Il est grand temps que les Tunisiens de tout bord sachent que le pays ne peut se permettre le luxe d'une discorde dévastatrice telle que nous la vivons depuis la chute de l'ancien régime. Tous, nous avons nourri l'espoir de vivre un vrai changement qui nous mettrait et de manière définitive à l'abri des aléas des tiraillements idéologiques dont personne ne sortira indemne.
L'espoir né des élections du 23 octobre 2011 s'est vite transformé en cauchemar avec le narcissisme des uns et l'amertume devenue presque haine des autres.
Les vainqueurs des urnes ont lamentablement échoué à capitaliser cet avantage pour rassurer et donner des gages certains sur leurs véritables intentions dans la gestion des affaires du pays loin de cette suffisance idéologique et de ce discours messianique qui ne cadrent pas avec la réalité du peuple tunisien dans sa diversité politique.
Les vaincus ont de leur côté mal digéré le verdict pour carrément déraper, ne présentant rien de tangible comme alternative pouvant sortir le pays de l'impasse. L'Assemblée constituante est devenue une véritable arène où tous les dépassements sont permis, l'invective, l'insulte et même la menace de part et d'autre, sont de chacune de ses réunions dans un paysage de totale désolation.
La Tunisie, à notre sens, et de l'avis de la majorité de ceux qui la peuplent, mérite mieux que ces acteurs politiques incapables de s'accepter, de se maîtriser et de s'accorder sur un code de conduite digne de la mission dont ils sont investis. Les représentants des partis majoritaires nous brandissent à chaque avis contraire la légitimité que leur a conférée le peuple à travers le vote, oubliant au passage que tout est relatif dans une phase de transition et que rien ne vaut un zeste de modestie où tout le monde s'y trouvera. Et l'on estime que quelle que soit la légitimité, elle n'est nullement un chèque en blanc qui leur fut accordé pour diriger le pays sans tenir compte des équilibres nécessaires qui doivent être préservés et respectés pour l'intérêt d'un peuple qui ne peut se payer le luxe de luttes infécondes.
De leur côté, les représentants de la minorité parlementaire doivent savoir s'adapter avec leur statut sans rien concéder bien sûr sur l'essentiel de leur mission.
Eux aussi, ne sont pas exempts de reproche. Pour la plupart d'entre eux, on succombe très souvent aux démons de la polémique, sans proposer quoi que ce soit de concret pour avancer dans le sens souhaité par les Tunisiens. Ces derniers attendent et ne voient presque rien venir des deux côtés.
Beaucoup de problèmes demeurent sans issue, beaucoup de situations urgentes méritent de solutions. Mais le blocage reste total à plus d'un niveau et c'est à un replâtrage sans lendemain que l'on assiste, en lieu et place de véritables décisions.
A cela s'ajoute, une montée de violence sans précédent. Une violence aux couleurs multiples avec un relent de haine qui ne présage rien de rassurant pour l'avenir proche et à plus ou moins long terme.
L'incompréhension est totale et les antagonismes ne font que s'amplifier menaçant d'une véritable explosion. Que faire donc ?
Pas si simple de répondre, mais on est en devoir de prospecter toutes les voies pour faire prévaloir la raison. Chacun d'entre nous et notamment ceux en charge des affaires du pays qu'ils soient de la majorité ou de l'opposition, doit se départir de son égo pour ne voir que l'intérêt général.
La concordance est la seule planche de salut pour notre pays, sans cela nous allons vers l'inconnu et le chaos.