Les médias, quatrième pouvoir, sont-ils capables en Tunisie de faire réussir la révolution du 14 janvier ou, plutôt, de la faire avorter? C'est la question autour de laquelle ont tourné les différentes interventions lors de la conférence du 14 mai 2011 organisée par le Forum Averroès Maghreb Tunisie et le Forum NOU-R (Nouvelle République) et portant sur le thème: «Le Rôle des médias dans la période de transition en Tunisie». Y ont participé des universitaires, experts à l'Institut de presse et des sciences de l'information, journalistes, juristes et correspondants basés en Tunisie.
Sur «Les médias avant et après le 14 Janvier: étude comparative en chiffre», a porté l'intervention de M. Hassan Zargouni, Président de la commission économique NOU-R et Directeur général de SIGMA Conseil. Il a traité de l'audience de la télévision, de l'écoute de la radio et du financement des médias (le marché publicitaire) avant et après la révolution ainsi que de la présence des partis politiques dans les médias tunisiens. Sur la période allant du 24 avril jusqu'au 10 mai 2011 et en termes du temps de passage des partis dans les médias tunisiens, il en ressort suivant SIGMA Conseil que le Mouvement Ennahdha a été le parti le plus présent à la télévision et dans la presse (voir les détails dans les tableaux ci-dessous). S'agissant de l'intervention de M. Arbi Azzouz, Expert en études et sondages, qui a porté sur une analyse sur le réseau social Facebook en Tunisie, et en présentant une analyse des langages utilisés par les Facebookers, M. Azzouz a mis l'accent sur la nécessité d'une culture Facebook. Par ailleurs, sur une liste des 10 premiers chefs politiques ayant le plus de fans sur Facebook, Rached El Ghannouchi occupe la première place avec 120 225 fans, suivi de Ahmad Néjib Chebbi avec 24 691 fans et Moncef Marzouki avec 13 120 fans, selon M. Azzouz, et sur une liste des 10 premiers partis politiques ayant le plus de fans sur ce même réseau social, le Mouvement Ennahdha occupe la première place avec 42 336 fans, suivi de l'Initiative avec 15 057 fans et du Congrès pour la république avec 14 064 fans. Des questions se posent quant à ce réseau social, à son rôle et à son devenir. Et c'est ainsi que M. Arbi Azzouz s'est arrêté lors de son intervention sur certaines: les réseaux sociaux font-ils partie du quatrième pouvoir ou plutôt forment-ils un pouvoir à part, que nous pourrions qualifier de «cinquième pouvoir», qui fait tomber les régimes, arrêter les politiques nationales et orienter positivement et négativement les opinions publiques? Les institutions de sondages d'opinion et, peut-être même, l'institution électorale traditionnelle vont-elles perdre leurs rôles au profit de Facebook? Le temps est-il venu pour l'établissement du village électronique mondial où ceux que nous appelons «les maîtres du monde» en tiennent les clefs et dans lequel tout le monde se réunit sur une seule arène et reçoive les ordres de l'obéissance et de la discipline?… «Les conflits politique et intellectuel ternes et, parfois, naïfs, que nous vivons actuellement entre les composants de la société politique tunisienne ne présagent pas que nous avons atteint le degré de maturité qui nous permet de traiter les vents effrénées de la mondialisation avec l'intelligence et la bonne gestion requises» a fait remarquer M. Arbi Azzouz.
Une transition démocratique importante en Tunisie à bien d'égards que les médias peuvent faire réussir. Ont-ils le potentiel requis ? Ont-ils vraiment un pouvoir? Sont-ils conscients de leur rôle dans cette période historique de la Tunisie ? Et en feront-ils le bon usage? C'est ce qu'il reste à savoir.
Temps de passage des partis à la télévision tunisienne par chaine en secondes Top 20 des partis en termes de nombre d'articles parus dans la presse tunisienne