Un groupe de jeunes blogueurs tunisiens, dont le cyber-activiste Yassine Ayari, ont lancé un appel à manifester contre la torture demain (Vendredi) à La Kasbah afin d'imposer l'ouverture de dossier par la classe politique, les médias, les forces de sécurité et les juristes. Les organisateurs de la manifestation prévu à 15h 30, place La Kasbah estiment que «les médias, les partis politique et les personnalités nationales font preuve d'un grand désintérêt à l'égard du dossier de la torture en Tunisie malgré sa grande importance ». Ils affirment que cette initiative « n'est ni pro- Ennahdha, ni contre Ennahdha, ni pro-gouvernement, ni contre le gouvernement, ni pro- gauche ni contre la gauche, ni avec, ni avec pro-salafistes, ni contre les salafistes, ni pro- Nidaâ Tounes ni contre Nidaâ Tounes», mais contre «toute atteinte à l'intégrité physique et à la dignité humaine».
Selon les organisateurs, la manifestation vise à «déclencher des poursuites contre les tortionnaires et leurs complices qui se sont tus sur l'existence de la torture»
Dans leurs rapports relatifs aux atteintes aux droits de l'Homme en Tunisie, plusieurs ONG ont estimé le nombre de personnes torturés dans les prisons tunisiennes sous le règne de Ben Ali à plus de 30. 000 personnes qui sont majoritairement des islamistes.
Ces mêmes ONG estiment que la révolution n'a pas mis fin à la torture, notamment dans les postes de police et les lieux de détention. Tout récemment, un Tunisien écroué pour un vol présumé est décédé des suites d'actes de « torture» dans les locaux de la police à Tunis, selon Radhia Nasraoui, présidente de l'Association de lutte contre la torture.
Abderraouf Khammassi, 40 ans, est mort samedi à l'hôpital où il avait été admis une douzaine de jours plus tôt « dans un état comateux, un gros hématome à la tête, après avoir séjourné dans des locaux de la police».
Le ministère de l'Intérieur a de son côté annoncé l'arrestation de quatre policiers parmi ceux qui étaient en charge de l'interrogatoire de la victime.
L'homme avait été arrêté le 28 août et avait dû être hospitalisé le jour même dans un état de coma profond, a indiqué le ministère dans un communiqué, ajoutant que l'examen médical avait révélé un traumatisme crânien.
Une enquête a été ouverte le 30 août, et le juge d'instruction a ordonné l'arrestation de quatre policiers après le décès d'Abderraouf Khammassi, a précisé le ministère.
Selon Me Nasraoui, l'homme originaire de Jérissa (nord-ouest) avait été arrêté alors qu'il se trouvait au chevet de son épouse alitée dans l'hôpital des maladies cancéreuses à Tunis, à la suite d'une plainte pour vol déposée par une voisine. «Ce drame apporte la preuve que la torture continue d'être pratiquée en Tunisie après la chute du régime Ben Ali», a déclaré Me Nasraoui, militante réputée des droits de l'Homme.