• «La centrale syndicale va prendre en considération l'intérêt général du pays malgré la détérioration indéniable du pouvoir d'achat des salariés», souligne le secrétaire général adjoint chargé des finances et des affaires administratives, Bouali M'barki. Le gouvernement envisage de demander à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) de reporter les négociations salariales pour après 2014 afin de limiter les dépenses qui seront puisées dans le budget de l'Etat et d'alléger les pressions sur les entreprises privées. « Au regard de la conjoncture économique difficile que traverse le pays, le gouvernement sera contraint de contraindre le gouvernement à demander à l'UGTT de reporter les négociations sociales pour après 2014 », a déclaré Ridha Saïdi, ministre auprès du chef du gouvernement chargé des dossiers économiques. S'exprimant au cours d'une conférence de presse tenue au Palais du gouvernement à la Kasbah, M. Saïdi a également indiqué que «le report des négociations constitue un défi majeur pour le gouvernement et ne sera décidé qu'une fois le budget de l'Etat pour 2014 achevé et les équilibres financiers du pays préservés ». Le ministre a reconnu que l'économie tunisienne connaît actuellement d'importantes difficultés, estimant qu'«aucun gouvernement de compétences ou de technocrates ne pourrait faire sortir l'économie nationale de sa crise». Il a, par ailleurs, noté que de nombreuses entreprises publiques, notamment celles n'exerçant plus certaines de leurs activités dans le cadre de la sous-traitance et qui ont nécessité, selon lui, l'injection d'importantes ressources financières puisées dans le budget de l'Etat, pour les aider à résorber leur déficit. M. Saïdi a mis l'accent sur la nécessité d'agir dans le cadre d'une approche participative avec l'UGTT et l'Utica, la centrale patronale, qui ont présenté des solutions pour sortir de la crise actuelle. Equilibre Du côté de l'UGTT, on souligne que la question du report des négociations salariales n'a pas été encore débattue au niveau des instances dirigeantes de l'organisation. « Jusqu'ici le gouvernement n'a pas officiellement demandé le report des négociations salariales. Par conséquent, la question n'a pas été encore débattue au sein des instances de l'UGTT », précise le secrétaire général adjoint chargé des finances et des affaires administratives, Bouali M'barki. Et d'ajouter: «l'UGTT avait demandé début juillet dernier une réunion avec le gouvernement pour évoquer les moyens de nature à limiter les effets néfastes de la hausse des prix des produits de première nécessité sur le pouvoir d'achat des salariés. Entre temps, une crise politique consécutive à l'assassinat de Mohamed Brahmi s'est déclenchée, renvoyant cette question à une date ultérieure ». M. M'barki a fait savoir que la question sera débattue par la commission administrative de la centrale syndicale. «Cette instance va tenter de chercher un équilibre la situation économique du pays et la situation des salariés. En tout état de cause, la commission administrative va prendre en considération l'intérêt général du pays malgré la détérioration indéniable du pouvoir d'achat des salariés», souligne-t-il. Baisse Le gouvernement tunisien a revu, vendredi, à la baisse ses prévisions de croissance pour 2013. Le ministre du Développement et de la Coopération internationale, Lamine Doghri, a déclaré que l'exécutif vise désormais un taux de croissance de 3,6% en 2013, soit une baisse de 0,4 point de pourcentage par rapport à son objectif. Il s'agit en fait de la deuxième baisse de prévision cette année. Début 2013, le gouvernement tablait en effet sur une croissance de 4,5%. Selon les statistiques officielles, la Tunisie a connu une croissance de 3% au premier semestre 2013 et de 3,6% en 2012. Durant le premier semestre de l'année en cours, le déficit budgétaire a, par ailleurs, atteint 7,4%, soit une enveloppe de 5730 millions de dinars. Selon le ministre des Finances, Elyes Fakhfakh, ce déficit est structurel dans la mesure où il découle essentiellement des augmentations salariales accordées au cours des deux dernières années (3500 millions de dinars) et d'une augmentation des dépenses liées à la subvention de certains produits. Durant les deux dernières années, les dépenses de subvention ont atteint 4500 millions de dinars, dont 2000 millions de dinars ont été réservés à la subvention des carburants.