Des adolescents arpentant les grandes rues de la ville au cours de la journée alors qu'ils devraient être dans leurs collèges ou leurs lycées, il y en a beaucoup dans la capitale. Ce ne sont pas des jeunes élèves qui profitent des heures creuses pour faire une belle échappée. Au contraire, ils ne sont autres que des vendeurs de mouchoirs en papier que l'on rencontre ces derniers temps et de manière très récurrente au niveau des croisements et des feux de signalisation. Munis de boîtes en carton, les jeunes sont omniprésents dans la capitale ainsi que les autres quartiers avoisinant (Ezzahrouni, Cité El Kadhra, Ariana...). Ce phénomène est signalé également, « dans d'autres régions de la Tunisie », déclare Moez Cherif, président de l'Association Tunisienne pour la Défense des Droits de l'Enfant. Issus d'un milieu familial défavorisé et ayant abandonné à un âge précoce leurs études, les mineurs se trouvent malheureusement, dans la rue manipulés par des réseaux de travail illicite et surtout exposés à plusieurs formes d'exploitation (économique, physique, sexuelle...). L'emploi des mineurs (adolescents et enfants) en Tunisie est un sujet qui paraît être irréel pour certains. Mais la réalité prouve le contraire. Ils sont nombreux en fait, les enfants et les adolescents à être exploités par des réseaux et qui travaillent hors du cadre légal. Outre l'emploi dans des chantiers, ou en tant qu'apprentis, des jeunes âgés de moins de 18 ans se trouvent dans l'obligation de passer leurs journées dans la rue afin de convaincre les automobilistes à acheter des paquets de mouchoirs en papier. Ce problème de plus en plus, visible dans la capitale ainsi que dans les autres grandes villes de la Tunisie, semble échapper aux autorités de tutelle. Les chiffres, les études, les informations et les indicateurs sur le phénomène sont très limités et les quelques données affichées datent depuis des années. Elles ne reflètent donc pas, la réalité. En effet, les quelques indices publiés par l'UNICEF depuis presque 12 ans (en 2000) démontrent que 2,1 % des enfants tunisiens âgés entre 5 et15 ans travaillent dans le domaine agricole et la vente des articles et des objets dans les rues des zones urbaines. Ces informations publiées dans une étude réalisée par l'Institut Arabe des Droits de l'Homme sur l'emploi des enfants dans le monde arabe dont le Yémen et la Tunisie, définissent par ailleurs, les causes qui poussent ces mineurs à travailler à un âge précoce. Menée il y a des années, l'étude prouve que la pauvreté est l'un des premiers facteurs qui encouragent les mineurs à exécuter des tâches rémunérées. Il existe par ailleurs, d'autres causes dont, la non application des textes de loi interdisant l'emploi des enfants sans pour autant oublier le phénomène du chômage, très élevé et ayant un impact direct sur le phénomène. Autres facteurs Ce n'est pas tout. D'autres facteurs font en sorte que les enfants se trouvent dans l'obligation de chercher un emploi très tôt, alors qu'ils devraient être dans les enceintes des établissements scolaires. Il s'agit, entre autres, de l'écart entre les régions et de l'exode rural. « Plus de 90 % des enfants qui travaillent résident dans des zones urbaines », selon l'étude. Mais il faut savoir également, que des réseaux organisés exploitent les enfants dans des tâches à but lucratif. Par exemple, « les enfants qui vendent des objets à la place Barcelone viennent souvent de la ville de Zaghouan », déclare le président de l'Association Tunisienne pour le Défense des Droits de l'Enfant. « Ils sont le plus souvent surveillés et contrôlés » par ces malfaiteurs. Risques Autre réalité alarmante : ces jeunes sont généralement des dépendants, d'où la multiplication de risque d'exploitation. « Ils sont fumeurs, consommateurs d'alcool ou de drogues », ajoute M. Cherif. Ce qui complique davantage la situation pour cette frange de la société qui se trouve obligée de « s'impliquer dans ces réseaux, voire dans des réseaux de criminalité pour pouvoir subvenir à ses besoins ». Outre l'exploitation physique et économique, les enfants et les adolescents exerçant ces métiers se trouvent menacés par d'autres dangers à l'instar des accidents de la route, de handicap et de coups de soleil. Ils ont aussi des problèmes de respiration à cause de la pollution atmosphérique et de la mauvaise alimentation sans oublier l'impact négatif sur leur état psychologique. Loin de la maison et du contrôle familial, ils sont angoissés et isolés. En effet, ces jeunes travailleurs souffrent du regard de la société qui les sous-estime et les néglige car, ils ne sont autre que des petits travailleurs condamnés à mener leur vie de cette manière face à la négligence des autorités de tutelle.