TUNIS, 13 jan 2010 (TAP) - C'est pour un voyage à Grenade aux yeux de ceux qui y ont vécu au 14ème siècle tels que Ibn Al Khatib et à travers notamment «les trois rivières» ou encore le célèbre chant profond «le cante jondo» du poète des gitans, Fédérico Garcia Lorca, que l'artiste-créatrice tunisienne Sonia Mbarek invitera son public le 19 janvier au théâtre municipal de Tunis. A 19H00 avec «les racines arabes de Lorca». Lors d'une conférence de presse donnée mercredi à l'ambassade d'Espagne à Tunis, l'ambassadeur d'Espagne M. Juan Ramon Martinez Salazar, a tenu à souligner que ce concert artistique et poétique qui est la première activité culturelle organisée à Tunis dans le cadre de la présidence espagnole de l'Union européenne, est un symbole du rapprochement entre les cultures tunisienne et espagnole par le biais de Lorca. Les textes en arabe de Lorca, sont pour la première fois interprétés par une voix arabe Pour Sonia Mbarek, ce concert qui durera une heure et demie, est une première car c'est pour la première fois que des textes de Lorca sont interprétés par une voix arabe. «Pour moi, ce concert s'inscrit dans la continuité de l'ouverture vers les musiques méditerranéennes et les poètes de la Méditerranée et une manière de jeter les ponts entre la culture tunisienne et celle de Lorca qui a toujours revendiqué son appartenance à l'Andalousie orientale» s'exprime-t-elle. Puisant dans l'héritage andalou et convaincue de l'universalité de la musique en général et de la chanson en particulier, Sonia Mbarek tente, à travers cet hommage de revisiter l'œuvre de Lorca et de valoriser son amour illimité pour la Grenade, présent dans la poésie de toute une génération de poètes modernistes arabes contemporains. Dans une texture orientale qui nous mènera vers l'univers de Lorca, elle chantera dans un premier topo, des poèmes d'Ibn El Kathib, Nizar Khabbani et Abdelaziz Kacem. Les poèmes (chantés en arabe) qui ont été choisis par Fraj Chouchane et Abdelaziz Kacem, englobent également le «chant funèbre» d'Ignacio Mejias d'après une musique de Taher Guizani et «les trois rivières» d'après une musique de Sonia Mbarek avant de continuer avec «le cante jondo» ce chant profond d'origine populaire qui est devenu avec Lorca un genre poétique reconnu. Le troisième volet sera consacré aux chants populaires que Sonia interprétera en espagnol tels que «Nana de Sévilla», «En el café Chnitas» et «Sévillanas del siglo» (XVIIIème siècle). Les deux premières minutes avant la montée sur scène de Sonia Mbarek seront réservées à Carlos Varona, de l'institut Cervantes, qui va lire un poème sur la mort de Lorca en 1936 à Grenade, sa bien aimée. Aboutir à une création qui nous ressemble mais qui ressemble aussi à Lorca Compagne du «cante jondo», la guitare qui occupe une place privilégiée chez Garcia, sera présente avec le guitariste Manuel Delgado Martinez. Mais dans cette lecture tunisienne d'aujourd'hui, Sonia Mbarek sera présente avec son «takht» pour aboutir dit-elle «à une création artistique qui nous ressemble mais qui ressemble aussi à Lorca, cet Homme pluriel et multiple». En relisant Lorca, épris de la littérature et de la poésie arabe classique, l'artiste explique d'ailleurs qu'à travers cette création artistique, elle cherche d'atteindre de nouvelles voix d'interprétation pour sa propre voix. S'inscrivant dans une démarche de création, d'échange et d'ouverture sur la Méditerranée, qu'elle avait entamée dès son plus jeune âge, Sonia Mbbarek qui s'est déclarée à maintes occasion, comme une citoyenne du monde, a entamé cette expérience au centre culturel international de Hammamet en 1990 avec son concert «Musiques sans frontières» puis en 2006 au festival international de Carthage dans «Voyage en Méditerranée» puis en en 2008 lors de la clôture de l'année nationale de la traduction avec «maquamet».