L'audition de Taïeb Laâguili, membre de l'IRVA , hier, par le juge d'instruction près le tribunal de première instance de Tunis, est en rapport avec l'affaire de Walid Zarrouk, secrétaire général du syndicat des prisons, qui de son côté a été hier également, remis en liberté par le président du tribunal de première instance de Bizerte. En effet, les déclarations de l'un et l'autre de ces deux acteurs de la recherche de la vérité, sont comme deux droites parallèles qui se rencontrent sans jamais se recouper. Ils ont tous les deux, fait des déclarations fracassantes, et ont été tous les deux inquiétés, pour avoir osé briser le silence, acte considéré en lui-même comme fort louable, abstraction faite de la part de vérité, qui existerait ou ferait défaut dans leurs déclarations. Après tout la vérité est toujours relative, et corrélativement, je ne sais quel philosophe, ou homme politique français a dit un jour : «Le véritable monde intérieur est le véritable monde extérieur ». Alors que Walid Zarrouk déclare avoir été témoin de meurtres de citoyens tunisiens, Taieb Laâguili accuse le laxisme dans l'assassinat de Chokri Belaïd, de certains membres du parti Ennahdha, et des dirigeants au sein du ministère de l'Intérieur, en se basant sur des documents Il a fait ces déclarations en tant que porte-parole de l'IRVA, (Initiative pour la Recherche de la Vérité sur l'Assassinat de Chokri Bélaïd). Cette association est créée le 25 avril 2013, afin de procéder à recueillir tous les éléments utiles à dévoiler la vérité sur cet assassinat, qui est un crime politique, le premier dans son genre depuis la Révolution, et qui rappelle le meurtre de Farhat Hached, durant la période coloniale, et les meurtres des yousséfistes, à l'aube de l'indépendance ( tueries de Sabat Edhlam) suite au conflit entre les deux leaders Bourguiba et Ben Youssef. Réactions mitigées Alors que les membres du parti Ennahdha réagissent en qualifiant ces déclarations de calomnieuses, le ministère de l'Intérieur, suspend quatre fonctionnaires pour fuite de documents. Le ministre des droits de l'Homme a nié tout rapport avec le meurtre de Chokri Belaïd, pour la bonne raison qu'il n'a jamais eu de rapports directs ou indirects avec Abdelkrim Belhaj. Le doyen et professeur de droit public, Yadh Ben Achour, a pour sa part affirmé que les révélations de Taïeb Laâguili, auront pour effet de retarder le dialogue national, l'une des parties à ce dialogue étant impliquée dans lesdits crimes politiques. Pour d'autres membres de la composante de la société civile, les déclarations de Laâguili manquent de preuves. En réalité, c'est plus par un souci de se disculper, que ces intervenants cherchent à minimiser ou battre en brèche les déclarations de Taïeb Laâguili, ou de Walid Zarrouk. Le citoyen n'a pas d'autres considérations que la connaissance de la vérité. Les raisons partisanes ou politiques étant pour lui tout à fait secondaires. Il est indubitable que cette conjoncture de dérive sécuritaire, aboutit à une situation de non droit, en vertu de laquelle, le vrai coupable est laissé en liberté, ce qui constitue une grave menace pour la paix publique. Investigations judiciaires Dans la présente affaire , Taïeb Laâguili a été convoqué pour être auditionné non pas à propos des déclarations qu'il a faites, mais suite à celles de Maher Zid, journaliste d'investigation , lequel, a affirmé, à l'occasion de son passage à une chaîne télévisée de la place, que Taëb Laâguili a des enregistrements d'une importance capitale, de la part de Walid Zarrouk, le responsable du syndicat des prisons précité. Taïeb Laâguili, qui a été convoqué par le juge d'instruction, pour être auditionné à ce sujet, a nié avoir eu le moindre enregistrement de Walid Zarrouk. Le juge d'instruction continuera bien ses investigations, pour la connaissance de la vérité. En attendant, parler, dénoncer, est le meilleur moyen de parvenir à la vérité. Thomas Hobbes affirme à juste titre dans ce sens : « Vrai et faux sont des attributs de la parole et non des choses. Là où n'est point de parole , il n'y a ni vérité ni fausseté » !