Nabil Ammar participe à la la réunion ministérielle préparatoire du 33e Sommet Arabe    Faker Bouzghaya : la police a agi conformément à la loi !    Les exportations tunisiennes avec l'Algérie augmentent, mais baissent avec la Libye et le Maroc    Fethi Zouhair Nouri : la BCT s'est engagée dans un processus de réformes ambitieux    Le Club Photo de Tunis et la Fédération des clubs photo turcs Foton organisent un PhotoMarathon    UNRWA: 450 mille personnes déplacées de Rafah en seulement 9 jours    AIESEC in Tunisia et et Hackathon Tunisia organisent le Hackathon Maghreb4SDGs    Gaspillage alimentaire en Tunisie : 42 kg de pain jetés par an !    Un Etat fort pour remplir les prisons, faible pour servir ses citoyens    RDC : Après les 4 milliards de dollars lâchés par la Chine Tshisekedi signe une 2e grande victoire    L'AMA exige la libération du directeur de l'ANAD    Des sanctions pour non-déclaration des devises étrangères    Une collision entre deux voitures fait 9 blessés    Mohamed Tlili Mansri : Octobre, l'idéal pour la présidentielle    Des artistes Tunisiens au Québec en Tunisie dans une exposition conjointe à Montréal    Le site web d'Ennakl Automobiles fait peau neuve    Affaire du drapeau dissimulé : Mandat de dépôt contre deux personnes    Abbas Zaki, membre du Comité central du Parti palestinien Fatah, rencontre Brahim Bouderbala : La position de la Tunisie en faveur de la cause palestinienne saluée    Kaïs Saïed : «Quiconque s'associe avec les corrompus et ne combat pas vigoureusement la corruption est considéré comme complice du crime»    10 mille billets pour les supporters de l'EST face à Al Ahly    ARP : Proposition de Loi pour des Sanctions Sévères en cas d'infractions commerciales    Formation aux métiers du tourisme alternatif : «Forsa», une opportunité inédite    Arrestation de l'avocat Mehdi Zagrouba-Le ministère de l'Intérieur précise : «L'interpellation fait suite à un délit d'entrave à un fonctionnaire lors de l'exercice de ses fonctions»    Démantèlement d'un vaste réseau de trafic de stupéfiants : Contre le trafic de drogue, la Tunisie emploie les grands moyens    De la dramathérapie dans les quartiers populaires : Une sublimation du corps et de l'esprit    Les efforts payent : l'Algérie en passe de battre le Maroc dans la production de blé    L'IFT défend les artistes tunisiens victimes d'agression verbale et physique    SONEDE: Coupure d'eau à Midoun et Houmet Souk    Médecine esthétique: La Tunisie attire chaque année plus de 30 mille visiteurs étrangers    Habib Touhami: La politique américaine au Moyen-Orient et le sionisme chrétien    Un joueur du Barça fait jouer son jumeau à sa place    Kairouan: Prix au marché du mardi 14 mai 2024 [Vidéo]    Météo : Hausse des températures, entre 24 et 30 degrés    Washington exclut le terme "génocide" pour Israël mais demande plus de prudence    Tunisie : enquête ouverte sur l'incident du drapeau national    Le Chœur de l'Opéra de Tunis présente le spectacle "Sur cette terre, il y a ce qui mérite vie"    Tout ce qu'il faut savoir sur la tempête solaire    Tournoi KIA Tunis Open du 13 au 18 mai 2024 : Le sponsor officiel UBCI vous fait gagner des places!    Cérémonie d'ouverture de la 77e édition du Festival de Cannes, demain à L'Agora : Une soirée prestigieuse en perspective    «La Mémoire, un continent» au Musée Safia-Farhat : Réminiscences artistiques...    Avant-première de «Le Petit Prince», pièce de Taher Issa Ben Larbi : Un beau spectacle pour tous les âges    Décès du premier patient ayant subi une greffe de rein de porc    De la ligne de but à la ligne de conduite : Entraîneur de gardiens, un poste à part entière    Expatriés : L'Europe validée pour Skhiri    Incident du drapeau : arrestation du président de la Fédération de natation et d'un autre responsable    300 000 réfugiés palestiniens forcés à quitter Rafah : l'UNRWA lance l'alerte    On a la date des JCC, pilotées par Farid Boughdir et Lamia Guiga    Alerte mondiale : La Terre secouée par une tempête géomagnétique de niveau 5    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Elégie pour une mort-née
Théâtre « Monstranum's » de Ezzedine Gannoun et Leila Toubel
Publié dans Le Temps le 03 - 02 - 2013

Une scène nue, des corps entravés solidaires de chaises à roulettes, cinq personnages livrés sans fard à notre regard. Hors-scène c'est la « révolution » avec ses bouleversements, ses balbutiements, les attentes énormes qu'elle a suscitées et ses involutions.
