et des munitions.
Aboubakr avait satisfait à sa demande, croyant qu'il était sincère. Mais, ce bonhomme, avait profité de l'occasion pour semer le trouble à Médine, en tendant des pièges aux caravanes des Musulmans qui se dirigèrent à Eccham.
Aidé par ses hommes, il a procédé à des attaques surprises, pillant et tuant des centaines de personnes.
Cette haute trahison a suscité la colère d'Aboubakr, qui ordonna d'arrêter Al Fouja', puis de le brûler vif, à la place de la Mosquée à Médine.
Aboubakr regretta son geste après-coup.
Il ne cessait, après cet événement d'inciter à ne plus torturer les captifs et à le relâcher même s'ils ne convertissaient pas à l'Islam.
Et Taha Hussein, dans son ouvrage « Ashaïkhane » précité, de noter que : Aboubakr était en même temps tendre et dur. Mais, il était résolu à combattre les apostats, et il y était parvenu grâce à sa foi et à sa fidélité au Prophète.
Il n'était qu'à sa première année de califat, mais il a pu surmonter tant bien que mal la plupart des difficultés qu'il rencontra dès le début de son avènement.
Outre les apostats, Aboubakr, a dû affronter une autre difficulté qui était de taille, et qui l'avait marqué à jamais.
En effet, Fatma Ezzahra, la fille préférée du Prophète, était venu lui demander sa part d'héritage dans le patrimoine de son père.
Mais elle s'est opposée à un refus catégorique de la part d'Aboubakr qui lui répondit : « Le Prophète m'avait confié avant sa mort que tout son patrimoine devait être cédé aux nécessiteux à titre de Sadakah ».
Cela n'avait pas eu plaisir à Fatma qui avait décidé de rompre toute relation avec Aboubakr.
Ce dernier s'était trouvé dans une position critique, car s'il avait exaucé son vœu, il aurait trahi la volonté du Prophète. Chose qu'il ne pouvait faire en aucun cas.
Il préféra refuser sa demande, mais ce n'était pas de gaîté de cœur qu'il avait pris cette décision. Et ce n'était pas facile pour lui, également, que la fille préférée de son meilleur compagnon rompît toute relation avec lui jusqu'à sa mort. D'ailleurs, il n'avait pas assisté à son enterrement, car il n'avait pas été au courant de son décès et elle fut de surcroît inhumée la nuit, dans la discrétion la plus absolue. (à suivre)