Il parait que les revendications syndicales concernant la révision du temps scolaire dans nos écoles n'ont pas eu assez d'écho auprès du ministère de l'éducation, quoique la nécessité d'apporter les réformes nécessaires à l'actuel temps scolaire, devenu vétuste et obsolète, ait toujours été le vœu de tous les enseignants, notamment ceux de l'enseignement de base et du secondaire. Encore une fois une nouvelle rentrée avec d'anciennes pratiques !
Etat des lieux : un constat accablant
Un petit calcul nous a permis de constater que l'organisation du temps scolaire dans nos établissements ne saurait répondre aux objectifs escomptés, à savoir l'amélioration des conditions de scolarité par l'adaptation d'emplois du temps journaliers et hebdomadaires susceptibles de mieux mobiliser l'attention et l'intérêt des élèves, ensuite l'instauration d'une qualité de vie scolaire meilleure qui puisse réduire les pressions et les tensions subies par l'élève et enfin la création de clubs culturels, scientifiques et sportifs et la mise en place des équipements nécessaires au sein des établissements pour meubler les heures de loisirs de l'élève. En effet, pour cette année scolaire 2012-2013, les élèves disposeront de 37 semaines de cours, abstraction faite des vacances et des jours fériés, soit 222 jours (sachant que chaque semaine comprend six jours de cours). Ajoutons à cela l'inégalité entre les trois trimestres : 13 semaines au premier trimestre, 11 semaines au deuxième et 13 semaines au troisième ! Or, le nombre d'heures de cours par semaine en Tunisie dépasse le volume horaire adopté dans la plupart des pays développés où le nombre de semaine est en moyenne 35 semaines, donc avec moins de jours d'études, avec en sus l'intérêt accordé aux activités culturelles au sein des établissements. En outre, les emplois du temps restent encore surchargés chez les élèves des collèges et des lycées. Ainsi, on remarque que la durée de la semaine scolaire au collège oscille entre 30 et 34 heures, celle au lycée atteint, selon les sections, dépassent les 35 heures, avec des journées pleines faites souvent de 8 heures. Ce qui est très accablant pour l'élève ! Inutile de signaler les irrégularités que peuvent comporter les différents emplois du temps des élèves, comme les heures creuses ou la mauvaise répartition des séances, sachant qu'un élève vient parfois pour une seule séance d'une heure durant la matinée ou l'après-midi. De l'avis de tous les acteurs scolaires (élèves, enseignants, parents), nos élèves subissent l'emploi du temps le plus chargé, des journées pleines, très fatigantes et stressantes, surtout pour les enfants en difficulté scolaire, devenus nombreux dans nos écoles, qui n'arrivent pas d'ailleurs à s'adapter au rythme de ce temps scolaire qui constitue pour eux un facteur démotivant et très démoralisant.
A quand le nouveau temps scolaire ?
Une réforme du temps scolaire se fait donc de plus en plus sentir, vu le niveau général des élèves, le sentiment de désintérêt, voir de désamour des études et de l'école affiché par la majorité des élèves. Une telle réforme est attendue de tous, élèves, parents et enseignants, qui espèrent voir un jour un temps scolaire allégé, motivant et sans stress, pour permettre aux élèves d'étudier en classe avec plaisir et d'en faire autant dans leurs devoirs, tout en exploitant leurs heures de loisirs au sein même de l'établissement scolaire. Les aménagements du temps scolaire à adopter doivent tenir en compte un principe fondamental : l'école doit répondre à sa vocation originelle qui consiste à dispenser le savoir et cultiver les activités culturelles et ludiques.
Un projet de réforme du temps scolaire a été retenu pourtant par le ministère de tutelle depuis 2009, année d'évaluation du système éducatif en Tunisie, et depuis, aucune suite ! L'actuel gouvernement provisoire a préféré reporter ce projet sine die, ne pouvant prendre des mesures à la hâte, laissant le soin de s'en occuper au prochain gouvernement qui sera issu des prochaines élections qui, d'ailleurs, tardent à venir ! Parmi les commissions déjà constituées pour la réforme globale du système éducatif en Tunisie, on note celle chargée du dossier du temps scolaire qui, depuis sa création, n'a pas bougé d'un iota. Cette commission devrait axer les efforts sur l'adaptation de ce temps scolaire aux exigences de la vie scolaire qui comprend, outre les études et la formation, les activités culturelles et extrascolaires, les loisirs et l'ouverture sur la vie sociale, en général. De même, elle devrait tenir en compte l'évolution constante de l'institution scolaire à la lumière du boom technologique effectué dans le monde. Il faudrait surtout penser aux réformes qui puissent s'adapter aux particularités de l'école et de la société tunisienne, la solution qui puisse rattacher l'élève à son école et réconcilier la société avec l'institution scolaire ! Inutile donc de procéder au procédé du copier-coller des expériences étrangères, françaises ou canadiennes, comme auparavant, et qui n'ont pas fait leur preuve !