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Les femmes contre-attaquent Campagne de déformation de la Convention Internationale sur l'élimination de toutes les discriminations à l'égard des femmes (CEDAW)
La campagne de dénigrement et de déformation des articles 15 et 16 de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les discriminations à l'égard des femmes (CEDAW) a fait, hier l'objet d'une conférence de presse assurée par la coalition nationale pour la levée des réserves sur ladite convention. Donnée par l'Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD), l'Association de la Femme Tunisienne pour la Recherche et le Développement (AFTURD), la Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l'Homme (LTDH) et la Section Tunisienne d'Amnesty International et la représentation de la Fédération Internationale des Droits de l'Homme, la conférence a pour finalité d'attirer l'attention sur cette campagne menées par des partis politiques islamistes. En plus des actions organisées dans les mosquées et sur le terrain, notamment dans les zones rurales, des publications déformant le contenu des articles 15 et 16 ont été publiées dans le numéro 107 du journal Al Fajr, celui du parti au pouvoir. « La campagne n'hésite pas à déformer le contenu du CEDAW, présentant celle-ci comme une voie pour la reconnaissance de « libre choix de l'orientation sexuelle », c'est-à-dire l'homosexualité, et la « liberté et la formation des adolescentes à l'utilisation des moyens de contraception », signalent les militantes féministes qui ont assuré la conférence de presse. Les conférencières s'insurgent contre cette démarche adoptée par des partis qui ont pour objectif de mettre en péril les droits de la femme tunisienne acquis depuis des décennies. « La campagne reproche aussi à la convention de garantir des droits acquis depuis 1956 dans le Code du Statut Personnel ou dans les réformes postérieures…On reproche notamment, à la Convention de « retirer le droit pour le mari de répudier sa femme et d'être obligé de passer par les tribunaux », expliquent les militantes des droits de la femme, lesquelles appellent à l'égalité entre l'homme et la femme et la garantie des droits économiques, sociaux, culturels de la gent féminine. Stratégie Mais comment s'explique cette démarche adoptée par les antiféministes ? Il s'agit d'une stratégie appliquée pour « instaurer un projet de société qui ne reconnaît pas les valeurs universelles des droits de l'Homme », expliquent les militantes. Cela a même été inscrit dans le dernier brouillon de la Constitution, où l'on ne reconnaît pas les principes et les valeurs universels des droits de l'Homme que lorsqu'ils sont compatibles avec notre spécificité culturelle. Pour mieux expliquer cette idée, les féministes précisent que « le brouillon de la Constitution qui fait- dans l'article 136- de l'islam la religion de l'Etat et fonde la constitution sur « les constantes de l'islam », telles que c'est mentionnées dans le préambule, fait de la Charia la source première de la législation à la lumière de laquelle tous les droits et libertés inscrits dans la Constitution devront être interprétés». «La Charia étant interprétation, et l'interprétation dominante étant une lecture littérale et patriarcale, la coalition appréhende une remise en cause des acquis des Tunisiennes», s'inquiètent les militantes des droits de la femme. Elles ajoutent par ailleurs que « le juge constitutionnel peut considérer que seuls les acquis conformes à la Charia seront maintenus alors que les autres devront être abrogés». Il importe dès lors de respecter la loi, d'autant plus que la Tunisie a déjà levé les réserves sur les articles de la CEDAW et qui ont été publiés au JORT en octobre 2011. Il ne reste ainsi que de les communiquer à l'ONU. Mais, ni Hamadi Jebali (chef du gouvernement sortant), ni Ali Larayedh, actuel Chef du gouvernement provisoire n'ont accepté d'accomplir ces procédures. Il s'agit là d'une violation du principe de la continuité de l'Etat, ce qui aiguise la crainte des femmes militantes pour l'égalité avec l'homme.