Dans cet enfer, une assemblée occulte où trône dans une sorte de dernier baroud d'honneur « Kitanou », pilier de l'ancien régime converti à l'idéologie des nouveaux maîtres du pays, une chanteuse, demi-mondaine égérie des puissants de naguère, Zakia une jeune femme bardée de diplômes marquée dans son corps et compromise avec le système, un journaliste qui a chèrement vendu sa plume et son âme et un informaticien de génie préposé au contrôle de la dissidence sur la toile. L'heure est grave, une personnalité influente, amant de Zakia, liée ou d'une autre aux autres protagonistes vient de se suicider. « Donné » par Kitanou, le suicidé a préféré en finir plutôt qu'à devoir affronter la vindicte populaire. Nos cinq personnages se déchirent dans une tentative désespérée de conjurer leur peur. Peur d'avoir à rendre des comptes sur leur lâcheté, leurs compromissions avec un pouvoir honni, d'assumer leur responsabilité devant le tribunal de l'histoire. Que faire pour se faire oublier ? Se refaire une virginité ? Comme Kitanou et la chanteuse qui s'est affublée d'un Hijab, en se rapprochant des puissants dont l'arrogance est l'exact pendant de celle de leurs prédécesseurs ou se tapir en espérant passer entre les mailles du filet. Zakia et l'informaticien semblent avoir choisi cette voie. La scène, lieu d'exacerbation des conflits dans un premier temps, de leur apaisement ultérieurement fonctionnera comme une machine à soutirer des confessions aux différents personnages du drame. On ne choisit pas le camp du diable impunément, même si quelque chose dans l'histoire personnelle de certains y mène inéluctablement. Venus de nulle part ces protagonistes ont cédé aux coups de boutoir du système, par croyance au mythe d'une ascension possible ou par soif du pouvoir à l'instar de Kitanou. « Monstranum's » n'est ni dans le révisionnisme, ni dans l'accusation mais dans un questionnement qui excède le drame qui nous est donné à voir. Ce sont des monstres qui sont à l'origine de la pérennisation de la dictature que l'on pensait révolue. En lieu et place une dictature de nature religieuse est en passe de s'installer adossée en partie à des monstres qui ont changé de masque pour se mette au service des dominants d'autant plus redoutables qu'ils sont sans visage. C'est de cette confiscation de la promesse de liberté chèrement conquise dont il est question dans la dernière création du duo Gannoun-Toubel. La « Révolution » serait-elle un simple passage de témoin entre deux dictatures porteuses de projets différents mais animées par les mêmes mécanismes c'est ce que nous donne à penser « Monstranum's ».
La mise en scène de Ezzedine Gannoun imprime à ce drame une énergie et une frontalité qui recoupent les moindres circonvolutions du texte de Leila Toubel. Solidaires de leurs chaises à roulettes, métaphorisant leur attachement au pouvoir, les corps de nos personnages se retrouvent aussi dépendants de cet amour démesuré des chaises pour leur déplacement, leurs affrontements réciproques. Cet objet théâtral au-delà de la signification première qui s'en dégage est détourné pour se transmuter en une sorte d'alter-ego des personnages. Alter-ego auquel on se confesse, mais aussi en substitut d'un objet d'amour absent. Ce parti-pris de mise en scène démultiplie par ailleurs les possibilités pour les comédiens de dire, leurs angoisses, de confesser leurs renoncements. Statique, en mouvement ou dans un entrecroisement, la parole fuse dans une scénographie minimaliste centrée sur les corps « Empêchés » des acteurs. Un heureux mélange des genres relativise les propos de nos monstres en produisant chez le spectateur cette mise à distance indispensable à la réflexion. La justesse du jeu d'acteurs, l'évidente jubilation que semble leur faire vivre le drame enveloppe « Monstranum's » d'une grâce qui nous ferait presque oublier son caractère élégiaque.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.