Le ciné-club de Tunis persiste et signe en organisant régulièrement chaque mois un cycle cinématographique axé sur un cinéaste particulier ayant une carrière appréciable. L'année 2013 sera inaugurée par le cinéaste égyptien Youssef Chahine. Chaque samedi du mois de janvier est programmé à la Maison de la culture Ibn Khaldoun, un de ses films. Samedi 5 janvier : « Gare Centrale » (Bab el Hadid), le 12 janvier : « Le moineau » (El Ousfour), le 19 janvier : un atelier d'analyse filmique animé par Mirvet Medini Kammoun qui a consacré sa thèse de doctorat à Youssef Chahine et enfin le 26 janvier, retour aux projections avec le film « Le retour de l'enfant prodige » (Awdet el Ibn Dhal). Cette sélection de films représente une des périodes fastes du réalisateur lorsqu'il a commencé à se faire connaitre hors de son pays notamment avec « Gare Centrale », projeté au festival de Cannes et découvert par une critique européenne très emballée. Auteur, réalisateur, producteur et acteur, Youssef Chahine est un prolifique et polyphonique à l'image de son cinéma. Il mène son entreprise tout seul de bout en bout. Après une période qui a commencé dans les années 50 où il a réalisé des films commerciaux conventionnels, « Papa Amin » (1950), « La dame du train » (1952), « Ciel d'enfer » (1954), Chahine accède à une certaine maturité cinématographique avec « Gare Centrale » (1958). Dans ce onzième film de sa carrière, il joue lui-même le rôle principal de Qinawy, vendeur de journaux à la criée dans la grande gare du Caire. Boiteux, misérable et solitaire, il se retrouve presque d'une manière inconsciente criminel. Film sociopolitique « Gare Centrale » représente un microcosme de la société égyptienne machiste, frustrée, à la recherche d'une identité qu'elle n'arrive pas à cerner. « Le moineau » (1972) réalisé après « La terre » (Tanit d'or des JCC 70) dans un contexte sociopolitique post-guerre des six jours de 1967, se caractérise par la perte de la désillusion. Il s'agit de la blessure d'un peuple doublement traumatisé par la défaite de 1967 et le départ brutal du leader nationaliste Jamel Abdennasser. Une fine analyse personnelle sur un pays plongé dans la corruption des bureaucrates et du pouvoir. « Le retour de l'enfant prodige » (1976) s'inscrit dans un contexte où les mythes s'écroulent, les idéaux s'évaporent et le doute s'installe. Le film explore à travers une famille les limites de l'engagement idéologique et l'ambivalence des intellectuels après la défaite. Youssef Chahine reste l'un des cinéastes arabes les plus remarquables et ses films d'une actualité brûlante. Suivez le cycle des films et vous verrez !