Tout porte à croire que le compte à rebours a commencé pour le président égyptien. Lâché par les siens et seul face à son destin, Mohamed Morsi semble avoir épuisé toutes ses cartes, ne disposant plus que de la seule alternative pouvant éviter au pays un saut dans l'inconnu, celle de se plier à la volonté et aux revendications du peuple. Et le peuple exige son départ. Aura-t-il le courage de démissionner et d'annoncer une présidentielle anticipée ? Ou bien est-ce l'armée qui prendra les choses en main et imposera sa propre feuille de route ? Des questions qui trouveront leur réponse dans les heures qui viennent, mais c'est déjà les prémices d'une deuxième révolution en Egypte. Et cette fois c'est contre le premier président démocratiquement élu dans l'histoire de l'Egypte et premier civil à occuper cette fonction. Il peut toujours se prévaloir de la légitimité, sauf que ni lui, ni les Frères musulmans dont il est issu, ne peuvent oublier qu'ils ne sont pas face à une opposition hétéroclite, en panne de mobilisation de la foule, mais bien devant le peuple, seul détenteur de la légitimité, l'octroyant à qui il veut et la retirant quand il veut. Et on ne conçoit l'intervention de l'armée que dans cette seule optique. Le rapport des forces à planché vers le anti-Morsi, plus de 30 millions de citoyens réclamant son départ contre quelque centaines de milliers pour le soutenir. On parle d'un mouvement de contestation sans précédent et du premier désavœu infligé aux Frères musulmans depuis leur création en 1928. Un coup dur pour cette confrérie qui fait également preuve pour la première fois de son histoire d'impuissance à mobiliser les foules. Faute d'arguments ou parce que le peuple égyptien a sombré dans la désillusion ? Peut-être les deux, parce que les Frères musulmans n'ont pas tenu leurs promesses, pêché par trop d'arrogance, accaparant la Révolution à laquelle, ils n'ont pas participé pour leurs propres intérêts et pour imposer leur idéologie a une société dont les préoccupations sont essentiellement économiques et sociales.