• Magots et magouilles dévoilés • «Quand les baleines dansent, les crevettes trinquent» Paru le 2 mai 2013, «Le vilain petit Qatar» des deux célèbres journalistes Nicolas Beau et Jacques-Marie Bourget, est en passe devenir un livre-phare. A même pas un mois de sa parution, ce livre-enquête défraie déjà la chronique et rafle les palmarès. «Le vilain petit Qatar, cet ami qui nous veut du mal» retourne le couteau dans la plaie et lève le voile sur un Emirat à la réputation équivoque. Le Qatar et les «révolutions» arabes Bientôt en Tunisie, ledit livre dévoile certaines zones d'ombre quant au rôle ambigu qu'a joué le Qatar durant ce que les Occidentaux se plaisent à appeler «Le Printemps arabe». Désireux de s'immiscer partout et d'occuper un poste-clé sur la scène internationale, ce petit Etat, à coups de manigances et de complots, a sorti le grand jeu mais discrètement, durant la mouvance sociopolitique que connaissent les pays touchés par le syndrome de la «révolution» tunisienne. Alors qu'il jouait au salvateur économique de la Tunisie postrévolutionnaire et n'arrêtait pas de saluer la bravoure du peuple tunisien, l'Etat qatari n'a pas hésité à condamner à 15 ans de prison un de ses poètes pour avoir critiqué le pouvoir en place et avoir loué les mérites des rébellions populaires dans les pays arabes en révolution. Le comble de la schizophrénie stratégique ! Nullement dupes, les Tunisiens ont, dès l'éclatement des évènements, compris le rôle conspirateur du Qatar, le taxant d'Etat corrompu et d'agent à la solde d'Israël. On voyait partout, durant les manifestations et les soulèvements qui accompagnent ce délicat processus démocratique, des drapeaux qataris brûlés, piétinés et des slogans pamphlétaires contre l'Emir du Qatar et de son épouse. Cerise sur le gâteau, le président de la République provisoire, Moncef Marzouki fait deux déclarations sarcastiques et humiliantes et pour l'Opposition et pour le peuple tunisien. En direct de la chaîne qatarie connue, désormais, pour sa ligne éditoriale non neutre, le président tunisien est allé jusqu'à menacer ses concitoyens de poursuites en justice et l'Opposition tunisienne de pendaison en cas de lèse-majesté contre le Qatar par les uns ou les autres. La réaction tunisienne ne s'est pas fait attendre : une grande campagne satirique a tourné en dérision l'Etat qatari, son Emir tant sacralisé par notre président, son passé et sa diplomatie à géométrie variable. Cette omniprésence dans les affaires tunisiennes irrite plus d'un depuis le début du pseudo Printemps arabe. Médiateur précieux des Etats-Unis et de l'Arabie Saoudite, le Qatar travaille d'abord pour ses intérêts. D'ailleurs, c'est ce qui explique la présence d'un quartier militaire américain au Qatar. L'Emirat étant proche du mouvement palestinien Hamas et de multiples mouvements islamistes se disant défenseurs de l'Islam, joue le rôle de médiateur entre ces derniers et les Etats-Unis. Dans son analyse, le chercheur et consultant en relations internationales, spécialisé sur la région du Moyen-Orien, David Rigoulet-Roze explique que «Pour éviter un nouveau 11-Septembre, les Etats-Unis sont convaincus qu'il faut qu'un processus de réformes soit engagé dans les pays arabes et que ce processus inclue les mouvements islamistes». Une boulimie d'investissements en France Sous les feux de la rampe, cette minuscule péninsule, jadis un simple gîte de pêcheurs de perles, est devenue en l'espace de quelques décennies un véritable rempart de dollars et un véritable intermédiaire stratégique servant les intérêts d'Etats ayant construit leur Histoire avec le sang afin de rester les premières forces mondiales. Cet activisme diplomatique de Doha est indéniablement accompagné d'une frénésie d'achats et d'investissements à l'étranger, Orient et Occident, rien ne lui échappe. Rien qu'en France, le capital qatari compte désormais : Paris Saint-Germain, lancement d'Al-Jazeera Sports, prise de participation dans Total et LVMH, premier actionnaire de Lagardère, acquisition du Carlton à Cannes et la liste est encore longue ! Des chiffres faramineux sont déclarés faisant de ce petit oasis le premier investisseur du monde. En 2012, on annonce 219 milliards de dollars de patrimoine international ! Avec un milliard d'investissement en Indonésie, 2 milliards de dollars dans le secteur minier au Soudan, obtention des studios de cinéma Miramax aux Etats-Unis, le Qatar a obtenu le privilège, en moins d'une année, d'organiser la Coupe du monde de football 2022. Un Emirat en passe de devenir le propriétaire du monde ! C'est dans cette optique que les deux journalistes d'investigation ont lancé leurs enquêtes. Objectif : comprendre les raisons qui poussent un tel petit Etat à vouloir posséder le monde. Dans ce livre-enquête, les deux journalistes, Nicolas Beau et Jacques-Marie Bourget critiquent acerbement la politique française, qui, à cause de la crise économique par laquelle passe la France, et toute l'Europe d'ailleurs, quémande le soutien financier du Qatar. Qualifié de «sérail», de «dragon» et de «champion des colloques sur la corruption», l'Emir et son clan sont disséqués à la loupe. Rien, ou presque, n'échappe aux regards guetteurs et inquisiteurs des deux journalistes français célèbres pour leurs écrits dénonciateurs des soubresauts politiques et des magouilles des intérêts orientaux. Ils rappellent que «ce bout de désert» ne saura jamais être le nouveau moteur de l'économie européenne, bien au contraire ! Un Etat qui «lave l'argent des dictateurs» ne peut se prétendre aucune vertu ni démocratie. En attendant l'arrivée en Tunisie, du fameux livre «Le vilain petit Qatar, cet ami qui nous veut du mal», prévue le 16 juin 2013, méditons sur l'amitié tuniso-qatarie... Et surtout sur ce qu'elle nous rapporte en rapport des valeurs de la Révolution.