«Révolution voilée, volée puis violée ». Tel était l'un des slogans scandés par les nombreuses femmes, parmi les centaines de personnes dont des membres de médias écrits et audiovisuels, et d'associations féministes et de défense des droits de l'Homme en général, qui se sont mobilisées le 2 octobre dernier, devant le palais de Justice au boulevard Bab-Bénat, pour soutenir la cause de la jeune fille violée par des policiers, accusée également d'atteinte à la pudeur, qui était convoquée ce jour là par le juge d'instruction, pour y être entendue pour le délit dont elle est accusée. Par contre, hier, ce fut autour des policiers, arrêtés et inculpés depuis septembre 2012, de comparaître devant le tribunal de première instance de Tunis, pour répondre du délit de viol, sur la personne de Mériem ,victime, et en même temps accusée. L'affaire remonte au mois de septembre de l'année dernière, lorsque la jeune fille en question fut interpellée, alors qu'elle était dans une voiture en compagnie de son fiancé, dans un coin tranquille, aux environs des jardins de Carthage, à la banlieue nord de Tunis. C'est à partir de là que les versions de la victime, et de ses bourreaux divergent. Alors que les policiers déclarent avoir surpris la jeune fille avec son fiancé dans une attitude immorale, le couple en question s'accorde à dire qu'il a été malmené par les policiers en question. Le fiancé a précisé qu'au même moment où sa compagne a été conduite par les deux agents au véhicule de police, il a lui-même été retenu par le troisième agent qui tenta de le racketter. La jeune fille confirmera cette version en ajoutant qu'elle a été bel et bien violée par les deux agents en question. Il était donc tout à fait normal que le procureur procède à l'ouverture d'une enquête afin de connaître les tenants et les aboutissants de cette affaire où tout se mêle et s'enchevêtre, et les vérités se recoupent. Il y a pour le moment une première vérité qui est établie : la jeune fille a été bel et bien violée. Ce que rejettent énergiquement les policiers qui non seulement accusent le couple d'attentat à la pudeur et de complicité, mais se considèrent en outre en tant que victimes, par l'attitude outrageuse du couple à leur égard. Le tribunal avait ordonné, à la demande des avocats de la défense une expertise médicale de la jeune fille violée. Cependant le médecin chargé de ladite expertise n'a pas encore envoyé son rapport au tribunal. L'audience a été pour cette raison, renvoyée au 4 novembre 2013. Quid de l'accusation contre la victime ? Selon les avocats de Mériem, le juge d'instruction qui a procédé à l'interrogatoire de la jeune fille et de son fiancé, concernant leur accusation d'atteinte à la pudeur irait plutôt, selon les avocats de la défense, dans le sens du classement du dossier sans suite. Selon les mêmes avocats de la défense, la jeune fille serait dans un état psychologique très fragile, mais elle est quand même bien décidée à se battre. C'est une affaire qui dépasse sa personne, car elle concerne la condition féminine dans sa totalité, et l'intangibilité de tous les acquis concernant la liberté de la femme. Les observateurs, tant parmi les associations de défense de la cause féminine que celles de la défense des droits de l'Homme en général, s'accordent à dénoncer le harcèlement de certains agents police envers les femmes, devenu de plus en plus fréquent depuis l'arrivée d'Ennahdha au pouvoir. Ce que réfutent énergiquement les responsables au gouvernement, en parlant de cas isolés qui étaient même plus fréquents durant l'ancien régime. Ce sont les deux sons de cloches, ^permettant au juge de trancher dans le sens de l'équité, en son âme et conscience et en vertu de la loi.