Démission collective de 15 dirigeants et autres membres actifs de la fédération d'Ettakatol en France La direction du parti regrette les défections et enclenche un dialogue avec les démissionnaires
Mauvaise passe pour le Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL/ou Ettakatol), membre de la coalition tripartite au pouvoir. Apres les multiples défections de dirigeants et de militants de ce parti social-démocrate en Tunisie, la vague de démissions gagnent les structures du parti à l'étranger. Quinze dirigeants et membres actifs de la fédération d'Ettakatol en France ont annoncé, hier, leur démission. Il s'agit de Mmes Sondes Zouaghi (secrétaire générale Ettakatol France, membre du bureau fédéral, représentante au Conseil national), Sophia Bensedrine (5e de liste France Sud aux élections à l'Assemblée constituante), Hédia Mohsen Ben Ameur (trésorière, membre du bureau de la Fédération France), Sarrah Ben Haj Yahia (co-responsable de l'édition de la newsletter), Myriam Bouhlel (co-responsable de l'édition de la newsletter, contact médias) Héla Ouchem (responsable des délégués de liste), Meriem Bouchoucha (militante active), Hayfa Habbej (militante active), Mona Kara (militante active) ainsi que de M.M Foued Laroussi (3e de liste France Nord aux élections à l'Assemblée constituante), Tahar El Aouni (5e de liste France Nord aux élections à l'Assemblée constituante), Ali Lazzem (responsable organisation, membre du bureau de la Fédération France), Fethi Ouardani (responsable de la commission de finance, responsable de la newsletter), Mehdi Ben Salah (militant actif) et Karim Zili (militant actif).
Une suite de déceptions
Les démissionnaires motivent leur défection par une succession de déceptions. «Nous savions que la décision d'Ettakatol d'entrer dans un gouvernement avec uniquement Ennahdha et le CPR était dangereuse pour la préservation de nos principes. Néanmoins, nous l'avons acceptée pour défendre les intérêts de la Tunisie et éviter la bipolarisation de la vie politique.
Depuis lors, une succession de déceptions nous ont fait perdre confiance dans la possibilité d'Ettakatol de représenter dans l'avenir une voie socio-démocrate, progressiste et humaniste. Nous constatons avec regret qu'un grand nombre de décisions ou absences de décisions relève de l'amateurisme ou de l'opportunisme», ont-ils précisé dans un communique rendu public hier.
Les démissionnaires pointent du doigt «un manque de discernement» pendant la négociation du périmètre des pouvoirs des trois partis de la troïka lors de la constitution du gouvernement. « Au lieu d'insister sur la mise en place d'une procédure formelle pour la prise des décisions importantes du pays, procédure faisant intervenir obligatoirement Ettakatol dans les décisions, nous avons assisté à un triste spectacle de négociation de fauteuils duquel Ettakatol est sorti perdant et avec un poids limité sur la scène politique. La conséquence de cette première erreur est qu'aujourd'hui, nous avons tous l'impression qu'Ettakatol laisse Ennahdha gouverner seul et cautionne ses décisions politiques et économiques».
Manque de concertations
Sur un autre plan, les démissionnaires «ne cautionnons pas le choix des députés ministres de ne pas avoir démissionné de leurs postes de députés », un cumul de fonctions qui a conduit, selon eux, à un absentéisme lors des votes de lois et à un affaiblissement du groupe parlementaire Ettakatol. « La seule explication que nous donnons à ce choix est celle de l'intérêt individuel des personnes concernées. Où est l'intérêt de la Tunisie dans cette décision », se sont interrogés les militants d'Ettakatol qui viennent de jeter l'éponge.
Ces militants se sont dits, par ailleurs, «outrés par le manque de réactivité d'Ettakatol pendant cette année où les violences se sont multipliées et où les forces de l'ordre et la justice ont parfois montré leur incompétence», notant que l'argument de «faits isolés» défendus par les dirigeants du parti ne tient plus.
Les démissionnaires pestent, d'autre part, contre la gestion interne du parti. «Nous dénonçons depuis 20 mois le manque de transparence dans les décisions qui nous concernent. Ceci nous conduit à avoir un sentiment de trahison. Nous n'avons jamais eu de réponses aux différentes lettres et motions envoyées. Les décisions sont prises sans consultation préalable des députés et des secrétaires généraux des différentes fédérations », ont-ils écrit dans leur lettre de démission.
En réaction à ces démissions, le porte-parole d'Ettakatol, Mohamed Bennour, a affirmé que la direction du parti regrette ces démissions. « Nous regrettons le départ de ces militants qu'on respecte et nous avons déjà lance un dialogue avec certains d'entre eux pour tenter de rétablir les ponts », a-t-il déclaré, indiquant que plusieurs partis ont souffert de démissions liées à la situation générale dans le pays et à la de réorganisation du paysage politique national.