Le délégué de Dhehiba, relevant de Tataouine, au sud tunisien, sur la ligne de démarcation avec la Libye, a annoncé que l'armée nationale allait organiser ce jeudi 23 juin, une campagne de recrutement au sein de ses rangs, orientée vers les jeunes chômeurs de Remada et Dhehiba. Si Monsieur le délégué semblait bien fier de lui, en annonçant cette mesure exceptionnelle, qu'il aura su « arracher » au profit des jeunes désœuvrés de sa région, et quitte à lui mettre un sérieux bémol à son enthousiasme, il s'agit, tout de même, de rappeler que l'armée nationale n'est pas la « foire aux jobs », de même que le ministère de la défense nationale ne pourrait être celui du travail. Car la situation du pays est critique, et la sécurité de l'Etat est, de loin, prioritaire, par rapport au problème du chômage. D'autant plus, qu'on ne parle, là, que de quelques postes à pourvoir, et qui pourraient ne pas être dénués de risque. Car le fait de faire des annonces en grande fanfare, va drainer tous les jeunes chômeurs de la région, si toutefois ils seraient prêts à laisser tomber leur créneau habituel de contrebande, pour un salaire de soldat. Et il sera d'autant plus difficile de refuser le recrutement à quiconque, sans soulever des protestations et un mécontentement qui seront difficiles à gérer, et qui risquent de déstabiliser, encore une fois, la zone. Or, le problème, c'est qu'il va bien falloir en refuser des candidats. Puisqu'il ne s'agira nullement, pour faire plaisir à Monsieur le délégué, de recruter des jeunes qui seraient suspects d'avoir certaines « affinités » avec les terroristes islamistes de l'autre côté des frontières, comme il ne serait pas possible de recruter des individus connus pour avoir tenté, par le passé, de rejoindre les camps des miliciens armés en Libye, ou pour avoir des membres de leurs familles qui évoluent, déjà, dans ces camps de terroristes. La sélection des candidats va être, dans cette mesure, assez ardue, et l'annonce faite par le délégué de la région n'est nullement de nature à faciliter la tâche de la commission de tri. Mais, quitte à décevoir Monsieur le délégué de Dhehiba, il sera, certainement, hors de question de laisser infiltrer notre corps de l'armée par des éléments « suspects », et leur fournir la formation et les armes dont certains ont tant rêvé.