On s'attendait à une production prolifique et à une présence volubile et prolixe. Les impairs de l'administration tunisienne ont une nouvelle fois gâché la fête. La participation de la Tunisie, invité d'honneur du Salon du livre à Genève, ne s'est pas propulsée à la hauteur des espérances. La 30ème édition du Salon du livre et de la presse de Genève se tenait cette année du 27 avril au 01 mai 2016 à Palexpo avec comme invité d'honneur la Tunisie. Soulevée quelques années plus tôt par l'élan du jeunesse voulant renverser l'ordre des choses, la Tunisie s'est accordée le temps de choisir le meilleur parti de la révolution: la création. L'essentiel de l'invitation de Genève résidait en cela. La Tunisie participait au Salon du livre de Genève avec sa révolution. « Les révélations de la révolution: tel était le principal thème de la participation tunisienne. Patatras, « ceux s'attendant à une présentation inédite des productions éditoriales tunisiennes des cinq dernières années » ont été pris de court. La Tunisie n'avait aucun éditeur sur place! la sentence n'a pas tardé à tomber. Cité par le site « Swiss info », Elisabeth Daldoul des éditions E Iyzad a indiqué avoir souhaité voir « une vitrine de l'édition tunisienne plus diversifiée, plus riche, ce qu'elle est vraiment ». Sur les 650 m2 réservés à la Tunisie, seuls 100 m2 étaient remplis notamment par des institutions dépendant du ministère de la Culture d'où le mécontentement des éditeurs privés tunisiens. « En Tunisie, l'Etat est le plus gros éditeur et il concurrence le secteur privé. Il existe une petite dizaine d'agences dépendantes du ministère de la Culture qui publient des livres sur le budget du ministère et sans obligations de résultats. Ces livres ne sont pratiquement jamais mis sur le marché et ne respectent aucune norme », affirme celui qui a boycotté le salon. Pour Mohamed Saleh Maalej, président de l'Union des Editeurs Tunisiens (UET), aucun éditeur n'a été exclu et l'information a été diffusée à large échelle. De quoi renvoyer dos à dos les deux parties et se rejeter mutuellement la faute. Néanmoins, même brouillonne, la Tunisie a pu bénéficier d'une publicité comme en juge le blogueur Slim Amamou, résident en Suisse. A Swiss info, le blogueur estime qu'il ne faut pas exagérer cette polémique. « Ce n'est pas grave que tous les éditeurs ne soient pas présents. Le ministère de la culture a décidé de montrer d'autres types de culture. C'est une stratégie intéressante puisqu'il s'agit de promouvoir la Tunisie et en second lieu les livres. Dans ces temps difficiles où l'image de la Tunisie a été écorchée par plusieurs attentats terroristes, ce stand est bien conçu. Mais il faudra faire un débriefing pour voir ce qui a réussi ou pas« , soutient-il. Un fiasco adouci par les bourdes habituelles de l'administration à qui l'on ne peut plus tenir rigueur!