Le délai de grâce touche à sa fin et bientôt, c'est l'heure du bilan et de l'évaluation pour le gouvernement Essid. Les promesses de la campagne électorale, ou quelques unes d'entre elles ont-elles été tenues ? Si l'opinion publique, a en croire les sondages, continue d'accorder le préjugé favorable au gouvernement, que diraient les observateurs sur les chances de réussite en commençant par ce qui a été réalisé et ce qui attend toujours d'être concrétisé. Un universitaire et un politicien répondent aux questions du Temps. Mustapha Tlili (Universitaire) «Le Gouvernement doit renouer le dialogue avec la société civile» La première remarque c'est que les Tunisiens s'attendent à une autre manière de gérer les affaires publiques et de communiquer avec l'opinion publique. Malheureusement on remarque d'une manière claire, une certaine passivité face aux grands problèmes que doit affronter la Tunisie que ce soit la persistance du danger terroriste, les attentes des jeunes - surtout les jeunes chômeurs – et le démarrage d'une politique de développement dans les régions qui souffrent de marginalisation. Le discours gouvernementale manque, plus ou moins, de franchise et n'accorde pas beaucoup d'importance à la nécessité d'une grande mobilisation nationale face aux défis. Ce qui manque, à mon avis, dans la communication gouvernementale, c'est l'appel à la responsabilisation des citoyens tunisiens et la considération du partenariat avec la société civile et en particulier les syndicats des travailleurs et du patronat. L'Union de toutes les forces patriotiques Ce qui devrait être mis en relief, c'est la nécessité de l'Union des toutes les forces patriotiques pour le projet national, en réalisant une action nationale efficace pour affronter les véritables problèmes. En effet, ce combat est identique au combat qu'ont mené, nos grands pères et pères contre la colonisation française pour la réalisation de la première étape du projet national, c'est-à-dire l'indépendance et la mise en place des institutions d'un Etat national. Le slogan qui est toujours à l'ordre du jour : « La patrie en danger... et le projet national a besoin d'un second souffle ». Une certaine mollesse, un manque de franchise et un déficit d'audace, caractérisent - plus au moins – le travail du gouvernement. Je trouve qu'il est du devoir du gouvernement de renouer le dialogue et d'impliquer un peu plus, la société civile... Abderrazak Hammami (Politicien) : «Les promesses doivent être respectées» Abderrazak Hammami, Leader du Parti du Travail Patriotique et Démocratique, est assez réservé. Il comprend ce qu'impose une réalité dynamique et complexe. Il déclare au Temps : «La lutte contre le terrorisme a connu un virage positif. La dernière opération est très édifiantes, même si les crimes terroristes se poursuivent. C'est un élément principal qui a incité à une nouvelle hiérarchie des priorités dans le pays. L'étape actuelle, a connu des propositions politiques nouvelles dont l'unité des Tunisiens dans la guerre contre le terrorisme et ses implications... Une polémique a accompagné cet appel à l'unité. Un autre appel est mis à la disposition des acteurs politiques, celui de la réconciliation pour faire face aux dangers qu'affronte la Tunisie. Ces considérations font que l'examen du travail du Gouvernement actuel, se fasse d'une manière nouvelle totalement différente du bilan et de l'évaluation habituels qui étaient dominants auparavant. Il faut reconnaître que ce Gouvernement ne manque pas d'énergie et de tentatives pour répondre à plusieurs attentes des Tunisiens » Toutefois, ajoute notre interlocuteur, « nous sommes encore loin de la réalisation des promesses. Celles-ci doivent être respectées, sinon la crédibilité sera atteinte, et le niveau de confiance demandée baissera, dans cette situation exceptionnelle ».