Très attendu, José James est l'une des stars de cette onzième édition de Jazz à Carthage. Au programme de la soirée de jeudi dernier, le chanteur américain et son groupe auront su convaincre même les plus sceptiques avec une présence scénique remarquable et des moments de grande émotion. Ce sont les trois musiciens de l'orchestre qui ont lancé le concert sur un beat endiablé. Quelques minutes plus tard, José James faisait son apparition en lunettes noires et blouson de cuir pour chanter un très entrainant "It's all over" suivi d'un tout aussi trépidant "Far away". Rap, R'n'B et jazz de toutes les fusions Très vite, le band qui évoluait entre jazz et ryfhm'n'blues allait prendre les choses en main et donner à une salle en effervescence les singles que tout le monde attendait, surtout "Trouble", une superbe composition à la fois mélodique et toute en ruptures. José James rendit ensuite un hommage musical à celui qu'il qualifia de "meilleur compositeur américain", l'excellent Bill Withers dont il interpréta trois standards en medley parmi lesquels le fameux "Ain't no sunshine". Libéré, James chantait Withers en donnant toute la mesure de son talent et démontrant sa capacité à faire du rap à partir de chansons très connues qu'il transfigurait par son style vocal. Un grand moment qui a fait bondir la salle qui réunissait un public des grands jours. Avec les extraits de son premier album "Dreamer", James commença à donner toute la mesure de son talent, porté par un batteur impérial et un bassiste qui jouait aussi un rôle de choriste. Conquis, le public répondait présent et l'artiste, complice, offrait en première mondiale un morceau très récent qui vient d'être enregistré à Los Angeles et était joué pour la première fois devant le public. Un geste d'autant plus apprécié que José James avait souligné modestement qu'il se pourrait que le groupe hésite un peu dans l'interprétation de ce morceau. Bel hommage à Bill Withers Au contraire, ce fut un moment parfait, d'une grande intensité et, en quelque sorte, le point culminant d'un concert qui a pris des accents de rap décalé dont le public était très friand. Au final, le pianiste du groupe a atteint des sommets avec en appui de ses solos, la rythmique puissante, clé de voûte du succès de cette formation inclassable. Par moments, virevoltant et hiératique, José James pouvait être confondu avec Terence Trent d'Arby ou Prince. Sur d'autres morceaux, il faisait naître l'illusion d'un Al Jarreau ou d'un Bruce Hornsby. Et parfois, c'était la silhouette et le tempo de 50 Cents qui s'imposaient. Talentueux caméléon, José James est bel et bien une bête de scène, le porteur d'une énergie aux cent millions de volts et aussi l'héritier de plusieurs traditions musicales. Un concert mémorable avec une synergie remarquable entre des artistes qui ont tout donné et un public en or qui a su les porter au summum d'un festival qui entame sa dernière ligne droite. On en redemande!