Cela devient une habitude. Une fois de plus, les économistes du Fonds Monétaire International (FMI) ont revu à la baisse leurs prévisions de croissance mondiale. Ainsi, le Produit Intérieur Brut (PIB) ne croîtrait que de 3,3 % cette année (0,1 % de moins qu'espéré en juillet dernier) avant de rebondir légèrement à 3,8 % l'an prochain (0,2%). La zone euro, principalement, est à l'origine de cette nouvelle déconvenue. Car, aux Etats-Unis, les économistes du Fonds ont relevé leurs pronostics. Le PIB de la première économie mondiale devrait croître de 2,2 % (un demi point de plus par rapport aux estimations de juillet dernier) puis de 3,1% en 2015. La croissance américaine rebondit mais reste sous son potentiel « Après une baisse d'activité au premier trimestre de cette année, l'économie américaine rebondit. La croissance annualisée a atteint 4,2 % au second trimestre. L'amélioration du secteur immobilier, l'investissement non résidentiel plus élevé et de forts gains salariaux suggèrent que la reprise devient plus durable », écrivent les économistes de l'institution multilatérale. Aux environs de 3 %, la croissance devrait rester au-dessus de son potentiel pour le reste de l'année et en 2015 . L'amélioration du marché de l'emploi, une meilleure situation financière des ménages, des conditions financières favorables et un marché immobilier plus sain sont les raisons sous-jacentes de l'amélioration conjoncturelle américaine. Un bémol toutefois : au regard de la politique économique actuelle, la croissance potentielle n'excède pas 2%, handicapée par une population vieillissante et une croissance de la productivité plus faible par rapport aux décennies qui ont précédé. Le FMI n'en appelle pas moins la Réserve fédérale à la prudence dans ses décisions afin d'éviter des soubresauts financiers que pourrait occasionner une sortie trop rapide du caractère accommodant de sa politique monétaire. Le Fonds appelle aussi à la mise en place d'une politique de consolidation budgétaire. L'Europe toujours poussive Rien de tel en Europe où la croissance est toujours faible dans la zone euro. Le FMI prédit une hausse de seulement 0,8% du PIB de la zone cette année, soit 0,3% de moins qu'espéré cet été. Pour 2015, la zone est créditée de 1,3%. Pour la France, les chiffres s'inscrivent respectivement à 0,4 % et 1% (contre 0,7% et 1,4% initialement), tandis que l'Allemagne se voit octroyer 1,4 % et 1,5 %. Les situations diffèrent selon les pays entre une Italie en récession et une Espagne où la reprise se fait jour. Le rebond est inégal. Globalement, « la production et l'investissement restent en deçà des niveaux d'avant crise ; malgré des efforts sur le plan des réformes, de nombreux obstacles persistent en ce qui concerne la productivité et la compétitivité ; le système financier reste fragmenté et les entreprises font face à des contraintes de crédit dans les économies affaiblies », regrette le FMI. Pas d'amélioration pour l'inflation européenne A cela s'ajoute un environnement inflationniste trop faible qui pourrait, à terme, se transformer en déflation. Le risque n'est pas négligeable puisque le FMI évalue à 30 % la probabilité d'occurrence. De même évalue-t-il le risque d'une récession entre 35 et 40 % pour la zone. Le Fonds n'attend guère d'amélioration sur le front des prix à la consommation avant 2019. Le taux d'inflation devrait rester en dessous de l'objectif de la Banque Centrale Européenne (BCE) de 2%. Si d'aventure les perspectives inflationnistes ne s'améliorent pas, la BCE, dont les récentes mesures (abaissement des taux à 0,05%, refinancement à long terme des banques, programme d'achat de titres privés...) ont été applaudies par le FMI, « devrait faire plus y compris l'achat d'emprunts d'Etat ». Des risques de dégradation L'environnement reste donc guère porteur et pourrait même se dégrader un peu plus avance le FMI en se référant à la situation diplomatique internationale (crise Ukrainienne, crise au Moyen Orient...). « Compte tenu de ces risques accru, l'augmentation de la croissance potentielle actuelle et future doit rester une priorité (...). Dans un certain nombre d'économies avancées, une hausse des investissements publics dans les infrastructures pourrait soutenir la demande à court terme et accroitre, à moyen terme, la croissance potentielle ». Et sur ce plan précis, l'Allemagne dispose d'une marge de manœuvre certaine souligne l'institution multilatérale. Pas sûr qu'il soit entendu.